regard éteint lorsque, posé sur le monde, le théâtre déclame vers et proses. venus se fout bien des bruits qui courent et des doigts qui pointent. ( anti-conformiste ) rares sont ceux sur lesquels son jugement s'arrête. tolérance, maître-mot qui assure une sympathie générale ; quoi qu'en pensent les autres il n'est pas difficile de l'approcher. ❥ curieux mélange d'espoir et de défaitisme où s'enchevêtrent les doutes -- cocktail molotov. sous un masque d'indifférence l'enfant tremble de n'être jamais assez bien pour tout ce qu'elle convoite ; si l'amour d'un père a une fin alors rien n'est éternel. ❥ le syndrome de l'imposteur l'attrape et l'enserre, elle en est son pantin, sa poupée disloquée qui ne marche plus droit. elle n'est pas assez douée, pas assez forte, pas assez lumineuse pour mériter le bonheur. et d'ambition brisée elle fait norme, si ce n'est motto auquel rien ne déroge : venus ne mérite que l'échec et le spleen. ❥ yeux fous, monde flou. myopie traînée depuis la naissance. les formes se brouillent et l'horizon n'est plus qu'un coup de pinceau vulgaire, amoncellement de bleus et de gris à en faire tourner la tête. venus ne perçoit qu'à travers le prisme de ses lunettes, qu'elle troque à l'occasion pour des lentilles. ❥ on l'assimile trop souvent aux damnés qui pullulent à l'orée des bordels, gisent dans des flaques d'alcool ravalées trois fois, empestent la drogue et le sexe. pourtant ça la fait flipper le monde de la nuit. elle risqué plus d'une fois de se faire planter, elle sait la misère des dépravés et l'angoisse des dédales lorsqu'on la course dans les artères de séoul. mais c'est plus fort qu'elle, elle arpente les quartiers sordides pour assouvir sa soif d'adrénaline. et tout bas, on murmure qu'elle cherche la vie aux frontières de la mort. ❥ ( scars&bruises ) ; ils parcourent la peau d'ivoire comme autant d'histoires qu'on n'aborde pas. arborées sans orgueil, fleurs bleues et pourpres se succèdent sans se laisser le temps de faner, unique indice des névroses qu'elle tait si bien. et dans la moiteur des corps enlacés se dévoile l'ultime stigmate de ses nuits, taillade longue comme une main d'homme sur la côte fragile. ❥ elle a beau n'avoir jamais aimé les étiquettes, lorsqu'on lui demande en quoi elle croit elle se dit agnostique. ni dieu ni maître, mais peut-être l'enfer à la clef de ses libertés. et elle hausse les épaules si l'on insiste ; non, j'ai pas peur. elle a accepté la mort comme une fatalité, un coup de faux qui ne tarderait pas, car sans pouvoir l'expliquer elle nourrit depuis toujours le sentiment qu'elle ne verra pas sa première ride. ❥ et puisque tout doit périr, elle va d'amants en amours, et son âme s'émeut, s'attache et se brise au rythme des conquêtes. aussi intenses que brèves, histoires ( crève-cœurs ) auxquelles elle ne succombe que pour mieux les briser. pure folie, ou exutoire pour la peine bien plus profonde qu'elle porte et étouffe ? ❥ s'il faut expier par la douleur les fautes dont elle est coupable, venus prend aussi le temps d'évacuer la colère qui gronde, infatigable, dans les combats de corps-à-corps. fusion des chairs ou duels à mains gantées, elle annihile souvent par la boxe une peine psychologique devenue trop lourde. on se moque de la silhouette frêle, du brin de femme qui se croit louve. mais les téméraires n'ont jamais tort ; seuls les perdants se lamentent.