Sa mère était la fille d'un politicien taïwanais qui était obsédé par la Corée du sud, pour des raisons qu'elle a toujours ignoré. Son père était un coréen de très bonne famille, ambitieux, rêvant d'une grande  carrière... très grande carrière. Il rêvait de devenir président de son pays, rien de moins que ça. Ça plaisait d'autant plus au grand-père de la jeune asiatique qui se fit un plaisir d'accorder la main de sa fille à cet homme. Sa mère était une très belle femme, très douce, très attentionnée. L'épouse parfaite pour un politicien. Elle passait son temps libre à travailler sur de bonnes œuvres, allant jusqu'à fonder ses propres associations afin de venir en aide aux causes qui lui tenaient à cœur. Tout comme son père, elle aimait beaucoup la Corée, mais plus particulièrement Busan. C'est pourquoi, un an après la naissance de la petite Wei Min, la taïwanaise emménagea avec son mari dans cette charmante ville qui l'avait toujours fait rêver. Il avait été important pour sa famille que la petite ne naisse en sol taïwanais. Weiwei n'a jamais trop compris pourquoi, c'est à se demander si on lui a déjà expliqué, à vrai dire. Si elle le demandait à son père, aujourd'hui, elle sait très bien qu'elle n'aurait pas de réponses. Son père ne parle plus de sa femme depuis la mort de cette dernière, il y a dix ans de cela. Les seules fois où quelques mots sur son sujet traversent ses lèvres, c'est dans un cadre politique ou de soirées mondaines... et parce que le sujet lui est imposé. En général, il l'écourte au maximum, prétextant un deuil éternel auquel Wei Min ne croit pas.

Revenons-en toutefois à cette enfance. Son père travaillait déjà son ascension dans le monde politique coréen, profitant des connaissances de sa famille, mais aussi des connexions de sa belle-famille. Ses champs d'intérêts oscillaient entre les affaires étrangères et la santé. Il était plus qu'occupé, se consacrant davantage à sa carrière qu'à sa famille. C'était ironique parce que c'était grâce à cette image de famille parfaite, aimante et altruiste qu'il réussissait à gravir les échelons. Pour son travail, Mr. Song passait la majorité de son temps à Séoul, laissant femme et enfant vivre dans sa résidence secondaire à Busan. Elles étaient toutes deux présentes, lors des soirées et événements importants. Il est ainsi facile de comprendre que Wei Min était très proche de sa mère, grandissant dans son étreinte aimante et chaleureuse. La petite admirait la taïwanaise, souhaitant devenir à la hauteur de son idole. Étant l'enfant d'un politicien, on l'élevait pour qu'elle soit parfaite. Polie, souriante, douce, obéissante... Elle se devait d'être douée, intelligente et talentueuse. On lui fit prendre des cours de diction, afin qu'elle s'exprime avec éloquence, des cours de danse pour qu'elle soit gracieuse, des cours de musique et de dessins afin qu'elle ne connaisse la rigueur, mais aussi la créativité. Weiwei s'intéressait aussi beaucoup à ce que sa mère faisait et voulait aider les autres, elle aussi.

