« Chéri, repose toi un peu et vient voir ton fils. » fut sûrement la phrase que la mère du nouveau-né prononça le plus du restant de sa vie. Le 4 juin 1993 fut né un vrai petit prince, prénommait Yuxian. Et ce jour-là n'a rien de particulier, il porte juste le chiffre maudit par certains. À Shanghai, là où est né Yuxian, le monde était assez ouvert, il n'y avait pas de problème. En partant en Corée vers ses deux ans, ce fut assez différent. Le petit prince comprit très rapidement que personne n'aimait ce chiffre, qu'il était très mal vu, représentant directement la mort. Mais ça, sa mère n'en avait rien à faire. Elle était fière de son petit-enfant, si mignon à ses petites joues, ses petits yeux, ses petites jambes. Elle en était fière qu'elle l'amenât partout où elle allait, le montrant à toutes ses amies et leur parlant de ses petits bruits, ses prouesses. Même quand celui-ci commençait à grandir, il restait toujours derrière sa mère, se faisant tout petit, tout timide devant les amies de sa mère qui le regardait. Yuxian avait l'habitude de se cacher sous les jupons de sa mère au sens propre, habitude qui ne faisait que rire la jeune femme alors qu'il posait ses petites mains toutes potelées sur la jambe de sa mère pour regarder d'un coin de l'œil autour de lui. Il a toujours été le petit prince partout où il était, que ce soit chez lui ou aux rencontres avec les amis de sa mère, ou même juste pour sortir faire une sortie au parc. Mais son père lui n'en avait toujours rien à faire, il payait son éducation, ses cadeaux, mais apprendre à connaître son fils n'était pas important. Quand on lui demandait comment était son fils, il répondait toujours « Mon fils sera comme moi ».

Le petit prince grandissait comme de la mauvaise herbe, il commençait à connaître le monde dans lequel il vivait, les fréquentations qu'il avait le droit d'avoir et celle qu'il devait éviter, le rôle de son père dans la famille... Maintenant qu'il n'avait plus besoin de sa mère tout le temps, celle-ci décida de reprendre son travail, la jeune femme était une femme d'affaires tout comme son mari et c'est également ce qu'elle espérait pour son cher fils. Les Song étaient habitués au grand voyage, même le petit Yuxian, les Song disposaient en effet de nombreux terrains dans l'Asie entière ce qui leur facilitait la tâche leur des voyages d'affaires. Mais en cette journée, sa mère était partie seule cette fois, laissant Yuxian avec son père, mais surtout ses majordomes qui s'occupaient de lui. Le petit prince devait avoir à peine huit ans quand il était prêt à accueillir sa mère de retour de voyage d'affaires. Il attendait devant la porte depuis vingt bonnes minutes, prêt à l'accueillir comme un enfant à sa maman chérie, mais rien. Vingt minutes plus tard, toujours rien. Yuxian était bien le seul à s'inquiéter, son père disant qu'elle était sûrement coincée dans les bouchons, mais le petit prince savait que si c'était à cause des bouchons, elle aurait appelé à la maison. Finalement, une heure plus tard, on frappa enfin à la porte, mais Yuxian avait bien reconnu la poignée d'un homme. En ouvrant, il vit des policiers qui demandait à voir son père et peu de temps après, on leur annonça que la jeune femme était à l'hôpital entre la vie et la mort suite à un accident de voiture. Elle était toujours de cette Terre alors que le petit Yuxian pleurait sur son lit d'hôpital en voyant sa mère dans un piteux état. Elle l'entendait sûrement, il pleurait toutes les larmes de son corps en se disant que soit sa mère ne serait plus jamais la même, soit elle ne serait plus de ce monde. Pendant ce temps, son père n'était même pas dans la chambre de sa femme, il la regardait à travers la fenêtre le visage froid et vide d'émotion. Il devait lui rester peut-être une semaine, elle savait très bien que malgré les efforts des médecins, elle ne pourrait pas se remettre de cet accident, il décida alors très tôt de faire ses adieux à son cher et unique fils. Une phrase qu'il n'oublierait jamais même s'il ne pensait pas qu'elle serait utile un jour fut « Si tu as le moindre besoin de parler, n'hésite pas à aller voir ta tante, elle saura t'aider. » Sa tante - qui n'est en réalité que sa tante d'un côté spirituel - il la connaissait depuis tout petit, c'était une amie à sa mère avec qui elle restait souvent, même s'il n'était pas vraiment très proche de la dame en question, c'était un vœu de sa mère alors il se promit de faire à son souhait. Seulement deux jours plus tard, la femme rendit son dernier souffle. Ce jour sinistre, Yuxian s'en rappellera toute sa vie.

