Pour certains, c’est l’hôpital.

La poignante odeur de la mort aseptisée, la masse blanche indistincte qui se presse entre les services, l’angoisse manifeste des patients qui le sont contre leur gré. Un simple souffle de l’odeur mi-détergent, mi-désinfectant pour plaies suffit à réveiller une crainte ancestrale des plus difficiles à repousser.

Elle, c’est derrière les bureaux que se hérissent les cheveux sur sa nuque. Convocations par les flics pour récupérer Daniel. Convocations chez son patron parce qu’elle a fait tomber trop de légumes, traîné sur trop de commandes, été en retard trop de fois cette semaine. Convocations au tribunal parce qu’elle a fait trop de conneries, grillé trop de chances pour rester chez les Han, les Kim, les McGowan, les Kang.

Phobie des institutions juridiques. Elle sourit. Faudrait le noter, ça. Ça peut faire un bon titre.

« Bon, je vous propose de parcourir votre dossier », amorce l’homme en noir en posant ses larges mains veineuses à plat sur le bureau.

Elle courbe l’échine et s’enfonce dans son siège. C’est un instinct devant les hommes en uniforme – baisser les yeux, ne pas répondre, acquiescer à tout en faisant bien comprendre qu'on ne l'y reprendrait plus. Ses mains frottent nerveusement contre le vieux tissu de son jean et se prennent dans les éraflures. Elle dodeline plusieurs fois de la tête avec un enthousiasme feint. Elle ne sait toujours pas pourquoi elle est là, et le dossier que le représentant de l’Etat pousse sous ses yeux ne l’éclaire pas davantage.

Acte de succession, c’est écrit. En-dessous, plusieurs noms qu’elle ne connaît pas, le sien, et pleins de mots qu’elle n’a jamais vus écrits en coréen avant. Hypothèque.
Usu-fruits.
Elle se demande si elle va se faire virer demain pour avoir dû s’absenter aujourd’hui.

« On est là pour discuter de la succession de votre mère », simplifie le notaire, agacé par son manque de réaction.

Enfin, une phrase : « C’est que j’ai pas vraiment de mère. » Le richou dégarni lui jette un regard de biais, un peu exaspéré par son ignorance qui est manifestement inacceptable et lui procure un début de journée particulièrement difficile. « Apparemment, si, puisqu’elle a apposé votre nom sur son testament. »

Sa première réaction, c’est de ne pas réagir du tout. Son visage stoïque traduit difficilement sa surprise, tant ses traits restent figés. C’est le genre de moment que les gamines comme elle attendent pendant toute leur enfance et adolescence, jusque dans leur première année de fac payée par un crédit trop gros et leurs boulots de merde dans des sociétés de livraison qui paient à coups de fouets.
C’est le genre de moment qui arrive immanquablement dans les films de leur pop culture, et qui finit avec des cadavres et des scandales de société. Alors, assez compréhensiblement, Jiwon se garde de se réjouir.

« On est sûrs que vous avez la bonne Pyo Jiwon ? Parce qu’on est beaucoup. »

Le notaire semble passablement irrité. La réponse est sans appel : « Mademoiselle, c’est mon travail. Je sais faire mon travail. »

La jeune femme fronce le nez.
Elle le connait, leur dédain bien caché sous une couche de fausse pitié pour les gens de la basse, ceux qui ont trois zéros de moins qu’eux soigneusement alignés chaque mois sur leur paie et qui ne savent pas résoudre des conflits sans en venir aux poings. Ce dédain, il le masque bien derrière ses narines touffues qu’il essuie entre deux doigts fins et appliqués. Après tout, s’il n’y avait que des gens éduqués, on n’aurait pas besoin de lui, se dit-il. Quand il tend le contrat à la grande perche en jean, il croise son regard et il y voit miroiter la même conviction. Il reprend, la voix plus douce :
« Maintenant, si vous voulez qu’on remette tout à Mme Pyo, je n’y vois aucune objection. »

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« Ben enchantée, je suppose. »

D’un bout à l’autre du bureau, les regards se jaugent. Celui de l’une admire le tailleur coupé avec goût et gros billets, celui de l’autre a honte de s’attarder sur le jean troué de celle qu’elle doit désormais vouvoyer. Face à elle, la jeune femme a pris ses aises : son Eastpack est décidé à prendre racine sur la protection en verre de la table et elle remplit le large siège de sa présence incongrue de menue géante. Ça lui fait mal au cœur, de voir le flambeau être passé aussi facilement.