La petite fille ne savait pas pourquoi elle n'avait pas de petit frère ou de petite sœur. La plupart des amis de ses parents, en Corée du moins, avaient plusieurs enfants. Ils jouaient ensemble, se chamaillaient, avaient un lien différent de celui qu'elle pouvait développer avec eux... Elle aussi aurait aimé ça. Peut-être que son père aurait été plus présent à la maison, s'il avait eu deux enfants... Peut-être que s'il avait eu un fils, ce cher fils si important pour l'héritage dans cette société, il aurait été plus présent. Il ne les aurait pas négligées comme ça. Wei Min aimait sa mère et cette dernière lui parlait continuellement de son père, lui disant que c'était un homme important, qu'il faisait de grandes choses pour le monde et que c'était pour ça qu'il ne pouvait pas être là souvent. Pourtant, l'enfant répondait que sa maman aussi faisait de grandes choses pour aider le monde, mais elle restait quand-même avec elle ! Sa mère lui souriait avec tendresse et lui caressait la tête, avant de la baiser doucement et lui dire qu'elle ne faisait pas grand-chose. Elle était probablement trop humble... d'apparence délicate, mais très forte, en réalité. Du moins, psychologiquement. Weiwei avait 10 ans, lorsqu'elle apprit enfin pourquoi elle n'avait pas de petit frère ou sœur. La santé de sa mère ne lui permettait pas d'avoir un autre enfant. Son corps faiblissait, sa santé périclitait de plus en plus. Elle avait réussi à bien le cacher, seul sa famille et ses médecins le savaient jusqu'ici. C'était d'ailleurs parce qu'elle savait son temps compté que la femme avait demandé à ce que sa fille ne reçoive son éducation à la maison, elle voulait profiter au maximum du temps qu'elle avait avec elle...

Grâce à son éducation particulière, elle fut placée dans une classe supérieure à celle que les enfants de son âge assistait. C'était plutôt déstabilisant... Les autres enfants avaient tous un an de plus, ils avaient commencé l'école en même temps... Ils se connaissaient donc pour la plupart, étaient proches, étaient... plus libres. Ils se mettaient les doigts dans les narines et riaient, insouciants. Jamais elle n'avait pu faire ça, elle. Weiwei devait toujours faire attention à ce qu'elle disait et faisait. Les autres enfants la trouvaient donc un peu étrange, guindée même. Elle était plus jeune et avait la bonne réponse à tout, agissait comme une petite adulte. Elle n'était pas amusante du tout. Douce, obéissante, un peu effacée, elle aussi, Wei Min ne se fit pas beaucoup d'ami(e)s. Elle était toujours en train de lire, de toutes manières et elle s'intéressait à des trucs bizarres comme la science, l'anatomie, les os, le fonctionnement du corps... Quel enfant de cet âge s'intéresse vraiment à ça ? Un enfant qui veut sauver sa maman malade... Mais est-ce que les autres enfants, qui ont des parents en santé, qui ont eu l'attention et l'amour de leurs deux parents, peuvent vraiment comprendre ça ?

Nourrices, bonnes, professeurs particuliers, proches amies de sa mère... Bien sûr que la petite Weiwei avait des gens à qui elle tenait, mais c'était sa mère qui la bordait le soir et qui venait la réveiller avec tendresse le matin. C'était elle son idole, elle la femme la plus gentille du monde, celle qui était toujours là pour la consoler, l'encourager et la cajoler. L'enfant n'aimait pas trop quitter la maison pour se rendre à l'école. Non pas parce que les autres enfants ne lui parlaient pas et l'ignoraient, la majorité du temps, sinon, ils marmonnaient qu'elle était bizarre... Non, ça, elle n'y faisait pas trop attention. Wei Min n'avait jamais vraiment eu d'ami(e)s avant non plus, la seule personne qui comptait était sa mère, qui était malade. Ce qui lui déplaisait de l'école était justement de ne pas pouvoir être à son chevet. La taïwanaise encourageait sa fille à donner son meilleur en classe, l'aidait encore à faire ses devoirs, le soir venu. Weiwei décida de devenir médecin, lorsqu'elle serait grande, ainsi, elle pourrait soigner sa mère et elles retrouveraient leur vie d'avant. L'attention attendrissait la femme qui savait bien que ça ne marcherait pas comme ça, mais elle ne pouvait pas le lui dire, c'était trop... dur. Sa maman lui disait qu'elle pourrait sauver pleins de gens, qu'elle pourrait voyager à travers le monde et faire des choses plus importantes qu'elle encore.

