un, deux, trois. ouvrir les yeux, bailler un peu. s'lever, arpenter le plancher troué de ses pieds au moins aussi sales, venir caresser leurs cheveux emmêlés. leur sommer de se bouger, plus que l'heure de se tirer qu'il annonce lui même encore ensommeillé. gosses qui sont tirés lentement d'un domaine à la hauteur de leur innocence, délaissant à regret leurs rêves fanés pour une réalité lassante. wang joon refile les tâches à tour de rôle sous les bruits familiers des ventres qui grommellent. le petit dégourdi va fouiller les poubelles des restaurants à proximité, la plus jeune va tenter de faire les yeux doux aux touristes, la gamine jolie va sagement étudier (une bourse en jeu, pour les parents d'adoption y a pas mieux). lui se contentera de la foule, des doigts qui glissent dans les poches, les sourires innocents. les coups quand il se fait prendre, le fait de devoir les encaisser avec la conviction de ne plus se faire attraper. se retrouver le soir dans la maison grinçante, filer dans le grenier qui leur est réservé. chacun amenant nourriture, argent, savoir autour de la table de fortune. se recoucher sur les matelas inconfortables, avec le réconfort incommensurable d'être ensemble. avant d'être le lendemain, de recommencer la ronde au petit matin.  ❥  charisme d'opérette, montée dans les supercheries: étudie le profil des gens, leur manière de parler, les regards à la volée. apprend de leurs attitudes pour à la fois les imiter et deviner qui possède le plus de billets. monte même des arnaques en tous genres! drôle de leadeur né possède maintenant les atouts de l'avidité: habilité, ingéniosité, dextérité. chacun gravit les échelons d'une vie sans façon: l'un se fait embaucher en tant que serveur où il passait fouiller les déchets, l'autre s'improvise artiste de rue et berce les plus vieux à la nuit tombée. l'étudiante souffre de sa scolarité, cache son mal-être derrière des sourires surfaits. les autres qui ne voient rien, se satisfaisant de leur maigre destin. enfants devenus adolescent, ne réalisent pas que les malheurs des grands sont bien différents.  ❥  dix-sept ans quand il entend les cris, quand il accourt dans la salle de bains où normalement ils n'ont le droit d'aller qu'à la nuit tombée. sentiment d'un étrange début de journée, frisson qui remonte le long de la colonne en posant sa main sur la poignée. odeur acre qui soumet le nez, qui s'imprime dans l'esprit à jamais. tourne tourne pour entrer, afin d'observer le spectacle de la petite mort en train d'opérer: bAiN dE sAnG, poignets ciselés. visage tendrement blanc, paupières fermées. souffle court face à celle ne semblant pas respirer, il envoie valser le petiot l'ayant d'abord trouvé. lui gueule de sortir, lui hurle d'amener de l'aide. dépêche putain, dépêche! veut s'approcher de l'eau rougie, se doit de l'en sortir. au moins, de poser un linge sur ses plaies ouvertes à l'agonie. n'en fait rien, ne fait rien... à la contemplation de l'horreur il s'abandonne, à l'effroi statufiant il ne peut qu'obéir. quelques heures plus tard, on prononce le décès de leur sœur, de leur raison de sourire. ❥ c'est ta faute, jetée en pâture à l'autodestruction. phrase balancée par la benjamine, jeune fille qui certaines nuits ne fermait pas l’œil: observant silencieusement celle les ayant quitté confier à wang joon les petites horreurs. confier le harcèlement, les difficultés et l'envie d'abandonner. lui, idiot écervelé il lui avait conseillé à chaque fois de s'accrocher, qu'il pouvait aller frapper les insolents, qu'elle se devait d'obtenir ce futur brillant. lui qui avait refusé ses doux baisés les nuits d'hiver, ses caresses suaves les soirs d'été. murmurant des excuses gênées, clamant une tendresse fraternelle. la jeune avait tout vu, spectatrice du triste spectacle de la non-réciprocité. aujourd'hui, éraflée par la vie elle lui reproche la mort. avant de ne plus rentrer dans le grenier, de les laisser avec leur tristesse morne et le silence difforme. ❥ l'autre qui part à son tour quelques mois plus tard: de nouvelles