Depuis ce jour maudit, il devint très distant avec le monde autour de lui. Il manquait cette aura rassurante, cette présence, son parfum, tout était parti si vite... Il n'avait plus d'exemples de personne humble et correct à suivre, il lui restait seulement son père, et le triste petit prince n'ayant que huit ans ne trouva personne de mieux à suivre que son père. Le monde de son père n'était que travail et tout était centré sur la présence de l'homme, comme si c'était une chose à effacer de sa mémoire, le père du petit s'empressait d'essayer de donner ses idées et opinions à son fils afin qu'il soit son exacte réplique. Il commença très lourd par le rôle des femmes à la maison et dans la société, ça Yuxian l'avait compris, il avait toujours su que son père n'aimait pas le fait que sa mère travaille. Mais de là à dire que toutes les femmes doivent rester à la maison et prendre soin de la maison et des enfants, le petit ne comprenait pas vraiment pourquoi il devait croire en de telles choses. Bien que jeune, même pas encore un adolescent, Yuxian a toujours été un petit génie, il avait déjà un avis sur « le rôle des femmes » etc., mais il décida d'écouter son père et de faire comme s'il le croyait malgré tout, juste pour lui faire plaisir et espérait la même récompense que lui donner sa mère, sa fierté. Alors que l'adolescence ne faisait que tout juste de commencer pour le jeune prince, son père l'introduit à un autre type de soirée que celle de sa défunte mère : les soirées mondaines. Et bien qu'absolument écoeuré par tout ce qu'il pouvait s'y passer, il finit par rapidement s'y plaire, cette ambiance, et surtout le fait que pour une fois, il pouvait y faire presque tout ce qu'il voulait. Tout en continuant ses études que son père avait choisi pour lui, il allait à chaque soirée mondaine proche de chez lui, s'amusant à juger de loin les pochetrons qu'il pouvait voir. À ses 13 ans, Yuxian apprit l'hospitalisation de sa tante, et s'il commença à s'en vouloir énormément, il n'avait pas assez écouter sa mère, il n'était pas assez passé pour demander des nouvelles à cette gentille dame, il s'était renfermé et ne faisait rien d'autre. Cela faisait tout juste cinq ans depuis la mort de sa mère et il ne voulait pas avoir menti à sa mère en lui promettant d'aller voir son amie. Il alla donc de nombreuses fois rendre visite à cette gentille dame. Il ne lui parlait pas vraiment et de toute façon elle n'aurait sûrement pas pu l'entendre ou lui répondre alors le jeune homme passait surtout son temps à reposer sa tête non loin d'elle, se disant qu'au moins, elle sentirait sa présence et le fait qu'il s'inquiétait pour elle. Bien qu'il ne passait pas beaucoup de temps avec elle, il savait que c'était une bonne personne, une personne que sa mère aimait beaucoup et si sa mère lui faisait confiance, il savait que c'était une bonne personne. Au fond, cette scène était assez étonnante pour certaines personnes, il n'avait aucun lien familial, mais au fond, elle faisait partie de sa famille. Il ne lui disait rien et pourtant, il restait à côté d'elle pendant quelques heures certains jours. Apprendre sa mort fut un autre choc, mais au fond, en voyant l'état de la pauvre dame, il s'était préparé. Bien sûr, cela ne le réjouissait en rien, mais il avait fait en sorte que son départ ne le blesse pas autant que celui de sa mère. Il finit le lycée à ses 15 ans et commença tout le nécessaire pour avoir les diplômes qu'il faut pour le travail que son père lui gardait. Directeur financier de l'agence de pétrole de son père n'a jamais été ce qu'il voulait faire, mais en voyant les dépenses quotidiennes de son père et les nombreux achats qu'il se faisait à lui-même, il préféra ne rien dire. S'il pouvait dire son mot sur les dépenses de son père, pourquoi pas. Mais les chats ne font pas des chiens et l'aura bienveillante de sa mère n'était plus là, alors Yuxian se laissa également allé dans les dépenses bien chères en s'offrant une voiture qu'il ne pouvait pas encore conduire, un jacuzzi personnel, et une de ses petites passions personnelles : une moto. Et malgré tout ses achats fait en même temps, son père ne levait pas un doigt. Il imaginait son fils comme il avait pu être quand il était jeune : beau et riche, entouré de belles femmes à ses bras, ayant tout ce qu'il veut. Yuxian était peut-être beau et riche et il avait toujours ce qu'il voulait, mais c'était sûrement assez décevant pour son père de voir que ce n'était pas un coureur de jupons.

