Il déménage finalement le jour de son 9e anniversaire, dans sa terre natale, où il fut abandonné à sa naissance. Une mère trop jeune, un père absent, lui avait-on dit. Le collège, tout le monde l’observe. C’est qui le nouveau ? Un étranger ? Le garçon reste calme, comme on lui a appris, il se tait et sourit – gentillesse, bienveillance, empathie. On l’apprécie, le Moon Hwa. Il accepte tout, il offre tout, on profite de lui.

Une innocence qui voile cette haine en lui, envers quelque chose qui ne peut nommer. Fuis, mon enfant, le monde des adultes n’est pas fait pour toi. Des attirances pour la femme, une passion pour l’homme. Un repas de famille, et il comprend qu’on ne voudra pas de lui.

Une autonomie qu’il développe grâce à ses parents. Du moins, ils l’ont poussé à voler de ses propres ailes, l’oisillon. Il entre dans cette faculté prestigieuse, il s’écrase dans cet univers parfait. Il sourit, l’oiseau, il s’exprime dans son art, ses nombreux carnets abîmés par l’acharnement. Il pleure devant la lune et rit pour le soleil.

Moon Hwa court, loin, rejoindre sa demeure, ses véritables racines.
Il n’y trouve qu’une ruine.
Il fouille, il traverse le danger pour comprendre.

N’étais-je qu’un poids pour eux ?

Une bague. Une promesse oubliée, seule, dans cette boite au milieu des décombres. Il la garde et rentre, l’amertume de la rancune sur sa langue.

Papa, maman, vous m’avez adoptés, vous m’avez pris, mais je ne veux pas de vous.

Je t’aime, beau monde.