((六 接邻)) Court d’un fil doré sur la tapisserie rouge, pour broder d’élégance l’arbre éternel et vénérable des Liu - eux qui s’inscrivent en lettres de prestige sur les petits papiers, les portes des plus hauts bureaux, les lèvres des curieux qui chuchotent avec respect à leur propos. On raconte les Liu qui prennent racine en haut du ciel, le père-empereur de sa prestance et son sérieux, la mère-dragon de son intraitable sens des affaires ; puis Jielin le fils-nuage au visage trop vaporeux qu’on n’arrive pas à lire, qui semble avoir la frénésie de l’orage sous le crâne trop épais.

 Un battement de coeur au creux du ciel neigeux, la beauté du flocon incarnée en un visage, pour percer le matin tendre du 8 février 1997. Douceur de la jeunesse, tendresse de cette dernière qui s’enferme pourtant sous l’esprit trop lourd sans pour autant réussir à en sortir, il s’accroche aux jeunes années de peur de voir le monde changer - vingt-deux hivers aux cieux azurs.

Sous les lampions restants d’une fête de nouvelle année tout juste passée, Hangzou se marquait de rouge pour l’accueillir ; et a bercé tendrement ses premiers pas maladroits, guidé ses yeux avides à travers les rues pour un amour de sa Chine natale, qu’il aime autant qu’il la fuit. Elle, qui prédomine dans les veines.

Ils, elles, qu’importe au fond si l’âme peut briller ? C’est la grande recherche d’un esprit singulier, du joyau le mieux taillé ; mais les yeux scannent la foule sans jamais le trouver. Éternel insatisfait, les yeux ô ! si compliqués à fixer, le coeur à captiver qui voudrait tant quelqu’un à étreindre aussi fort qu’il sait le faire pour pouvoir vibrer à l’unisson. Il essaie, vient embrasser une âme si fort pour en trouver la saveur - puis s’en détache, s’en va aussi vite qu’il est venu par manque d’intérêt pour ces corps qui n’ont finalement pas d’éclat. ((pansexuel))

Elles qui brillent autant qu’elles font briller ses yeux, peintes sur l’immensité de la toile céleste et de ses mystères ; ceux dont on veut tout savoir, dont on se lasse pas d’entendre parler, puisque l’on voudrait connaître le ciel sur le bout des doigts. Fascination ô ! si intense pour cet océan astral, ses masses gazeuses et lumineuses ; tenter de comprendre l’espace depuis la plus tendre enfance, l’astronomie s’est imposée comme une évidence au moment de choisir un cursus.

Le nez sur les bouquins ou les yeux rivés au ciel, la tête un peu ailleurs. Mains de porcelaine, si fragiles, ne sauraient s’user à l’ouvrage quand les poches sont déjà pleines de trésors piochés allégrement dans les coffres familiaux. Ainsi, simple étudiant peut profiter de son temps libre aussi oisivement qu’il le désirera.

- Lui qui aime tant les étoiles, il les a mises dans ses poches - que d'astres étincelants pour remplir les coffres ! Que de diamants et de richesses ! Petit prince aux allures du businessman, la tête coiffée d’or par un nom qui prend racine parmi les plus grands des siècles passés ; le paternel s’assoit sur son empire et ses trésors amassés.

Figure fantomatique et fugace, frêle assiduité - Jielin il ne sait pas au fond ce qu’il y fait, si ce n’est tenter parfois de se donner l’air plus avenant ou satisfaire un désir paternel. Au milieu de ces soirées, bombes sensorielles, il est cette pièce de puzzle mal taillée qui ne sait parfaitement s’intégrer - sporadiques apparitions au gré des envies, il vous sourit le temps d’un verre et d’une nuit évadée avant d’à nouveau s’évaporer à l’ombre du dortoir des pierres embrasées. ((firestones))