Sa femme étant malade, son père se concentra définitivement sur la politique concernant la santé. Il était toujours aussi occupé, sinon plus, venant encore moins les visiter. Wei Min et son idole continuaient d'assister, cependant, aux événements mondains, venant représenter l'homme de la famille ou venant l'accompagner pour ce si joli portrait parfait sur les photos. À partir de ce moment, la jeune fille commença à voir son père d'un autre œil. Que faisait-il pour aider son épouse ? Où était son support et son amour dans cette période difficile ? Il payait les frais médicaux, les traitements ? Et alors, elles n'avaient pas besoin de lui pour ça. Elles avaient besoin de sa présence, mais n'avaient qu'à peine droit à son ombre. Weiwei continuait son éducation, ne s'éloignant jamais de sa personnalité ni de ses projets d'avenir. Elle était toujours aussi gentille, continuait de sourire et d'aider tout le monde, même si elle n'était pas vraiment proche de personne. L'adolescente s'ouvrit un peu au monde, tissant des liens ici et là, se faisant quelques amis. Elle n'avait cependant pas de ''meilleur ami'', ni fille ou garçon ou autres. Elle était trop concentrée sur ses études et ce projet qui lui tenait à cœur. Inutile de le souligner, Wei Min n'avait pas non plus le temps pour les amourettes, les sentiments légers qui viennent réchauffer le cœur, lui faire faire n'importe quoi... Elle essayait de mener une belle vie, une vie... saine. L'adolescente s'efforçait à participer aux activités scolaires, essayant d'avoir une vie sociale malgré tout, en dehors de celle que son père lui imposait. Les autres jeunes apprirent à la connaître un peu plus, elle sembla moins... étrange, à leurs yeux, moins fausse et moins plastique.

La santé de sa mère se faisait de plus en plus fragile avec les années, le stress sur les épaules de l'adolescente augmentant de plus en plus. Elle voulait être médecin, maintenant, savoir comment la guérir, maintenant. Or, s'il suffisait d'être médecin pour la sauver... ne serait-ce pas déjà fait depuis longtemps ? Weiwei avait 15 ans, lorsqu'elle dû déménager à Séoul, allant y rejoindre son père qui avait été une ombre dans sa vie. Sa mère avait besoin de soins plus intensifs, constants... Alors que l'adolescente allait vivre avec son paternel, sa mère emménageait dans une chambre d'hôpital qu'elle ne quitta... que le jour de sa mort. Le changement fut difficile, puisque très stressant et déstabilisant, mais surtout parce que sa mère fut mise dans un comas artificiel, afin de faire gagner du temps au médecin. Elle ne connaissait alors personne à Séoul, sinon les autres enfants de la haute société. Personne dont elle n'était proche et à qui elle pouvait vraiment parler. Elle avait cependant gardé contact avec une poignée d'adolescents de Busan... Sauf que bon, loin des yeux, loin du cœur... Les réponses cessèrent de faire vibrer son téléphone, du jour au lendemain, ce fut le silence. Elle se sentit abandonnée, en cette période difficile et se replongea dans ses études, préférant oublier le superflux. L'asiatique passait son temps libre à son chevet, restant aussi longtemps qu'on le lui permettait. Malheureusement, en période d'examens, Wei Min n'avait que peu de temps. Elle devait se concentrer sur ses études, même si elles allaient trop lentement à son goût, si elle voulait réaliser son rêve de devenir médecin et être à la hauteur de son idole.