perspectives qu'il dit, des cours où il est accepté apparemment. peut-être un prétexte pour s'échapper du grenier devenu immense, pour fuir celui qu'il n'arrivait plus à regarder. wang joon le regarde simplement partir, avant de se faire virer à sa majorité. solitude crève-cœur, synonyme néanmoins de liberté sans attente: ne peut plus décevoir, personne ne l'attend le soir. décide d'enserrer entre ses bras la vengeance, d'arracher ce qu'il peut à ceux lui ayant tout pris. après avoir retrouvé les coupables effarants ayant poussé sa 'sœur' aux extrêmes sans retour, il s’attelle. chantage, vol, arnaque, manipulation, séduction...! tout est bon pour les réduire à néant, les mettre sur la paille. les faire souffrir à en mourir! ainsi commence une carrière salie de voleur accompli.  ❥ but atteint, pourtant plus rien ne semble pouvoir l'arrêter: accro à la toute puissance de se croire presque vilain, robin des bois moderne s'éprend du concept sans foi ni loi. se croit justicier, vengeur des oppressés sans pourtant partager d'une quelconque manière la richesse assimilée. se délecte des scandales révélés, des enquêtes qui tournent en rond, des carrières brisées... trouve toujours LA solution pour le crime parfait. divin, voilà comment il se renouvelle! c'est ainsi qu'au milieu d'un de ses méfaits, il le rencontre. lui, le sournois assez énigmatique pour attiser sa curiosité. lui, le talentueux sans principe, assez pour les décider à faire équipe. confiance mitigée, ce sont sous de faux noms qu'ils se connaissent: wang joon devient yong gi, et l'inconnu s'invente ko ji. fine équipe, bandits inébranlables: une amitié comme il ne croyait plus pouvoir en trouver. ❥ et d'une main tendue dans un rythme perdu, le silence revient quand on l'attend le moins: une erreur légère, un trois fois rien. qui suffit à briser l'équilibre mince d'un coup monté, du délit préparé. mémoire presque rayée des événements, souvenir palpable du couteau que ko ji lui enfonce dans la jambe, de l'alarme qui résonne et de l'hémoglobine qui s'écoule autour de la plaie. 'pas le choix, c'est toi ou moi.' ou encore 'faut que l'un de nous les retarde.' pas une once d'indécision dans son ton, alors que l'autre gamin ne sait comment réagir d'une autre manière qu'en s'écroulant au sol. zieutant une seconde de trop ce qui s'échappe de sa peau, de son jean, du couvert; mains tremblantes. à peine le regard se relève, que déjà il est seul. de nouveau seul, face au rouge mordant d'un temps qui s'écoule. tétanisé, dans l'incapacité de se confronter à cette faiblesse le ramenant dans une salle de bains arriérée: les autorités l'attrapent sans mal, pour la première -et dernière- fois?   ❥ passage à l’hôpital oblige, c'est après la pose de ses bandages que le savant blessé fuit: la police n'estime pas qu'il s'agisse là du 'grand voleur de busan', jugeant plutôt les déboires d'un gamin en mal d'attention. peu de sécurité, une blouse enfilée... de la discrétion, de l'assurance et le tour est joué. magicien trahi se doit tout de même de quitter la ville, de brouiller les pistes. voir les choses en grand! surtout que la seule vie mentionnée un jour par ko ji reste seoul... peut-être qu'en virevoltant dans les rues de la capitale, il tombera sur l'animal: et pourra lui faire la peau. chasse enclenchée, tout en espérant au fond ne jamais le recroiser. trop attaché pour avoir le courage de lui faire payer, mais s'y résoudra dans la rancune et le rejet. ❥ nouvelle ville antonyme d'une nouvelle vie: préservées que sont les bonnes vieilles habitudes, toujours les mêmes techniques pour mettre les petits plats dans les grands... voler ceux des autres. se venger d'une existence devenue vide de sens, au détour de bourgeois sans prestance. dans une baraque luxueuse, il croise trois loustics punissables des mêmes vices. s'éprenant d'un vœu d'efficacité, de facilité et peut-être d'une envie de ne plus être seul à errer, à eux il s'associe. semble ne pas apprendre de ses erreurs, et pourtant! dans quel dos se trouvera cette fois le couteau?