Le petit prince était devenu grand à ses 19 ans, malgré les restes des joues d'enfant qu'il restait sur son visage, Yuxian avait maintenant les diplômes et capacités pour travailler chez son père. Malgré le fait que son père soit froid et misogyne sur les bords, il apprit de son exemple à être strict et sérieux au travail, dur mais toujours correct et d'imposer sa marque de respect. Depuis le temps, Yuxian savait porter le nom Song à la perfection que ce soit au travail, aux soirées mondaines qu'il adorait toujours autant ou chez lui. Mais il restait assez doux, naïf, et sensible, trop jeune et inexpérimenté. L'expérience la plus douloureuse et pourtant la plus belle arriva peu de temps après qu'il arrivât dans l'agence. Il y avait cette jeune femme de quelques années de plus lui, elle avait toujours un beau sourire aux lèvres qui le faisait fondre et c'était sûrement la seule personne qui ne voyait pas Yuxian seulement comme le fils du boss. À l'époque, c'était suffisant pour lui. Le jeune homme voulait juste quelqu'un qui l'aimait pour lui et non pas pour sa place dans la société. Faire les choses lentement et à leur rythme n'était pas dans ses habitudes, il fut très direct. Il commença à lui faire juste un ou deux compliments par-ci par-là, puis un ou deux cadeaux et rapidement, les deux commencèrent une relation. C'était une relation cachée de son père, mais au fond une relation dangereuse, c'était encore mieux. Aveuglé par l'amour, Yuxian aurait presque tout fait pour celle de son cœur. Les deux tourtereaux brisaient les règles des relations au boulot et il adorait ça, ils brisaient les règles de partout où ils allaient en réalité, et ses bouffées d'adrénalines mixées avec l'amour qu'il ressentait pour la jeune femme l'avait réduit en simple pantin. Il ne voyait pas les réelles intentions de la jeune femme tout comme il ne connaissait pas ses réels sentiments, il pensait que comme son monde était devenu si beau d'un coup, tout aller bien. Mais non. La réalité ne put attendre très longtemps avant de le gifler d'une force phénoménale. Quand il vit celle qu'il pensait être un ange dans les bras d'un autre, qu'il connaissait en plus, il ne lui fallut pas grand chose pour devenir froid envers tout le monde autour de lui, y compris son père. Le pire fut quand il apprit qu'elle faisait partie de ses femmes que l'on pouvait appeler « Gold Digger », elle ne voulait que son argent et rien d'autre. Le jeune homme étant déjà assez renfermé concernant ses émotions, cela n'arrangea rien, il devint bien pire, refusant ainsi chaque relation, amitié ou autre, au boulot. Malgré tout, il n'a pas été jusqu'à changer son avis sur les femmes juste parce qu'une était comme ça, il continue à les respecter bien qu'il a gagné de cette expérience l'envie quotidienne de les énerver. Ce n'est pas une marque de colère ou d'agression, il fait ça même avec des hommes parfois, il s'est juste rendu compte que la plupart des personnes simples à énerver étaient souvent les femmes. Et avec leurs petites voix féminines, les entendre crier, ça le faisait bien rire. Au fond qui sait, c'était peut-être une image qu'il cherchait à entendre, pourquoi ? Aucune idée. Après cet événement, en plus de devenir encore plus distant, Yuxian a développé des attitudes arrogantes mais surtout violentes. Il est devenu un homme qui s'énerve rapidement et qui ne réglait pas ses comptes de la meilleure façon. Malgré tout, il arrivait à garder l'image du bon fils sérieux devant les médias, mais pour les personnes le connaissant, le changement était radical.

