tu détestes tes parents parce que tu as constamment eu l’impression de ne jamais être assez bien pour eux. depuis que tu es enfant tu penses qu’ils préfèrent ton grand-frère. il a toujours fait mieux que toi et n’a jamais oublié de te le rappeler. déjà enfant tu rêvais d’indépendance et du moment où tu pourrais quitter la maison familiale.  
ton père dirige une entreprise familiale d’import-export et ta mère est journaliste. tu as déjà fait des fugues à plusieurs reprises, mais tes parents ont toujours fini par te retrouver en employant des personnes pour le faire.  tu préfères passer le plus clair de ton temps avec ta bande de pote. ce sont eux ta véritable famille.
t’es quelqu’un de sociable, tu n’as jamais eu de problème à te faire ta place à l’école. le garçon qu’au moins les trois quarts de l’établissement connaissait de nom, c’était toi. tu te faisais remarqué par les élèves, les professeurs et les surveillants. au début tu ne le cherchais pas spécialement, et puis c’est devenu comme une habitude, quelque chose que tu voulais faire délibérément pour énervé tes parents.
du succès avec les filles t’en as eu beaucoup. toujours aujourd’hui. t’as cet air qu’elles aiment bien, et puis tu sais très bien les baratiner. tu n’as jamais douté de ton attirance physique pour les filles, mais tu n’as jamais vraiment été amoureux de l’une d’elles.
A cause de lui.  

il a ce même regard. il l’avait toujours eu. depuis quand est-ce qu’il a cet effet sur toi ? depuis un temps, peut-être quelques mois, quelques années, peut-être depuis toujours. tout a toujours tourné autour de lui. il fallait qu’il soit du même avis que toi, si tu devais sortir, tu voulais qu’il vienne aussi. s’il sortait, tu voulais venir aussi. c’était toi et lui. c’était peut-être une évidence ? une de ces évidences qu’on refuse d’admettre pour soi-même. alors on essaie de la cacher, de l’oublier, de s’oublier. combien de fois est-ce que tu as tenté de te voiler la face avant d’abandonner cette idée ? tu avais tenté d’aimer, de donner ton amour à d’autres. il y avait eu quelques histoires longues, mais personne n’était parvenu à te marquer. tu ne lui avais jamais rien dit. tout le monde était conscient de la proximité qui existait entre vous deux, mais seule une grande amitié pouvait justifier à leurs yeux l’attachement que vous vous accordiez. a ses yeux aussi d’ailleurs. c’était ce que tu t’étais dit au moment où ces trois mots malheureux s’étaient frayé un chemin entre tes lèvres. trop tard. même si l’alcool dans ton sang augmentait tous tes sens, la réalité ne pouvait pas être plus violente qu’elle le fut à cet instant. il avait ce même regard, puis plus rien. comme si quelques secondes lui avaient été nécessaire avant d’assimiler ta déclaration. il avait détourné ses iris des tiennes, reculé d’un pas. puis deux, puis trois… alors tu avais tendu la main, comme pour le rattraper, pour l’empêcher de s’enfuir, l’empêcher de te laisser tomber. il n’avait rien dit, mais tu pouvais lire sur son visage ce qu’il n’avait pas besoin de dire à voix haute.