"dis maman, toi aussi tu étais toute petite avant ?"

Surtout à la naissance, mais ça j'imagine que c'est comme tout le monde. Vraiment toute petite la Zhi Lan, comme tous les bébés nés un peu trop tôt. Mais belle comme un coeur et en bonne santé, il parait que c'est le plus important. En plus elle ne manquera jamais de rien la gamine. Petite dernière d'un célèbre chirurgien et d'une toute aussi brillante avocate, elle peut également compter sur deux grandes soeurs et un grand frère pour veiller sur ses beaux yeux ambrés. Enfin ça c'est dans la théorie. Tableau dont usent et abusent les contes de fées édulcorés. La réalité est un poil différente. Mais c'est vrai, elle n'a jamais manqué de rien. De rien si ce n'est d'un peu de temps, d'un peu d'attention, d'un peu de considération.

"dis maman, toi aussi tu aimais aller au parc quand tu étais enfant ?"

Et pas qu'un peu ! C'est le meilleur endroit pour rencontrer des toutous de tous les genres. Puis pour rencontrer des gens aussi. Parce que Zhi Lan c'est cet enfant à qui on n'a de cesse de répéter de ne pas suivre les inconnus, même s'ils ont un joli chien. Cet enfant qui s'intéresse à tout, qui parle de tout, qui s'inspire de tout. Cet enfant dont les yeux pétillent de curiosité et de fantaisie constamment. Jusqu'à ce qu'on lui dise de rentrer chez elle. Elle a une jolie chambre, rien que pour elle. Un grande chambre, mais c'est ennuyeux là-bas, c'est vide et personne ne l'y attend vraiment. Des parents toujours occupés, des frères et sœurs plus âgés qu'elle aime beaucoup, mais qui ne veulent plus jouer à imaginer avec elle. Il y a bien la nounou au comportement un peu mécanique et à la tendresse vide de tout sincérité, à la présence au goût amer de l'absence, rien de bien folichon pour une gamine aux besoins d'allégresse. Heureusement, Zhi Lan, elle a sa grand-mère, la plus belle femme aux cheveux gris de tout Londres. Une femme à l'aura tout aussi douce et fantasque qu'elle, un esprit libre, encore un peu habitée par Woodstock. Sa grand-mère et son fameux Tea Room à la devanture aux couleurs chaudes d'un été californien, aussi lointain soit-il. C'est là son véritable refuge, son petit monde rien qu'à elle. Entre les cuisines où elle participe à l’élaboration des pâtisseries avec un sympathique monsieur français, le comptoir où elle rend la monnaie comme une championne et sous lequel elle se cache pour dessiner et rêvasser en chantonnant et les yeux rieurs de sa grand-mère qui la regarde faire des révérences à la moindre tasse de thé servie sans en renverser.

"dis maman, pourquoi on voit jamais papy et mamy ?"

Parce qu'on ne les a jamais vraiment vu de base en fait. Ils sont trop importants, ils ont trop à faire. Qu'ils aient non pas un, non pas deux, mais quatre enfants leur importe peu. Un peu comme si chacun d'eux n'était que l'incarnation d'un caprice lubrique. Ou peut-être qu'avoir des enfants ça fait bien sur un CV de nos jours, qui sait. Bref, dire qu'ils ont été présents pour voir leurs enfants grandir serait un mensonge, mais on ne pourrait les traiter de négligence pour autant. Ils ont toujours tout fait pour qu'aucun d'entre eux ne manque de rien, toujours bien loin de penser qu'en fait ce dont leurs enfants manquent c'est simplement d'eux. Chacun des marmots a plus ou moins géré l'absence à sa manière et en même temps ils l'ont tous un peu fait de la même façon. Les rendre fiers était le mot d'ordre, parce que même s'ils ne sont pas souvent là, on les aime nos parents alors on veut compter pour eux. C'est naturel, mais c'est brutal. Quatre enfants, quatre brillants enfants, quatre enfants en compétition et ça sera à celui qui ramènera le meilleur bulletin, qui gagnera le plus de prix du meilleur nœud ou de la plus belle pirouette. Sans aller à parler d'animosité, les bambins se retrouvent rivaux bien malgré eux. Jusqu'à ce que l'adolescence s'en mêle et que, dépouillés d'un peu de leur naïveté, ils comprennent un à un que rien ne pourra vraiment changer la famille dysfonctionnelle qu'ils sont. Alors certains arrêtent d'essayer et dans tout ce bazar on a Zhi Lan, qui n'a en fait jamais essayé. Dans sa grande naïveté, elle se contentait d'être elle-même, convaincue que pour ses parents c'était suffisant. Excellente élève, elle se fait malgré tout remarquer en classe pour ses rêvasseries et ses comportements comme constamment à côté de la plaque. Petite, ses fantaisies plaisent à ses camarades, elle et son imagination débordante racontent les meilleurs histoires et inventent les meilleurs jeux. Mais on fini tous par grandir un jour ou l'autre, certains plus lentement que d'autre et, tout doucement, ceux qui aimaient l'écouter conter des aventures, s'éloignent et la qualifient de loufoque. Elle devient la fille bizarre qui répand douceur et arc-en-ciel sur son passage, celle qui vous fixe en vous donnant l'impression de regarder ailleurs et de vous sonder, tout à la fois. Parce qu'elle a gardé sa spontanéité enfantine on la dit naïve et chez l'adolescent toujours plus pressé de grandir, ce n'est plus une qualité. Mais en bon parents surbookés, ils n'ont rien vu de tout ça et rien n'aurait pu les préparer à ce qui allait arriver par la suite.

