Puisque toute histoire tragique qui se respecte commence avec un peu d'ironie, notez que Chim peut avoir deux significations : crachat et aiguille. Pure coïncidence ou farce de la vie, il s'agit d'un duo que Sae connaît bien, d'un duo avec lequel il a régulièrement flirté, d'un duo qui l'a provoqué, et d'un duo auquel il s'est accoutumé.

* * *

Un jour, Sae rencontre sa salle de bains, son miroir et son reflet :
“Il était une fois un garçon qui avait la jeunesse, qui avait la beauté, qui avait l'amour, qui avait un sourire parfait et un esprit dérangé.
Dieu savait qu'il irait loin, et le Diable a tout fait pour lui donner raison.
Ce garçon est allé tellement loin, qu'il a fini par revenir au point de départ.”

Il est trop beau pour être réel, mais trop triste pour n'être qu'un mirage.
“Le garçon était né sur une petite île à l'écart de tout, protégée, pure, belle et sauvage – exactement comme lui. Mais petit à petit, il s'est lassé de son carré de jardin et de sa vue sur la plage, alors il a décidé de découvrir le reste, de découvrir les autres. Il a rencontré tellement d'anges qu'il a cru en être un aussi, et c'est pour cela qu'il en est venu à la conclusion que s'intéresser aux démons ne pourrait pas l'affecter. Il avait tort.”

Il n'y a plus que Sae, la baignoire et le robinet :
“Un problème
et trop de mauvaises solutions.
Une curiosité massive
et des gens trop cruels.
Un joli minois
et trop de prédateurs.
Des bras maigres
et des seringues trop grosses.
Des addictions rapides
et trop de dépendances.
Des dettes lourdes
et de l'argent trop facile.
Une BM neuve
et trop de moteurs puissants.
Un accident
et des lumières trop vives.
Une bouteille
et trop de verres immenses.
De petits verres
et des cachets trop lents.
Des bouts de verre
et beaucoup trop de sang.
Des promesses
et des serments trop contraignants.”

C'est trop froid pour être un rayon de soleil, mais trop dense pour être un courant d'air.
“Quand il aime, il aime de tout son cœur, mais c'est un véritable désastre. Sans doute parce qu'il paraîtrait que, son cœur, il l'a perdu au détour d'une ruelle sombre...”

Les tiroirs s'ouvrent et lui arrachent le cerveau :
“Il demande très souvent pardon. Oui, c'est vrai, il est désolé. Désolé de quoi ? Il n'en sait rien, il ne sait plus, il ne veut pas savoir. Désolé de l'avoir fait exprès peut-être, ou désolé d'être là, sans doute.
Un jour, on reconnaît qu'il est excellent pour présenter ses excuses, mais on lui dit surtout qu'il ferait mieux d'être excellent pour ne pas avoir à les faire. Et on le laisse.
Avant que tout ne s'écroule, une porte a le temps de claquer, une paupière a le temps de battre, et une larme a le temps de couler. Et puis, tout se brise.
Alors il ment parce que, si on y croit, un mensonge peut parfois devenir une réalité.
Mais pas tout le temps.”

C'est trop terne pour être une lumière, mais trop aiguisé pour être une pierre.
“Il échoue malgré ses efforts, il échoue malgré son dédain, il échoue même avant d'avoir pu essayer. Il s'assoit. Il se demande qui l'aime.
Pas tout le monde.
Les bonnes personnes ?
Personne.
Il y a de la tristesse, de la douleur, de la fatigue, de la satisfaction, du brillant, du blanc, du noir et du calme.”

C'est trop épais pour être de l'eau, mais trop rouge pour être de la sueur.
“Il n'y a que les miroirs qui acceptent d'écouter son histoire.”

Il y a trop de choses dans sa vie. Essentiellement des aberrations.
“Des milliers de voix l'appellent, des accents du lointain, des sonorités d'avenir. Chaque nuage lui rappelle qu'il doit voyager, chaque pensée lui montre le chemin, chaque battement de son pouls le pousse vers l'avant. Il trébuche devant les portes automatiques, il titube jusqu'aux détecteurs de métaux, il s'émerveille devant l'avion.”

C'est lui-même une aberration.
“Reykjavík.”

Sae fixe le miroir, et se souvient.
“Il fait froid, il fait loin, il fait calme, il fait volcan, il fait geyser, il fait légende, il fait conte, il fait ciel, il fait pur, il fait étrange et il fait rêve.
Il n'est pas sur le bon continent, il l'a compris... il l'a si bien compris. Mais c'est plus facile de prétendre avoir le mal du pays que d'énumérer toutes les fois où sa jeunesse a été violée, au sens propre, sale, douloureux et figuré.”

