sian est né dans une famille qui n’aurait jamais eu à envier quiconque car elle possédait déjà tout. mais tout n’était visiblement pas assez pour papa et maman. opportunistes et égocentriques, les kim n’ont que la montée dans l’échelle sociale comme objectif de vie. papa ceo et maman ex-mannequin, couple dont les apparences hautaines laissent deviner la personnalité. ❥ à la grande surprise générale, maman a mis au monde de faux jumeaux. le premier, garçon, est sorti quelques minutes avant sa sœur. sian et siah ont toujours été fusionnels, comme si les deux âmes n’avaient formé qu’une avant de se séparer. leurs caractères se sont pourtant bien singularisés avec le temps. ❥ sian a toujours été celui qui voyait le vice dans les cadeaux des parents. comme si l’argent pouvait tout acheter. pas lui. musicien, artiste, il voulait en faire son métier au grand damne des kim. face à ce énième désaccord, sian a préféré quitter la maison et s’éloigner de ceux qui le tenait prisonnier. il a été déshérité et est parti vivre chez sa tante au japon. c’était il y a deux ans.  ❥ il a eu du mal à s’y habitué au début. il avait des bases de japonais, mais a dû prendre des cours pour pouvoir parler correctement la langue. sa tante n’était presque jamais là elle non plus, elle faisait sa vie de son côté. ❥ sian n’avait jamais été seul auparavant. même si papa et maman n’étaient pas là, il y avait toujours eu siah. pas au japon. il a commencé à fréquenter les mauvaises personnes, à rentrer à pas d’heure, à ne pas rentrer du tout. mentant sur son âge pour se faire accepter là où il n’aurait pas dû être, les mauvaises décisions se sont enchaînées jusqu’à une perte totale de contrôle. tu pensais pouvoir gérer, pouvoir suivre la vie que tu voulais : mais t’avais eu tort. en fait, c’était beaucoup plus compliqué. ❥ privé d'héritage et de l'argent de papa et maman, sian a dû trouver d’autres moyens de subvenir à ses besoins. sa tante lui laissait de l’argent parfois, mais pas autant qu’il l’aurait voulu. alors il s’est mis à parier, à jouer.  ❥ haru, il l'a rencontré au japon. une mauvaise rencontre parmi d'autres, une mauvaise fréquentation. et puis tout s'est embrouillé. tu l'aimes. c'est forcément ça. c'est sûrement ça. qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ? mais aucun de vous deux n'a le courage d'y mettre un mot. un mot sur ce qui vous lit, un mot sur une évidence. ❥ après deux ans à l'étranger, sian est revenu reprendre ses études en corée. reprends-toi sian, c'était pas ce que t'avais prévu. fuir la maison familiale pour quoi ? traîner dans les rues de tokyo ? tu sais que tu as pris un chemin difficile depuis la fois où tu as claquer la porte de chez tes parents, mais en revenant en corée tu voudrais reprendre ta vie en main.

tu n’iras pas dans cette école. des études d’arts ? mais pour qui est-ce que tu nous prends ? on a déjà réfléchis à tes études. tu devrais reprendre les affaires de ton père.

la goute d’eau qui a fait déborder le vase. aucune considération pour ce que toi tu voulais. aucune considération pour ce que tu aimais. tu n’as pas ton mot à dire concernant ton avenir. ils avaient déjà tout décidé. comme d’habitude. la volonté de leurs enfants n’avait aucune espèce d’importance.

mais t’en pouvais plus.
tu pouvais plus.

toi t’avais déjà une idée de ce que tu voulais faire, de qui tu voulais devenir. t’avais des idéaux, des rêves.
t’étais jeune et peut-être un peu inconscient.
mais tu savais très bien ce que tu ne voulais pas.

alors t’es parti.
qu’ils aillent tous au diable.



c’était pas normal.
tu savais que ce n’était pas normal.

c’est pas comme ça qu’on est censé se sentir quand un ami est un peu trop proche de quelqu’un d’autre. t’étais jaloux, tellement jaloux. alors tu lui prenais la tête. qu’est-ce qu’il faisait là-bas avec elle ? pourquoi est-ce qu’il n’était pas rentré ? pourquoi est-ce qu’il ne t’avait pas prévenu ? est-ce qu’il voulait te cacher quelque chose ?

de quoi tu te mêles au juste ?

mais haru était à toi. même si tu ne voulais pas le lui dire, c’était ce que tu ressentais au fond. pourtant tu n’étais qu’un jeune coréen paumé au japon qui avait mal choisi ses fréquentations.
haru était une de ces mauvaises fréquentations.

« j’ai pas envie de te faire du mal »
décide pas pour nous deux
« t’assumes juste rien »

assume qu’il y a quelque chose.
quelque chose entre nous deux.
c’est pas normal.
c’est quoi être normal ?



tu te souviens des cris, des plaintes, des prises de tête. du moment où tu n’en pouvais plus. le moment où ta décision était actée : il fallait que tu t’en ailles.

t’allais partir, c’était mieux pour tout le monde. pour toi, pour tes parents.

et siah ?

t’avais eu peur un moment : de son regard, qu’elle soit triste.

peur qu’elle te dise de rester.

t’étais parti sans elle. comme si quelques mots sur une feuille pouvaient briser les milliers de kilomètres qui vous séparaient, tu pensais que des cartes postales pourrais combler ton absence.
encore un mauvais jugement.

siah.

siah et ses longs cheveux noirs, ses yeux en amandes dont toi aussi tu avais hérité. après deux ans d’absence elle était enfin en face de toi.
mais qu’est-ce que t’allais bien pouvoir lui dire ? tu m’as manqué siah, je suis revenu.

ton jumeau est revenu.