-"qui va mourir la première hein?"

les yeux clos en face d'elle ne renvoient pas son reflet. heureusement, car peu esthétique est le coquard jonché près de sa pupille. oui, heureusement que sa mère dort, comment pourrait-elle supporter le spectacle des blessures de sa fille? c'est laid. beaucoup trop laid. partout où le fond de teint n'a que peu d'effet. de son regard esquinté, l'enfant surveille le sommeil de celle qu'elle veut plus que tout protéger. ses doigts glissent sur sa joue, cherchant peut-être à faire fuir la maladie par la chaleur de son cœur. brûle, brûle.. laisse lui donc un peu de répit! laisse la de nouveau s'imprégner de ce qu'est être en vie! laisse la, laisse la moi. je t'en prie. prières silencieuses, alors qu'un soupir s'échappe de ses lèvres... inutile est l'attente, irritant est l'espoir. maya est trop certaine qu'au destin accepté, il n'y a plus d'échappatoire : le sien semble déjà toute tracé, entrelacé entre coups et mariage forcé. un lit d’hôpital, exactement comme celui que sa chère génitrice est en train d'occuper l'attend à la clé. celui qu'elle occupera un jour ne sera sans doute pas aussi blanc et empreint d'une fausse pureté, oui, elle sait déjà que derrière les draps, les bleus continueront à la joncher. à croire que tous les hommes de sa vie veulent lui faire saisir qu'il s'agit simplement du prix à payer en tant que femme, pour oser exister dans un monde valorisant sans cesse l'excès de virilité. alors que maya n'a pourtant que faire de ces stupidité, n'ayant simplement besoin que d'un crayon et d'un bout de papier pour pouvoir véritablement respirer.

-"j'espère que tu me pardonneras de ne pas me laisser faire."

les yeux qui s'attardent sur le sac derrière. une invitation d'honneur à un virage, un appel au lointain où à défaut de prince charmant sur cheval blanc, c'est maya elle-même qui se sauve, direction le firmament? y a dans ces petites affaires, de quoi un temps éviter la misère: le compte que son père s'amusait à affamer, le voilà vidé lui laissant tout un tas de billet. quelques vêtements, ayant plus une valeur personnelle qu'une tentative d'un paraître élégant... de toute façon, plus moyen de se la jouer fine héritière, ni même étudiante en galère: adieu l’oisiveté, adieu l'université. il ne s'agit pas d'un syndrome de la page blanche, mais d'une véritable renaissance. comme si son futur était lancé en charpie, au petit bonheur la chance.

-"ママ愛していますよ."

se lever, sans même savoir où aller. s'éloigner, en résistant à cette volonté de se retourner, d'abandonner. il était si simple de se laisser aller à la simple banalité, à l'avenir piteux qui l'attendait. surtout qu'être retrouvée après avoir tenté de fuguer risquait de faire qu'encore un peu plus, sa situation au sein de la famille chae puisse empirer. pourquoi, pourquoi résister?
parce qu'elle se veut tempête, elle se veut bourrasque.
elle se veut autre
de l'inattendu, là voilà apôtre
de ceux qui la voulaient risible mirage
dans ses yeux, qu'ils lisent le brillant message


mais vent qui se perd dans la nuit, s'oublie dans l'agonie d'une ville quasiment endormie.. crois tu réellement que toutes tes décisions sont sages?