Il y eu un jour où le jeune homme tomba sur un homme qui avait apparemment connu sa mère, bien que toujours détendu lorsqu'il parlait de sa chère et tendre mère, une remarque l'énerva au plus au point. Pour Yuxian, sa mère était parfaite. Mais pour l'homme devant lui, sa mère n'était pas arrivée à ce niveau dans la société d'une façon noble, prétendant même que celle-ci ne manquait pas de détruire la vie d'autre pour se marier avec son père, ou même qu'elle était passer par la prostitution. L'ange qu'était sa mère ne méritait pas de se faire cracher dessus et surtout lorsqu'elle n'était plus de ce monde. Yuxian était devenu rapidement incontrôlable, il n'hésita pas, ou plutôt ne sut se retenir, de ruer de coup l'homme devant lui jusqu'à le faire saigner et se faire saigner des mains. Ce fut ses hommes de mains qui l'éloigna de l'homme, mais quelques secondes plus tard, sous la colère, le jeune homme souhaita à haute voix la mort de cet être. Bien sûr, même s'il le pensait fortement, Yuxian lui-même n'irait pas jusqu'à tuer. Seulement, le lendemain, une fois calmé, Yuxian apprit la mort de l'homme en question, il ne pensait pas que quelqu'un ferait ce sale boulot, que sous son ordre, ils pouvaient même aller jusqu'à tuer. Rapidement, Yuxian devint méfiant de lui-même, mais surtout de son père, qui devait sûrement être au courant d'une telle chose, et qui avait pu en faire usage. Le jeune homme savait qu'il n'était pas immunisé contre les caprices de son cœur qui s'attache à des choses bien trop superficielles, mais il espérait toujours ne plus jamais tomber amoureux d'une mauvaise personne. Son cœur en décida autrement, quand il voyait cette jeune femme devant lui, il devenait à la fois doux comme un agneau et protecteur presque abusif. Celle-ci ne le connaissant que très peu, Yuxian prenait sur lui pour ne pas la coller et vérifier que personne de potentiellement dangereux ne restait avec elle. Cette obsession de la protection venait sûrement de ce qu'il a perdu en perdant sa mère, et du fait qu'en protégeant les autres, c'était sa façon la plus facile d'avouer une quelconque sympathie envers la personne. Cet amour à sens unique est l'une des raisons pour laquelle il est constamment stressé, il ne se dirait pas jaloux, mais juste possessif, ce qui est presque la même chose au fond. Il sait malgré tout faire la différence entre la réalité et la fiction, sachant que même s'il le souhaiterait, il ne pourrait gagner le cœur de la jeune femme.

Depuis quelques jours maintenant, Yuxian commença à se séparer de cette idée de sa mère comme la femme parfaite, commençant à se dire que cette obsession devenait presque effrayante même pour lui. Il commença à essayer de ne pas imaginer le meilleur de chaque personne et se dire que personne n'est parfait, et surtout pas lui. Mais il commença à réfléchir sérieusement sur sa vie, et au fond, même s'il avait pu sourire, faire des choses qu'il aime, il n'a jamais été heureux depuis qu'il a perdu les seules vraies traces parentales à ses 13 ans avec sa tante. Son père n'avait jamais compté dans le lot. Il avait abandonné ce sentiment depuis bien longtemps, il n'était qu'un simple homme d'affaire, comptant les billets de son père pour surveiller ses finances. Et pourtant au fond de lui résider toujours ce petit garçon heureux et souriant, mais il s'est égaré et s'est retrouvé enterré trois pieds sous terre, étant la seule protection qu'il a pu trouver.

Récemment, son père est venu le voir en compagnie d'un homme que Yuxian connaissait seulement de vue, l'ayant vu passer deux ou trois fois à la télévision quand il l'a regardé. Yuxian était là juste pour le geste, il ne pensait pas que le sujet en question serait lui. Et il ne s'attendait encore moins à entendre les mots qui suivaient « mariage ». D'accord, il commençait à se faire à un âge où on cherchait à se marier, mais comme ça dans son dos, ils avaient tout prévu. Ils avaient une date approximative, une femme à lui présenter, et de magnifiques instructions de la part de son père lui demandant de la calmer, la remettre sur le chemin de la bonne femme au foyer et si possible avoir un enfant juste après le mariage. Comment dire que Yuxian, en plus d'être énervé, était un petit peu dégoûté par la chose. En plus de lui faire marier une femme qui ne connaissait même pas, une vieille en plus, il fallait qu'elle soit le genre de personne à lui résister. Comment dire que la vie allait être assez difficile à présent.