— c’est une détonation qui résonne, mise à mort à coup de mots canon sans aucune possibilité de résurrection. c’est une explosion soudaine, une détonation incertaine qui ne laisse qu’une vulgaire trainée de poudre ; à arracher les chairs, éclater les organes – avec le sourire du démon qui se fend, déchire la moitié de son visage.
il y a de la colère qui s’exprime en un rire ; fantôme qui se stabilise dans sa réalité, s’ancre enfin après un réveil forcé. ta voix vient vriller comme une fausse note au fond de sa cervelle, à essayer vainement d’en déceler une quelconque mélodie à exploiter.
j’suis venu vérifier si t’étais toujours en vie, c’est déjà bien, m’en d’mande pas trop s’il te plait.
sourcil qui s’arque – arrogant, ou complètement défaillant. il y a qu’à sentir le poids de ton regard ; c’est du plomb qui soudainement vient s’abattre sur ses épaules, au creux de sa nuque.
il hausse les épaules sans grande conviction, observe les nervures de ton visage – s’demande quelle névrose commence à vous bouffer, si il doit encore lutter.
gros débile ? ouais, j’vais pas mentir, j'trouve ça me va plutôt bien. surtout quand on considère le fait que tu m’prends pour le roi des cons.
faut noter où ça tache, où ça s’encrasse, où c’est impossible à nettoyer. l’abomination est tellement grande qu’il faudrait presque l’éradiquer – yujin il a toujours la gueule qui jure avec le reste du paysage, vient brouiller les couleurs derrière son passage.
ah ouais, t’éloigner hein ? l’genre de gars à fuir ses problèmes plutôt que les affronter, j’note. t'es un malefoy, dans l'genre, non ?
t’as un mois de retard, yuta.
t’avais trente jours de sursis, trente pour venir le voir et expliqué pourquoi t’as fuis, pourquoi tu t’es tiré du jour au lendemain sans donner le moindre signe de vie.
t’as un mois de retard, yuta ; et dans sa bêtise la plus grandiose yujin il est incapable de faire table rase comme le dernier des imbéciles.
parce qu’il est facile à interchanger, yujin – il est là et ça t’fait marrer, et puis quand t’es lassé il suffit de t’éloigner. une poupée de chiffon, un jouet à moitié cassé qu’on a foutu au placard, qu’on ressort parce qu’on se dit qu’il n’est jamais trop tard.
c’est l’bon con, l’bon pote – là pour vous faire oublier votre triste existence et étouffer le moindre de vos remords.
c’est facile, avec yujin.
j’peux pas comprendre, hein ? de mieux en mieux yuta, ouais franchement j’suis à deux doigts de t’applaudir pour ta superbe prestation.
c’est facile, suffit d’effacer, de tout recommencer,
j’suis quoi alors ? ton pote de beuverie ? avec trop peu de neurones pour capter ce que t’es en train de me raconter il y a déjà un mois ?
c’est facile, faut raturer, écorcher d’une plume aiguisée,
non, mieux. j’suis le responsable de ta – attends, t’as dit quoi déjà ? – de ta chute ? wow, tant de mérites que tu m’attribues, j’en serais presque flatté.
c’est facile – il revient toujours, yujin,
bien sûr que non que j’te voyais pas aller mal – peut être parce que j’étais tout aussi pété que toi quand ça arrivait but, well, ça échappe peut être à ton esprit si avisé, j’en sais rien.
c’est facile ?
non, en réalité,
carrément impossible,
donne moi l’rôle du mauvais pote si ça peut soulager ta conscience, fout moi tous les reproches que tu veux. de toute façon, ça semble être à vous tous votre spécialité.
il y a noam,
noam qui l’a regardé, noam qui s’est détourné ;
il y a sunhi,
avec son sourire à moitié dilué –
me sauver ? bordel mais c’est pas parce que t’es mal dans ta peau que j’le suis tout autant que toi, va falloir que t’apprennes à regarder autre chose que ton propre nombril –
c’est une mine sous vos pieds –
réaction en chaîne impossible à stopper.
faut dire qu’le sourire il est tombé, que les sourcils se sont froncés ; et yujin il a perdu de sa chaleur, de sa lueur – il devient fade à son tour,
miséreux.
et t’oses me dire que t’es mon frère, après tout ça ? c’en devient pathétique, yuta. j’suis pas le gars que tu gardes dans ta vie quand ça t’arranges, ça marche pas comme ça. alors non, j’suis pas venu avec mon jogging pour courir à tes côtés, parce que ça fait plus d’un mois qu’j’avance sans t’avoir à mes côtés, gros trou du cul.
un abandon ;
il n’y a pas de place pour les traitres.