Face à elle, Jiwon prend le temps de s’habituer à la pièce. Le bureau est propre et bien rangé, sans une feuille qui en dépasse. Aucun cadre ou photo pour encombrer la table. Un hôpital : voilà ce que lui rappelle le bureau. Un hôpital avec une infirmière bien habillée qui se tient dans le coin, comme si elle ne se sentait plus à sa place, maintenant qu’on avait viré l’ancien patient de la chambre. Un patient qui est mort, du coup. Jiwon aimerait pouvoir partager sa douleur, et elle l’aurait sûrement fait, en temps normal – si ce n’était pour le fait (majeur) que la femme devant elle avait à peu près son âge.

« T’es sûre sinon, tu voulais pas le bureau ? »

Le hochement de tête qu’on lui retourne est trop rapide pour être à l’aise. Jiwon comprend. Le bonjour qu’elles ont échangé en se croisant dans l’ascenseur semble avoir dissipé tout l’oxygène concentré autour d’elles. Il n’est toujours pas revenu. « Non c’est bon, je préfère l’appartement », s’empresse de répondre la jeune femme. Et de justifier : « J’y ai pleins d’affaires. » Jiwon lui répond d’un haussement d’épaules. Sa curiosité clairement limitée pour sa génitrice interpelle Bohyung, mais elle n’ose rien dire. Elle se doute qu’elle, amante de sa mère ayant le double de son âge, aurait autant à prouver aux yeux de la blonde qu’à l’inverse, peut-être même plus.

« Et donc tu sais gérer une entreprise ? »

Les boucles blondes se sont détournées pour se pencher par-dessus les baies vitrées jusqu’à voir le sol, tout en bas. Elle défie son cerveau jusqu’à ce que le vertige la rattrape, et elle se cramponne au meuble en marbre puis y chope le presse-papier tortue. « Un peu. Je suis dans la vente et la distribution de légumes. » Bohyung se demande si vendre des clémentines vaut vraiment l’orgueil qu’elle sent dans sa voix.

« C’est une bonne situation, ça, vendeuse de légumes ? »

L’ouvrière a déjà commencé à tripoter tous les dossiers rangés soigneusement dans les armoires, ignorant vaguement la femme de sa mère – comment peut-on se marier à une femme avec un tel écart d’âge, c’est une grande question pour elle. Elle se demande si ça a un rapport avec ce truc de millennial blanche de trouver un sugar daddy et reprendre son appartement à sa mort. Ou en l’occurrence, ses deux appartements à Seoul et Nanjing.
Elle se demande soudain si elle ne s’est pas fait avoir sur la marchandise, et regrette d’avoir exagéré (un tout petit peu) ses capacités en direction d’entreprise quand le choix s’est présenté à elle. Reprendre une succursale à peine lancée dans un nouveau pays, si loin du siège social, ça change quand même de la gestion des commandes à livrer entre 6:45 et 7:15 au Tesco du coin de la rue. D'un coup, elle a chaud.

« Je sais pas. Je vais comparer avec le thon, et je te dirai. »

Finissant de se débattre avec son sweatshirt, elle l'enlève enfin et le dépose sur son bureau. La manche, un peu trop courte pour elle, vient se poser sur l'insigne de son nouveau bureau. Mme PYO, CEO de la Fondation Saupiquet. La jeune femme se gratte le ventre et se plonge semi-sérieusement dans la lecture d'un dossier sorti au hasard, si bien qu'elle entend à peine sa belle-mère prendre congé de l'office de la seule femme qui les unit.

Tu as terminé ta fiche et tu es donc validé(e) !  

Le jeu commence pour toi dès maintenant ! Mais avant de commencer à RP, il va te falloir remplir quelques paperasse afin d'être en règle et faciliter ton intégration !

Première étape à ton parcours, n'oublie pas de recenser ton avatar dans le bottin, afin qu'il soit définitivement lié à ton personnage. Ensuite, direction les relevés de compte pour y poster ce qui te feras office d'activité RP. C'est obligatoire, et bien sûr, tu devras veiller à le maintenir à jour !

Une fois ces petits détails réglés, tu peux te diriger vers les demandes de liens pour y poster ta fiche et trouver tout un tas de potos à ton personnage ! N'hésite pas à passer faire un tout du côté des réclamations, histoire pourquoi pas d'attribuer un dortoir ou un métier à ton personnage ! Si tu es sociable, tu peux te créer un compte Instagram ou Twitter, et même nous laisser ton numéro de téléphone

Tu peux à présent jouer pleinement sur le forum. N'hésite pas à profiter du Flood et de la Chatbox, nous seront ravis de t'y accueillir.

Avec ce message, tu remportes automatiquement une bourse de 200 points. N'oublie pas d'indiquer ce montant dans ton relevé de compte lorsque tu l'ouvriras !

Bon jeu sur Hundred Miles !