Je me souviens encore de la façon dont ma mère m'avait prise dans ses bras, la façon dont elle m'avait serré contre elle.. Je n'avais pas arrêté de lui poser des questions. J'étais curieuse et je ne comprenais pas ses réponses. Pour une enfant de six ans, l'idée que son père ai pu disparaître.. rejoindre un monde meilleur mais complètement fictif n'était pas facile à comprendre. Alors j'avais chercher à en savoir plus. A imaginer. Qu'est-ce qu'étais le paradis ? Un endroit merveilleux sans aucun doute.

Mourir n'était pas si difficile après tout. C'était vivre avec ce sentiment de manque qui l'était. Et ce manque je finis par le ressentir à l'âge de 11 ans lorsque les photos commencèrent à disparaître. Il n'y avait plus que moi et ma mère. Il y avait cet homme que je devais appeler PAPA et ce frère qui n'avait pour moi aucune légitimité. Ce n'était qu'un étranger qui pensait pouvoir se permettre de jouer les grands frères arrogants. Et j'étais prise au piège au milieu d'une famille recomposée qui ne m'acceptait pas. Des inconnus qui se pensaient en droit de me juger sans même avoir cherché à me comprendre rien qu'un peu.


Cette question était récurrente. Elle me brûlait les lèvres alors que je me raccrochais à la seule photo de mon père biologique que j'avais réussi à conserver. Comment pouvait-elle me faire ça ? Pourquoi m'avait-elle imposé ce choix là. Elle avait voulu faire son deuil, passer à autre chose. Qui avait dit que je voulais en faire de même ? Qui avait dit que je voulais d'une nouveau père ? Qui avait dit que je voulais de cette nouvelle famille ? Je passais pour la plus égoïste des deux alors que pour moi c'était l'inverse. On m'imposait. On me disputait. On me montrait du doigt sans même chercher à comprendre. Ce toit sous lequel je vivais était devenu la pire des prisons. Et l'adolescente pleine d'hormones que j'étais en train de devenir n'avait pas envie de se soumettre et encore mois de temporiser. Je n'avais pas à être l'adulte dans cette histoire. J'étais en souffrance et personne n'était là pour me tendre la main.

La majeure partie de mon adolescence je l'ai donc passé en compagnie de mon oncle. Possédant son propre game center, il avait l'habitude de m'accueillir et de parler avec moi. Il était mon confident et mon pire ennemi lorsqu'on commençait à jouer ensemble. Il me ressemblait sur bien des points. Incompris par sa famille, il était lui aussi montré du doigt de par son style de vie et son choix de carrière. Il n'avait besoin de rien de plus. Il était heureux tel qu'il était mais encore une fois, cette famille n'acceptait que l’excellence et l'ambition. Il avait pourtant appris à vivre avec et était de très bons conseils lorsque je me disputait avec ma mère. " Une mère on en a qu'une " qu'il me disait. J'avais tellement envie d'en changer..

L'arrivée de mon petit frère, le seul enfant né de l'union de ma mère et de mon beau père amena avec lui une toute nouvelle ambiance. Bien souvent en compagnie de mon oncle a noyer mon chagrin en tuant des zombies, ce petit frère me donna une raison de rester un peu plus à la maison. Il était le seul visage souriant que je croisais en rentrant à la maison. Il y avait bien ma mère mais je ressentais ce besoin de la rejeter constamment quitte à la blesser. Têtue, je n'arrivais jamais à me contrôler en sa présence aussi bienveillante qu'elle pouvait essayer de se montrer. Le temps rendait notre relation de plus en plus fragile. Allait-elle finir par se briser ?


Vint le temps de choisir son université, de faire son sac. De s'éloigner. J'avais réussi à obtenir la promesse que ma chambre universitaire serait payée durant un an par mon beau père.. en fonction de mes notes et d'un comportement exemplaire. Ce n'avait été facile car l'idée que je choisisse la Seoul National University n'avait pas ravi mes parents. Et le fait que je choisisse une filière autre que le management ou les finances encore moins. Ils avaient voulu que j'empreinte le même chemin que mon grand frère.. Foutaises. Je rêvais d'une autre vie. Une vie que j'allais construire avec ou sans leur consentement. Je remerciais quand même ma mère car je la soupçonnais d'avoir user de ses beaux yeux auprès de mon beau père pour le faire céder.. un premier pas. Mais j'étais têtue.. et rancunière.

Le temps des réconciliations n'était pas encore venu.

Une nouvelle vie loin des miens s'offrait à moi mais en étais-je prête à tout ça ?