enfant de nulle part, enfant de personne. parents qui avaient fuis le pays pour une illusion de meilleure vie, qui s'étaient imposés en sol coréen. le mirage ne dure pas, les esprits confrontés trop rapidement à la réalité. incapables de subvenir à leur besoin, eux qui n'ont ni identités, ni connaissances. petits boulots ingrats sont accumulés et l'étincelle meurt, l'âme est corrompue par la misère et le désespoir encrasse le myocarde. rien qui allège les esprits, l'amour mort et enterré sous les dettes qui s'empilent.

voulue, attendue, rêvée. le coeur y est, mais la réalité s'impose, étouffant, écrasante. pas assez pour faire forger de faux papiers, à peine assez pour la nourrir. on veut pourtant lui offrir, on aurait voulu lui laisser un empire, mais il n'y a qu'un monde vide et indifférent qui l'attend. un monde d'impécuniosité et de désespoir.

parents absents, qui se tuent à la tâche, enfant forcée d'être adulte avant d'avoir la chance de simplement exister. gamine de la boue, gamine sans rien, gamine au sang de clochard. elle grandit sous les injures, sous le joug d'une population au racisme rampant, dans une nation à l'élitisme écrasant. enfant rabaissée avant d'avoir pu s'élevée, les poings serrés à espérer un jour où elle saurait finalement se tenir droite, fière de son identité fracturée.

jolie poupée, gamine objet. jeune mais pas naïve, caractère forgé par l'adversité et le regard brûlant de colère. elle les vois les vieux pervers, sent leurs regards lascifs glisser le long de ses courbes, entend les commentaires déplacés, les propositions lancées, parfois sérieusement. gamine sans futur, gamine qu'on encourage de prendre le même chemin que sa matriarche pendant qu'elle est encore jeune et fraiche, pendant qu'elle vaut quelques choses. colère qui s'exprime pour la première fois, les poings laiteux teinté de carmin et un réconfort momentané, le myocarde libéré de l'emprise étouffante.

étudiante médiocre, au potentiel étouffé. peur paralysante devant la page blanche, la respiration qui s'emballe, incontrôlable, l'encre noir qui se brouille, les mots s'emmêlant en un foullis illisible. impossible de faire du sens avec ce qui se déroule sous ses yeux. enfant veut tant prouver sa valeur qu'elle place un poids écrasant sur ses propres épaules jusqu'à flancher devant ses propres exigences.

menteuse, tricheuse, and everything in between. confiance en soi et aspirations décimées, il n'y a qu'un brasier de haine qui l'habitude. adolescence turbulente, gamine animale qui mord les quelques mains tendues, qui ne connait ni la confiance ni l'amour. tout n'est qu'obscurité et futilité, sa vie condamnée à n'être qu'une suite de déception. elle veut leur faire payer, veut justice pour son existence pathétique. ses parents, ses professeurs, les inconnus dans la rue, elle, tous. elle en veut à l'univers entier. crache sa hargne à chaque mauvais coups, à chaque transgressions.

enfant bombe, prête à exploser. elle étouffe dans cette routine, les jours qui s'enchainent identiques, interchangeables. ils se sont immiscé dans sa vie, sont venus tempéré sa colère et poser un baume sur son coeur meurtri. ils ont su, chacun à leur façon l'aimer ; avoir, ne serais-ce qu'infiniment, un aperçu de l'immense tristesse qu'elle-même ne soupçonne pas. dans ce monde qui semble s'acharner, ils sont les seuls à rugir à ses côtés.

enfant presque qu'adulte, mais sans enfance. personne pour la protéger, personne pour l'aimer, pour lui apprendre à s'aimer. gamine aux défauts infinis, seule rédemption à travers les traits poupin. incapable de s'aimer, incapable d'aimer les autres, il n'y a qu'une colère brasier qui l'immole. façade illusoire pour cacher le bain de sang dans lequel son coeur meurt, cri à l'aide assassiné avant de pouvoir naître. nuwa est perdue, nuwa c'est l'enfant qui ne retrouve pas son chemin, c'est l'enfant qui pleurs dans les ténèbres du désespoir, qui attaque pour mieux se défendre. de vous deux, c'est probablement elle qui se déteste le plus ; vérité cachée par la rage qui déforme ses traits.