(( b i r t h )) la lueur bleutée des néons et le carrelage glacial, la fumée d'une cigarette et les premiers cris d'un enfant. c'est la scène de la naissance de gaho qui s'égosille dans les bras dédaigneux de sa mère. elle a les yeux cerclés de mauves et les lèvres pincées d'indifférence. jeune, c'est le premier mot qui vient lorsqu'on la contemple, trop jeune pour être si abimée.

"bébé c'est vraiment dégueulasse." qu'elle lance d'une voix laconique à l'homme aux traits juvéniles qui la contemple depuis l'entrée de la salle de bain. il a l'air totalement dépassé par ce qui joue devant lui. est-ce la vue du sang qui le fait pâlir ainsi ? où simplement le vertige immense de s'imaginer père à son âge.

jusqu'à hier, la vie qu'ils menaient se résumait à faire l'amour et à s’insuffler tous les poisons possibles pourvu qu'ils le amènent à cet état si délicieusement désinhibé. leur monde comme ils l’appellent. l'idée qu'ils allaient être parents flottaient vaguement dans un coin de leur esprit, à peine concrétisé par son ventre à elle, un peu bombé. comme s'il avait voulu se faire oublié.

"qu'est-ce qu'on va faire ?
— pourquoi tu me demandes à moi ? c'est à toi d'savoir"

(( b o y  m e e t s  g i r l )) il va lui en falloir du courage, au père hwang, pour renoncer à ses addictions, renier ses vieux démons. c'est difficile de grandir, mais quelques part, l'idée que c'est pas pour lui qu'il s'enfuit, ça lui a donné la détermination de pas se laisser submerger à nouveau. fallait qu'il éloigne gaho de sa mère qui se laissait consumer peu à peu. la gamine elle a jamais réussi à s'en sortir, sa vie n'est qu'une ascension vers la destruction. alors il est parti avec son gamin de deux ans, et il l'a laissé là avec ses seringues pour seules compagnes.

il est devenu sobre, raisonnable, père. et sur les coups des cinq ans du garçon, il l'a rencontrée. le coup de foudre devant l'école maternelle. grotesque, fulgurant, assez éternel pour les mener à un mariage solide. c'était dur pour gaho, de voir son père accaparé par une inconnue. c'est comme ça qu'il a connu bomi, la fille. elle a pris son temps, pour finalement s'imposer comme sa soeur. elle et les enfants qui naitront de l'union.

(( s h a m e )) gaho a continué de voir sa mère de temps en temps, volonté de son père de jamais le priver de sa génitrice. sentiments mélangés, gaho il sait qu'il a deux mamans, celle de son coeur et celle de son sang. cette dernière finira par franchir une limite indicible. elle est emprisonnée lorsque le garçon atteint l'âge de 9 ans. difficile à expliquer qu'on dira. difficile à vivre pour le jeune homme qui, alors qu'il grandit, prend peu à peu conscience du poids de l'héritage qu'il porte. cette part monstrueuse, pleine de colère et de folie, il voudrait tant se l'arracher. adolescent, il souffrira plus que les autres, flirtant avec un violence qu'il cherche désespérément à refouler. il continuera à visiter sa mère en prison de temps en temps, incapable de rompre l'emprise insidieuse qu'elle peut avoir sur lui.

(( c o m e d y )) gaho il s'invente un personnage au fil du temps. faut bien cacher l'enfant qui pleure sa mère derrière une façade d'homme. puis il veut plus lui montrer à elle, à quel point il tremble quand elle l'appelle "bébé". qu'est-ce qu'il voudrait oublier que c'est de ses entrailles qu'il est né. et le jeu devient passion, vocation. son moyen de briller, de fuir ce quotidien qu'il affectionne sans pouvoir s'en satisfaire. gaho il a des rêves, des aspirations bien à lui. au fond il sait bien qu'il vaut mieux que tout ce qu'il peut obtenir aujourd'hui.

(+) gaho est sollicité par Bomi et Yang Noam pour jouer le rôle masculin de leur projet de webdrama, adapté d'un manga (à définir). D'abord peu emballé par l'idée de participer à ce genre de production artisanale, il finit par se laisser convaincre par sa soeur et s'engage à contre-coeur dans une aventure en laquelle il ne croit pas particulièrement.