Yu Jan tapotait tranquillement des doigts sur le bureau tandis qu’il écoutait le prof leur expliquer il ne savait quelle théorie économique qu’il avait déjà vue plusieurs fois au long de ses études. Il fallait le dire, le jeune homme était suffisamment intelligent pour s’ennuyer profondément à l’université. Il l’avait compris seul l’expérience lui permettrait réellement de faire ce que l’on attendait de lui. Mais son père voulait encore que son aîné étudie la communication après la finance avant de le lancer dans l’entreprise familiale. Bien. Puisque c’était ce que désirait le paternel, Yu Jan obéirait. Il en avait toujours été ainsi. Parce qu’il savait se fier à l’expérience et à la maturité de son père. Comme celle de sa mère. Mais l’habitude étouffante d’être un héritier avait finalement, peu à peu, ternit les sentiments du garçon vis-à-vis de ses parents. Oh, il les aimait. A sa manière certes, mais il les aimait tout de même. Avec une distance étrange dans son cœur qu’il n’arrivait plus à réduire. Il avait grandi en ayant accès à tout ce qu’il voulait, il lui suffisait de demander ou d’en parler pour que ce qu’il désire lui soit apporté sur un plateau d’argent. Sans aucune gêne, il sortit son téléphone portable en plein milieu du cours pour regarder s’il avait des messages. Pleins. Il en sauta plus de la moitié pour aller voir celui que son petit-frère lui avait envoyé. Ce dernier lui proposait une soirée et avec un grand sourire, il lui dit que c’était ok mais qu’il avait intérêt à venir le chercher parce que sinon, il ne bougerait pas son cul. La sonnerie annonça finalement la fin du cours et presque immédiatement, il se mit à prendre un selfie. Le nombre de ces photos qu’il prenait par jour dépassait un nombre incalculable. Superficiel, oui on pouvait le dire. Mais superficiel parce qu’il pouvait se le permettre. Il attira l’un de ses pseudos-amis dans la photo avant de la poster sur instagram. Entre temps, ils étaient sortis et le regard de Yu Jan dériva sur une silhouette féminine qu’il connaissait mais se contentait d’observer de loin. Park Bo Ra, sa demi-sœur. Cela ne se savait pas. Elle était un secret bien gardé. Là encore, Yu Jan ne savait pas comment faire comprendre à cette demoiselle qu’il tenait à elle. Il ne savait pas comment l’approcher, comment se comporter avec elle. Ils avaient pourtant été proches dans l’enfance. Mais, en grandissant, Yu Jan s’était éloigné sans même s’en rendre compte. Alors, depuis quelques années, il se contentait de lui envoyer de l’argent. L’argent c’était l’histoire de sa vie, passée, présente et future. Il ne pouvait pas s’en défaire, ne pouvait pas l’écarter. L’empire Im représentait tout ce à quoi il était supposé aspirer. Yu Jan n’était pas certains de vouloir réellement diriger tout cela mais… on lui avait toujours dit que c’était son rôle, qu’il devrait le faire, qu’il était parfait pour le faire. Et on ne lui avait jamais laissé l’espace nécessaire pour qu’il puisse réfléchir à la véracité de tous ces propos. Il avait juste fait avec, continué ainsi. Il avait grandi, exposait sa vie aux yeux de tous sans qu’il n’y ait une once de véracité sur ce qu’il ressentait. Il se perdait en conjecture, se perdait dans la fête et la poudre de rêve. Comme une marionnette dont on actionnait les fils au fur et à mesure du temps. Yu Jan le sait, il peut encore s’amuser pendant quelques années. Après, il ne devra plus être que sérieux et discipline. Finit les états d’âmes, on lui trouvera une femme de bonne famille à épouse, il fera des enfants et dirigera l’entreprise familiale. Et cet avenir, il le regarde d’un œil morne et résigné. Ce n’est pas comme si il avait le choix, non ?

Pour comprendre la vie de Yu Jan, il faudrait regarder l'agenda et la composition familiale. Yu Jan a toujours concentré tous les espoirs de sa mère, cette dernière s'est entièrement dédiée à ses deux fils qu'elle aime comme la prunelle de ses yeux. Mais, c'est sur Yu Jan qu'elle a fondée l'image qu'elle se faisait de la suite de la dynastie Im. Elle n'a pas eux les mêmes attentes pour son cadet et pour son aîné. Yu Jan n'en a pour autant jamais été jaloux puisque son frère et lui sont comme les deux doigts de la main. L'enfance de Yu Jan a donc été rythmé par les professeurs particuliers de musique et de sport, ainsi que les écoles privées. Entre l'âge de 8 et 11 ans, il a été envoyé aux U.S. dans un internat pour qu'il puisse parfaire son anglais. Après cela, en dehors des voyages familiaux qu'il pouvait faire avec sa mère et son frère, il n'a plus quitté la Corée. Entre dîner mondain et adolescence dorée dont les secrets seront bien gardé, il a fait de son mieux pour répondre à tout ce qu'on lui demandait. Et il a toujours été à la hauteur, quitte à souffrir, quitte à s'enterrer sous le travail. Sans son jeune frère pour le sortir et le soutenir, il aurait probablement eux beaucoup de mal à ne pas sombrer en dépression. Il ferait tout pour son petit-frère. Tout. Même si parfois il aimerait que ce dernier se calme un peu. De ses 18 à 19 ans, sa mère a insisté pour qu'il soit bénévole pour une association et, Yu Jan a décidé d'être bénévole pour des enfants malade à l'hôpital. C'est quelque chose qu'il a continué après les un ans demandé par sa mère. Cela lui fait du bien. Il ne le fait plus aussi ouvertement, mais il continue et il ne sait pas expliquer pourquoi.
Il rentre dans sa dernière année d'un cursus financier mais, son père a décidé qu'il continuerait avec quelques années de communication même si Yu Jan n'est pas sûr d'en avoir besoin. Mais, il n'est pas le genre à discuter après tout.