"dis maman, il est où mon papa ?"

En enfer. Enfin du moins j'espère. Rassure-toi, le jour où il lui posera réellement la question, elle lui répondra autre chose. Ou rien. Probablement rien. Comment veux-tu expliquer à un enfant que son papa a fait tous les mauvais choix ? Bon, d'après certains, maman aussi, mais elle, elle est encore là au moins. Et pourtant ça avait commencé comme toutes les belles histoires commencent. Presque. Tombé sous le charme de sa pétillante jeunesse, de son doux sourire et de cette aura un peu timbrée qui brise la monotonie de toute ses filles voulant être femme avant l'âge. Il comprend rapidement que, privée depuis toujours de la tendresse d'une mère et l'attention d'un père, il n'a pas grand chose de plus à lui donner pour lui plaire. Il lui offre un monde qui n'appartient qu'à eux, mais où elle ne sera jamais seule et la pauvre enfant y voit un prince charmant, une vie grandiose où elle s’épanouit de jour en jour, brillant de mille feux. Ce monde, elle le cache, l'éloigne le plus possible de ceux qui sont sa famille. Peut-être de peur que le terne de leurs relations inexistantes ne flétrisse cette vie où tout est si chatoyant. Elle y veille jalousement, prête à fermer les yeux sur certains aspects moins glorieux de leur grand histoire d'amour. Le fait qu'il s'énerve de plus en plus vite, souvent pour deux fois rien. Qu'il s'éloigne sans crier gare et reviennent soudainement de plein fouet, plus possessif que jamais. Qu'il sert un peu trop fort ses bras frêles lorsqu'il la secoue pour qu'elle se "réveille et grandisse un peu". Qu'il ne s’embarrasse plus des marques rouges et bleues qu'il laisse sur sa peau laiteuse. Après tout, tous les comptes de fée ont leur lot d'obstacle, mais tous finissent par un happy end. Alors pourquoi s'en faire d'un si petit nuage dans un grand ciel bleu ? Bientôt les rayons du soleil brilleront à nouveau. Elle en est convaincue et ce rayon de soleil elle le voit dans cette grande nouvelle qui lui tombe dessus l'année ses 18 ans. Enceinte. Elle qui n'a jamais vraiment eu de famille a désormais la chance d'en créer une, juste à elle. Et à lui. Ou du moins c'est ce à quoi elle pensait avoir droit lorsqu'elle lui annonça son petit miracle personnel. Vous connaissez ce conte de fée où le beau prince pas si charmant se sert de ses poings pour dépouiller la douce princesse de ses rêves candides et ses folles espérances ? La jetant finalement à la rue avec la menace de lui faire subir bien pire si, par malheur, il la revoyait un jour ? Zhi Lan, elle la connait cette histoire. C'est la sienne.

"dis maman, pourquoi je m'appelle Tian ?"

Parce que dans tout ce chaos, tu es ses jours et ses nuits, son ciel étoilé, son petit bout de paradis. Son 天.

❯ Derrière l'écran ; Je l'avais dit que je reviendrais et je suis même plus tôt que prévu non ? Bah oui, apparemment il m'a fallut moins de temps que prévu pour m'habituer à mon nouveau rythme de vie, je dois plus faire la sieste dès que je rentre ou une toute courte les jours où c'est plus dur et du coup, je peux profiter un peu de mes journées. Tout en sachant que travaillant le week-end, les jours où j'ai congé, mes amis sont en cours du coup, je me fais un tout petit peu chier quoi... enfin le plus souvent. Je serai là à des heures cheloues vu que je travaille de nuit et je risque de rater les soirées cb, mais gardez-moi dans vos coeurs quand même hein *-* Puis vous me manquiez, mais ça vous le savez n'est ce pas ?      :<3:  :<3:  :<3:

Et le petit bout de code pour le bottin

Code:

[code]<span class="style1">✗</span> [b]PARK HYE MIN[/b] (PONY) ⟫ gao zhi lan[/code]