Chin, Chin, Chin. Qui es-tu ? Quelle est ta vie ?

Durant ton enfance, tu as été chouchouté, plus que la normale. Parce que les microbes étaient tombés amoureux de toi, tu as passé tes plus tendres petites années à l'hôpital. Les copains que tu avais, lorsque tu pouvais aller à l'école, tu ne les as pas gardés. Petit mais pas bête pour comprendre, tu savais que tu étais juste de passage dans leur vie. Et puis la tienne, peut-être qu'elle ne durerait pas.

Tu aimais tes parents plus que tout, tu n'avais d'yeux que pour eux, parce qu'ils étaient tout le temps avec toi. Tu étais le seul enfant, mais tu prenais leur devoir comme une véritable bénédiction. Tes illusions d'enfant sont tombées, tu étais juste un fardeau. S'ils avaient pu avoir un autre enfant, sans doute l'auraient-ils fait. Mais un gamin malade, ça coûte cher, et ça prend du temps.

Petit déjà, tu étais un enfant très intelligent. Tu n'étais pas passionné par les jeux de ton âge, mais par tout ce qui pouvait stimuler ton intellect. Tu n'avais pas beaucoup de discussions avec les autres, ce qui t'a rendu très proche de ta famille. Celle qui se préoccupait de toi, celle qui te regardait vraiment comme une personne et pas comme un gamin malade, incapable de prendre soin de lui-même. Tu aimais la famille du côté de ta mère, surtout ta tante et son fils, ton cousin du coup.

Tu avais un QI plutôt élevé, et tes professeurs particuliers ne t'apprenaient rien, en vérité. Parce que tu te renseignais sur plein de choses, tu lisais énormément de livres et regardais les informations. Cela a construit une certaine indépendance quelque part, même si tu étais totalement dépendant de l'attention qu'on te portait. Tu étais malade, certes, mais si tu ne l'avais pas été, est-ce que la situation aurait été la même ? Tu doutes encore aujourd'hui.

A l'adolescence, tu es parvenu à avoir un traitement stable et suffisant pour que tu puisses aller un peu plus souvent à l'école, et ainsi te stabiliser. Mais ceci ne s'est pas fait sans l'aide et le soutien de ton cousin, Seungjin, et sa mère.

Lorsque ta tante est décédée, c'est comme si ton monde s'était écroulé. Tu n'avais que 16 ans. Deux ans après, quand ton cousin est parti aux USA, tu as été arrêté par la police, pour t'être mêlé des affaires de quelqu'un d'autre. Tu as fait quelques mois de prison, avant que tes parents ne t'envoient ailleurs. Le fardeau que tu représentais était trop lourd, on t'a donc envoyé quelque part. Tes 18 ans sont vite passés. Trop vite.

Un homme gérant un petit coffee shop t'a hébergé, contre l'argent du gouvernement, le temps que tu sois de nouveau un homme libre, tu étais seul contre le monde entier, mais tu as essayé de rester calme le temps que ça se tasse. Tu devais faire un an chez ce monsieur, histoire de reprendre l'école, de te refaire une vie tranquille et qu'on te foute vraiment la paix.

Cela a été la période la plus difficile de ta vie, parce que tu as du te construire sans ta famille, sans cette dépendance que tu avais depuis ta naissance. Tu avais toujours été malade, et à présent, tu ne l'étais plus (ou en partie, ton traitement à vie aidant à te maintenir en vie et en bonne santé), mais tout le reste était parti avec.

Tu as donc repris une année tes études au lycée, mais ton intelligence dépassant les autres, tu as juste assisté sans participé. Cette année t'avait permis de travailler dans une épicerie après les cours, puis dans un restaurant jusque tard dans la nuit. Cela te permettait de penser à autre chose, de FAIRE autre chose, d'oublier la solitude dans laquelle tu t'enterrais.

S'il y avait quelque chose que tu pouvais arrêter, après cette année de réhabilitation, c'était bien les cours. Tu n'en avais pas besoin, tu en avais conscience, presque 20 ans, tu savais déjà ce que tu voulais pour ton futur. Le monsieur qui s'est occupé de toi t'a proposé de te former vraiment sur comment être Barista, et tu as accepté. S'il y avait quelque chose que tu aimes vraiment faire, c'est du café. Aussi bête que cela puisse paraître.

Ton potentiel intellectuel n'est pas exploité, mais tu n'en as pas envie. Cela t'a valu trop de solitude, et tu n'en veux plus. Tu as changé depuis le petit garçon qui n'est plus pris sous les ailes de ses parents, tu es devenu un petit voyou d'apparence, même si tu ne te frottes plus aux autorités. Tu continues de travailler au café, mais tu as aussi pris un temps partiel à la SNU en tant que surveillant. Tu devrais te sociabiliser avec des gens de ton âge, voilà ce que t'a dit ton tuteur.

Tu aurais du rentrer chez toi, retrouver tes parents, mais c'était trop compliqué, tu as juste refusé, pris un appartement pour toi, et choisi de suivre ton propre bonhomme de chemin.