Peu après sa première année à l'université, sa mère perdit finalement son combat contre la maladie. La jeune étudiante en fut dévastée. Son père... transforma les funérailles en un autre de ces théâtres médiatiques où il cultivait son image si parfaite. Wei Min ne comprit jamais si sa peine était sincère ou s'il était juste un bon acteur... Il faut dire que ce n'est pas vraiment un sujet qui s'amène facilement dans la discussion et même lorsqu'elle tenta, elle ne fit que se faire envoyer bouler royalement. Était-ce parce que le sujet était trop difficile pour lui aussi ? Ou parce qu'il n'en avait rien à faire de sa fille et de sa défunte femme ? Le deuil fut terriblement difficile à faire pour la jeune femme, elle s'en voulait de ne pas avoir réussi à devenir médecin assez rapidement. Pourtant, elle avait réussi à sauter une autre année scolaire, demandant sans cesse des travaux supplémentaires à ses enseignants pour prendre de l'avance. Avance qui n'avait pas suffit. Fuyant sa peine, elle fit son premier voyage humanitaire pendant les vacances scolaires suivant le décès de sa mère, c'était sa manière d'honorer sa mémoire, de la rendre fière depuis l'au-delà. Elle avait 18 ans, alors et quitta sa belle Corée pour aller à Krabi, en Thaïlande. Là-bas, elle rejoignit une petite garderie et s'occupa de jeunes enfants défavorisés, pendant un mois et demi. Wei Min pensait souvent à sa mère, se disant qu'elle aurait aimé venir avec elle... mais, les enfants lui changeaient les idées, aussi. Ils étaient adorables, la sino-coréenne ne pouvait que tomber sous leurs charmes. On lui donna le prénom thaïlandais « Absorn », qui veut dire « ange », puisqu'elle était si douce et attentionnée avec tout le monde. Si elle l'avait pu, Wei Min aurait adopté la petite Lamoon, alors âgée de 3 ans. L'enfant la suivait partout, ouvrait toujours les bras pour être câlinée en voyant la jeune femme, lui faisait pleins de bisous baveux et lui donnait mille œuvres d'arts de son cru. Lamoon l'avait adopté, carrément.

La jeune femme dû rentrer au pays pour reprendre ses études, mais elle prit soin de faire un don à la garderie où elle avait travaillé afin qu'ils aient de meilleurs équipements et des jouets éducatifs pour les enfants. Se séparer de Lamoon fut très difficile, mais elle lui promit de revenir à ses prochaines vacances. De retour en Corée, Wei Min reprit ses études avec toujours autant de zèle, sinon plus. Elle n'avait plus à aller à l'hôpital, donc passait littéralement tout son temps libre le nez dans les livres ou à étudier. Les seuls moments où elle n'était pas en train de travailler sur ses études étaient lorsque son père lui imposait de se présenter aux soirées mondaines ou quand sa meilleure ami arrivait à la sortir un peu. Sans sa Yoonie chérie, Weiwei aurait sûrement fini par faire une sorte d'osmose avec ses manuels ! La jeune zélée n'oubliait cependant pas sa petite Lamoon chérie et lui écrivait souvent, lui envoyait des petits cadeaux et gardait contact avec la garderie où elle avait travaillé. Le sommeil ne faisant plus partie de son vocabulaire, la vie sociale n'étant qu'une ombre passagère dans sa vie, les vacances scolaires suivantes arrivèrent. Évidemment, elle était à la tête de sa promotion. Ses sacrifices et ses durs efforts n'étaient certainement pas faits dans le vide ! Wei Min retourna à Krabi, travailler à nouveau dans cette garderie et passer ses secondes vacances avec sa fausse petite fille qui l'accueillit avec beaucoup d'amour.

Cependant, tout comme la première fois, son voyage humanitaire ne fut que de courte durée puisqu'elle retourna aux bancs d'école et à l'hôpital où elle apprenait ce qu'elle devait savoir. Wei Min ne perdait jamais ses objectifs, être la meilleure, être à la hauteur de sa défunte mère et ne pas oublier ce qui est important dans la vie. Les autres étudiants ne la trouvaient pas très amusante, elle ne sortait pratiquement jamais, ne se joignait pas aux soirées étudiantes... Mais, ils savaient que s'il y avait quelque chose qu'ils ne comprenaient pas, ils pouvaient s'adresser à elle. Première de son année, studieuse à en faire peur, elle semblait avoir réponses à tout. Il y avait même une rumeur selon laquelle elle avait vendu son âme pour être si douée. C'était peut-être vrai, cela dit... Elle ne dormait presque pas, calculant à la minute près le sommeil dont elle avait besoin pour tenir debout et avoir la concentration nécessaire et ne dormait pas une minute de plus. Weiwei mangeait en lisant ses manuels ou regardant des documentaires, écoutait les notes qu'elle avait enregistré pendant qu'elle prenait sa douche... Son dévouement frôlait l'obsession. Elle travailla à l'hôpital de Séoul, durant ses études mais fit aussi un stage à un hôpital thaïlandais, pour être plus près de son premier amour humanitaire et un autre stage en Inde. Elle passa toutes ses vacances scolaires à Krabi, auprès de Lamoon.

