Ses mains sont moites. Son cœur pulse dans un rythme à la fois maîtrisé et effréné. Dans ses yeux, un éclair de terreur illumine son visage crispé tandis qu'il tente de faire sortir cette peur incommensurable accrochée à son corps. Où étaient donc les autres, pourquoi l'avait-il lâchement abandonné ? Pourtant, il était grand maintenant, il ne devait plus avoir aussi peur, si ? Son souffle se coupe et sans qu'aucun cri ne veuille sortir, le jeune homme se laisse glisser contre le mur. Ses paupières se sont fermé, agissant tel des barrières protectrice à ce supplice qu'il ne voulait pas voir et ô grand jamais découvrir. Ses mains collées à ses oreilles, il n'entendit malheureusement que trop tard les rires de ses camarades et lorsque son souffle se coupa l'espace de plusieurs longues secondes, ce sont eux qui ont goûté à la panique. Face à eux, leur ami se trouvait recroquevillé dans un coin, le balancement de son corps trahissant une peur incontrôlé. 

« Bah, alors Ryo, on est désolé. On savait pas que tallais paniquer comme ça. C'était que nous, regarde. Il fit signe à un autre d'allumer in extremis les lumières. Tu vois ? C'est rien, tout va bien. » L'aidant à lui faire doucement reprendre son souffle, l'ami de ce dernier posa une main réconfortante sur son épaule. 

Osant alors enfin relever la tête, le brun découvrit devant lui ses amies et se détendit enfin pleinement. Qu'elle mauviette, il pouvait être sérieusement. Ce qu'un petit idiot ne tarda pas à en lui en faire la remarque. Mais que pouvait-il y faire ?


«C'est l'histoire d'un schtroumpf qui court, qui tombe... et qui se fait un bleu. »

Le petit groupe désormais installé dans la chambre du roi de la soirée, rigola gentiment de la blague qu'avais fait leur camarade et alors qu'ils allaient désigner qui serait le prochain à en inventer une, l'un d'eux s'écria alors : « Mais alors, vous croyez qu'on peut le voir ce bleu ? »

Un blanc s'installa tandis qu'il réfléchissait tous bêtement à la question. Mais très vite, un fou rire générale et surtout communicatif éclata suite à leur bêtise commune. Cependant, parmi eux, se trouvait Ryosuke, qui ne pouvant s'arrêter, devient rouge écrevisse. À tel point que l'on pouvait presque remarquer quelque larmes prêtes à perler le long de ses rondes joues.

« C'est bon, pas besoins de faire genre. » Ajouta l'idiot de plutôt. Ce dernier trouvait qu'il en faisait trop. Pour lui, il était excessif dans son comportement, tout ça pour essayer de se rendre intéressant. Cela dit, on ne pouvait pas lui en vouloir, il n'avait que huit ans après tout et ne devait pas vraiment savoir ce qu'avait le jeune garçon.

L'ignorant sans même lui jeter un quelconque regard, Ryo repris un peu de sa contenance puis dans un sourire éclatant suivit les autres en direction du salon. Ils allaient regarder un film finalement.



Une petite larme cristalline dévala son petit visage dodu et alors qui renifla bruyamment, un énorme sanglot traversa ses lèvres. Pourquoi est-ce que le petit chien, était-il blessé ? Le pauvre, il devait tellement souffrir. 

Le japonais s'empara vivement de la boîte de mouchoir et essaya tant bien que mal de ne pas succomber aux regards d'étonnement presque dérangeant des autres enfants assis à ses côtés. Il avait bien le droit de pleurer non ?

« T'as quoi à gigoter comme ça là ? En plus, tu fais trop de bruit, on n'arrive plus à rien comprendre à cause de toi, pffff. C'est bon, il va pas mourir le chien. » 

Ses pleurs redoublèrent alors, pendant que tout le monde se mit à râler contre lui. Quelle bande de sans-cœur pensa-t-il avec sur le visage un air mi-triste mi-vexé. Ce n'était également pas sa faute si l'étiquette de son pyjama le démangeait autant et que les pleurs du chiot dérangeaient ses tympans.

Alors dans un souffle, Ryosuke espérait que tout allait vite passer. Il voulait juste rentrer chez-lui et simplement faire un câlin à sa maman le petit.



« Pourquoi l'as-tu frappé chérie ? Heureusement que vous n'êtes encore que des enfants de huit ans et que la force de vos poings n'est pas plus grande que cela. Imagine comment tu aurais pu lui faire sinon ? »

Le japonais baissa les yeux dans un air contrit. Il n'aurait pas dû, certes, sortir comme cela de ses gonds. Mais cet idiot l'avait bien cherché et il avait craqué.

« Il faisait se moquer de moi maman ! J'en ai marre moi, qu'on me regarde comme si j'en faisais trop. »

La mère posa un regard triste sur celui – ci puis ne tarda pas à se garer devant le perron de leur petite maison. 

« Allez, va, ce n'est pas si grave et il n'était pas très gentil, je te l'accorde. En plus, je déteste sa mère, une vraie peste, je te jure. Elle ébouriffa tendrement les cheveux de son fils et lui embrassa doucement le front. Ce n'est pas pour autant qu'il fallait laisser éclater ta colère si facilement, d'accord. Je sais qu'elle était très très forte quand tu l'as ressentie, sauf qu'il ne faut jamais ô grand jamais utiliser la force pour régler un problème. Compris ? »

Ryosuke hocha vivement de la tête puis se promit ce jour-là, qu'il essayerait toujours de maîtriser ses sentiments, sans pour autant les refouler. Parce qu'il voulait les rendre fière ses parents. Fière de l'avoir comme fils.

De plus, il se promit qu'il n'irait plus jamais à une fête d'anniversaire. Vraiment, plus Jamais !


Trop couvé par ses parents à son goût, le jeune homme désormais âgé de 18 ans s'était envolé pour la Corée du Sud, rejoignant ainsi l'appartement de sa meilleure amie. Il devait à présent se débrouiller seule et découvrir un peu le monde, le japonais. 

On l'avait trop souvent surprotégé pour la seule raison qu'il était hypersensible. Grave erreur. Après tout, il ne risquait rien en sois et il n'était pas pour autant différent des autres enfants. De quoi l'avoir souvent agacé. Il ne leur en voulait pas non plus, ils ne voulaient que son bien. Pourquoi les blâmer de simplement vouloir protéger leur enfant.

Maintenant, il devait vivre sans se cacher. Sans cacher qui il était vraiment. Parce que cette hypersensibilité faisait partie de sa personnalité. Qu'il ne veuille ou non. Puis, qui avais dit que c'était un défaut ? Au contraire. C'était sa force.