Sae se rappelle de tout ce qu'il a vécu.
“Il glisse vers un nouvel avion, sans trébucher, sans tituber, sans s'émerveiller. Il met du temps à déchiffrer le coréen, mais sa conclusion est sans appel : Séoul. Il va retrouver tant de choses auxquelles il n'est plus habitué. Tant de choses qu'il aurait aimé oublier. Et il ne parle pas de l'alphabet.
Il a fui la Corée parce que c'était devenu son cauchemar, pas parce que l'Islande était son rêve.
Il faut affronter ses cauchemars pour réussir à retrouver le sommeil. Le nombre d'aurores boréales qu'il a réussi à observer dans un instant volé ni tout à fait au crépuscule, ni tout à fait à l'aube, le lui a bien fait comprendre.”

Tout rappelle à Sae ce qu'il a vécu.
“Il y a beaucoup de chemin à parcourir, beaucoup de sentiers à éviter, beaucoup de trips à regretter, beaucoup de puissance à oublier. Mais ne vous inquiétez pas, il l'a promis : il va essayer.
Et si vous ne vous êtes jamais inquiétés, ne le dites pas.
Il y a déjà beaucoup trop de raisons d'abandonner.”

Sae a réussi à essayer, il a réussi à ne pas abandonner, mais il n'a pas réussi à oublier.
“Peut-être qu'il ne fume plus, mais il brûle toujours.
Peut-être qu'il ne se pique plus, mais il saigne toujours.
Peut-être qu'il ne pleure plus, mais il se noie toujours.
Peut-être qu'il ne crie plus, mais il crève toujours.”

Sae vide l'eau de la baignoire, il ferme les tiroirs, il éteint la lumière et, une dernière fois, dans le flou de l'obscurité, il regarde le miroir :
“Maintenant, il fait vide.
Mais dans le vide, il y a une place pour l'avenir.”

Sae espère un peu, caché dans la pénombre : espérer quand on a vécu un tiers de ce qu'il a vécu, c'est un péché.
“Il ne lui manque plus qu'une allumette. Pour se rallumer un pétard, ou pour s'éclairer dans la nuit. Il ne sait pas encore ce qu'il en fera.”

Sae part.
“Si par hasard, un jour, quelqu'un vous demande quelle est son histoire, sachez qu'il n'y a que deux réponses pertinentes à offrir. La vraie et la juste.
La vraie, c'est qu'il s'agit d'un conte tragique, unissant la vie et la mort dans une pathétique valse avec la fatalité.
C'est comme essayer de remonter une rivière à contre-courant.
La juste, c'est qu'il n'y en a pas, parce que tout est si noir que tout devient blanc, tout est si blanc que tout devient noir.
Et quand on veut raconter le blanc et le noir, ne rien raconter est tout raconter.”


* * *

Sae veut dire oiseau.
Pourtant, Sae n'a jamais été digne du ciel, du soleil, de l'air, du bleu, de la pureté et des nuages...
C'est triste et cocasse, mais même son prénom n'a pas réussi à lui faire détourner les yeux du sol, des profondeurs, de l'enfer et de l'obscurité.

❯ Derrière l'écran ; ici la maknae (autoproclamée) du forum, Sooli. Beaucoup d'hésitation, de défi, et de potentiels échecs avec ce dc, mais je tente le coup.
DÉJÀ parce qu'il était hors de question que je laisse mon ub être le seul membre des BTS non joué
ensuite parce que le sombre m'attire ces derniers temps
aussi parce que parfois je vais avoir besoin d'arrêter d'essayer de faire des blagues dans mes rp (d'une part, c'est fatiguant pour moi, et d'autre part, c'est même pas drôle pour vous)
et qu'accessoirement je voudrais tenter d'écrire convenablement...
c'est notamment pour cette ultime raison que le choix de j-HOPE s'est imposé naturellement (du coup, bye, la porte je sais je sais JE SAIS)

c'est tout pour moi, je vous laisse sur ces paroles de paix, bonsoir la france (et la belgique) (et le québec) (et la corée, notice me senpai pls)

Et le petit bout de code pour le bottin

Code:

[code]<span class="style1">✗</span> [b]JUNG HOSEOK[/b] (J-Hope - BTS) ⟫ chim haneul[/code]