Âgée de 23 ans, elle termina ses études avec mention d'excellence, chose qui lui avait coûté tant d'efforts et de travail, donc était plus que méritée ! Elle était exténuée, mais fière et heureuse. Wei Min retourna vivre en Inde, pendant un an, répondant à la demande d'aide d'un ami médecin qu'elle s'y était fait pendant son stage. La jeune femme rentrait sur de courtes périodes en Corée, que ce soit pour voir sa meilleure amie ou pour des événements importants que son père lui imposait. L'année suivante, Weiwei passa environ 6 mois à Krabi, puis se lança dans une nouvelle aventure puisqu'elle alla vivre au Bénin, en Afrique. Elle ne parlait pas vraiment français à son arrivée, mais n'eut d'autres choix que de rapidement apprendre la langue ! Sa vie n'était pas de tout repos, depuis qu'elle avait commencé à travailler dans l'humanitaire... Wei Min ne le niera jamais. Cependant, ce n'est pas elle non plus que vous entendrez se plaindre. Ce n'est pas parce qu'elle n'a jamais été menacée, battue, violentée, insultée, etc, mais parce qu'elle ne laisse pas ces douloureux événements aveugler ses bonnes intentions. La jeune femme s'est vue ''forcée'' de se joindre à un gang de rue, il y a bientôt deux ans de cela. Un groupe de jeunes gens ont débarqué comme la Gestapo dans son humble petit appartement, puisque non, la jeune femme n'a jamais voulu vivre dans des endroits luxueux alors qu'elle travaillait dans des villes et villages pauvres. Ils l'ont menacé de la tuer si elle ne sauvait pas leur jeune ami qui avait été blessé lors de leur dernier mauvais coup qui avait mal tourné. N'en étant plus à sa première attaque du genre, Wei Min l'avait soigné, lui avait prodigué plusieurs conseils pour ne pas aggraver son cas et les avait ensuite escorté jusqu'à la porte.

Ce n'est qu'une fois seule que les émotions s'abattirent sur elle, réalisant qu'elle avait encore failli mourir ! Avec le recul, elle comprit leurs motivations et comme au final, ils ne lui avaient rien fait, elle ne leur tint rigueur de rien... Sinon du fait qu'elle ne se sentait pas en sécurité chez elle... Un mois plus tard, ils étaient de retour, en pleine nuit, pour les mêmes raisons ! Wei Min se demanda pourquoi elle n'avait pas déménagé, mais les soigna à nouveau. Cette fois, ils ne partirent pas sans faire d'histoire... Tout ce dont elle se rappelle est d'une douleur sourde à la tête, puis d'avoir perdu conscience. À son réveil, on était en train de lui tatouer le bras gauche du signe du gang. Et bah oui ! Ils avaient décidé de l'adopter, sans lui demander son avis ! Si la médecin voulait vivre, elle allait devoir continuer de les soigner, devenant le nouveau médecin du gang ! Elle paniqua d'abord, intérieurement, hésitant à quitter le pays dès qu'elle en aurait la chance... mais, elle était toujours suivie et surveillée. On la laissait aller au travail, mais elle devait directement rentrer chez elle ou au repère du gang, selon leurs instructions. Weiwei n'avait pas envie de mourir stupidement, pas après tout ce à quoi elle avait déjà survécu, donc, elle s'exécutait. Elle apprit à connaître les différents membres du gang. Ils n'étaient pas de mauvaises personnes, au fond. Leurs vies n'étaient pas faciles et ils faisaient ce qu'ils pouvaient pour vivre avec ce qu'ils avaient devant eux.

La sino-coréenne se sentit lentement en confiance, mais ce n'est que lorsqu'ils la protégèrent d'une attaque sournoise d'un gang adverse, qu'elle comprit qu'ils ne la laisseraient pas tomber à la première occasion. Elle n'était pourtant pas avec eux depuis très longtemps, mais ils la traitaient comme si elle faisait parti du gang depuis toujours. Wei Min les soigna et prit soin d'eux, finissant par accepter ces gens comme une nouvelle famille. Elle ne se laisse pas faire pour autant, ayant son mot à dire sur certaines choses et essayant toujours d'aider ses nouveaux frères à mieux s'en sortir. Bien qu'elle fasse la moitié de certains des membres du gang, elle ne se gêne plus pour leur faire la leçon ou leur remonter les bretelles. La médecin se sent plus en sécurité, étonnamment, depuis qu'elle est avec eux ! Enfin... c'était le cas avant la terrible agression dont elle fut victime, il y a un an de cela. Son état fut si grave que l'on craignit pour sa vie pendant plusieurs jours, lorsque son état fut assez stable pour voyager, son père la fit rapatrier au pays afin qu'elle ne soit traité dans le meilleur hôpital. Pour sa part, Weiwei était dans le comas... Elle ne se réveilla que deux mois plus tard, ne comprenant pas où elle se trouvait et paniquant complètement, se demandant où étaient ses amis, mais surtout... dans quel état. Les médecins durent lui administrer des calmants. Quelques heures plus tard, on lui expliqua qu'on l'avait ramené, ce dont elle souffrait et les traitements qu'elle suivait... C'était décourageant. Quelques mois pour guérir, suivre la rééducation physique, être suivie par une psychologue... Wei Min allait enfin retourner au Bénin, quitter ce cirque politique dont son père était le maître de scène... Elle n'aimait pas être visitée par ces notables qui venaient la voir, juste pour être dans les bonnes grâces de son père. Elle détestait se forcer à sourire et dire combien elle était reconnaissante à son paternel de ''prendre soin d'elle''... Si elle avait eu son mot à dire, elle aurait demandé à ce qu'on ne la laisse dans une hôpital là-bas ! C'était horrible de revenir dans ces soirées mondaines où tout le monde venait la voir, lui disait combien ''ils étaient contents et soulagés de la revoir après cette terrible histoire...''. Wei Min ne voulait que la paix et n'aimait pas que tant de gens sachent ce qui lui était arrivé... Ils allaient se tromper sur le Bénin, maintenant... croire que c'est plus dangereux que ça ne l'est vraiment. Puisque bien évidemment, ce n'est pas son père qui allait dire la vérité... surtout quand ça tournait autour du fait que sa fille chérie était maintenant membre d'un gang !

La médecin pensait retrouver sa liberté, s'éloigner de cette cage dorée et des faux semblants orchestrés par son père. La naïveté... ça la perdrait. Alors que Weiwei allait annoncer à son père qu'elle allait repartir, il fut plus rapide qu'elle... lui apprenant qu'elle était l'heureuse fiancée du fils d'un de ses riches et puissants amis. La nouvelle allait être annoncée dans la semaine aux gens de la haute société, puis à tout le monde. L'union des deux familles allait être un des événements les plus importants de l'année ! La jeune femme en était abasourdie, choquée, stupéfaite ! Comment il pouvait lui faire ça ?! Wei Min ne pouvait pas rentrer dans ces conditions ! Elle n'avait pas que son père sur le dos, mais celui de son futur fiancé aussi ! La jeune femme continuait de jouer le jeu pour son père, uniquement en mémoire de sa mère qui l'aimait tellement... pour... des raisons qui lui échappaient toujours ! Mais là ! C'est en se demandant comment éviter ce mariage ou jouer la comédie au plus vite pour repartir vite fait, laissant un mari indésiré au pays, qu'elle reste coincée ici.