Début du mois de janvier, Yeo Reum est venue visiter ses parents pour les vacances d’hiver. Bien qu’ils travaillent tous deux toute la journée et qu’ils ne peuvent  ainsi pas réellement profiter de sa compagnie, Yeo Reum aime retrouver la maison dans laquelle elle a vécu la plus grande partie de sa vie et elle est heureuse de pouvoir passer, ne serait-ce que les soirées, tous ensemble, autour du dîner.

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Le parquet craqua lorsqu’elle ses pieds touchèrent le sol.
Yeo Reum venait de se réveiller, elle regarda l’heure sur son téléphone : 8h23. Elle aimait beaucoup se lever tôt pour la simple et bonne raison qu’elle avait l’impression de pouvoir faire plus de choses de sa journée.
Après avoir accompli toutes les étapes d’un matin ordinaire, à savoir principalement faire sa toilette et manger quelque chose, elle prit soin de mettre des vêtements chauds, absolument nécessaires en cette saison. Bien qu’il n’y avait pas (encore) la moindre trace d’un flocon de neige, l’air était particulièrement froid.
Ainsi, elle enfila sa plus grosse paire de collants, surplombés par la robe épaisse de couleur brune que sa mamie lui a offert quelques années auparavant, qui était elle même enfilée par dessus une chemise blanche, car l’idée d’avoir les bras découverts en dessous de son manteau n’était pas envisageable par ce temps.
Sur la tête, elle portait son béret marron, accessoire que certains redouteraient peut-être, mais Yeo Reum savait que celui-ci lui allait bien.
Aux pieds, une paire de bottines assez lourdes mais dont le confort s’est amélioré avec le temps.
Avant de partir, elle enfila son long manteau qui dépassait de peu ses genoux, qui lui était d’une couleur jaune miel.
Prête à braver le froid, elle sortit de la maison en vérifiant à deux reprises qu'elle ait bien fermé à clé car son petit frère dormait encore, bien au chaud. Elle serait bien partie se balader avec lui mais il n’était qu’aux alentours de neuf heures et elle savait bien que le cadet ne pointait le bout de son nez qu’à partir de midi. Elle ne tenait pas à le réveiller si c’était pour se retrouver avec un grincheux personnage.

Dans leur jardin se situait une sorte de réserve dans laquelle étaient stockés de nombreux sacs de granulés de bois, qui servaient au poêle qui réchauffait la maison, mais également trois vélos : le sien, celui de son petit frère et celui que se partagaient leurs parents. Ils ne trouvaient pas nécessaire d’avoir chacun leur sien vu la fréquence à laquelle ils l’utilisaient.
Il va de soi que Yeo Reum utilise son vélo beaucoup moins qu'à l'époque où elle vivait ici, certes, mais comme elle n'a toujours pas son permis de conduire, celui-ci lui sert tout de même beaucoup à chaque fois qu'elle vient. Elle avait justement vérifié l’état des pneus le jour après son arrivée, dans l'intention de pouvoir l'utiliser dès que possible, elle était donc fin prête à partir.

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Les balades à vélo étaient très agréables, surtout le matin.
Le soleil s’étant levé il y a quelques heures, le ciel était d’un bleu apaisant dans lequel on retrouvait ça et là des nuages.
L’air froid allait brutalement à l’encontre de sa peau lorsqu’elle gagnait de la vitesse, ce n’était pas vraiment agréable mais elle était tellement absorbée par les paysages qu’elle ne fit pas attention à cette sensation pendant plus d’une seconde.

Yeo Reum se rendait à un parc, la nature était loin de la laisser insensible et quand elle est à Séoul d’ailleurs, et que le temps est agréable, elle aime souvent aller relire ses cours dans un parc.
Pourquoi écouter des playlists avec des bruits de nature quand on peut les entendre directement autour de soi ?

Arrivée au fameux parc, elle descendit de son vélo sans pour autant le laisser derrière. Elle allait remonter dessus prochainement, mais ici, elle tenait à marcher. Alors elle le poussa simplement à ses côtés en s'appuyant sur le guidon.
Ce parc n’était pas anodin, au contraire, en réalité elle y a même beaucoup de souvenirs.
C’est là qu’ils venaient se promener régulièrement tous les quatres, elle, ses parents et son petit-frère. C’est là qu’elle a appris à faire du vélo, qu’ils ont joué au ballon ensemble, qu’ils ont marché des heures durant jusqu’à ce que son petit frère soit trop épuisé pour continuer et que papa le portait pour le reste du chemin, qu’ils ont fait des photos lorsque le printemps arrivait et que les arbres se couvraient de fleurs.
Une photo d’eux quatre prise devant un arbre en fleurs de ce parc est d’ailleurs posée sur un meuble du salon, dans la maison de ses parents, où elle est actuellement. Seulement, c’est depuis devenu un objet tellement habituel du décor que plus personne n’y prête réellement attention.

Étrangement, marcher sur ces chemins à présent, ne lui provoque plus la même joie qu'auparavant.
C’était mieux avant.
Et on ne sait pas vraiment pourquoi.
Certes, ils ne sont pas tous ensemble en train de se promener, mais même si ils l’étaient, le moment aurait-il été aussi agréable qu’à une époque ?
Probablement pas. Certainement pas à vrai dire.
Pourquoi…
La sensation que plus rien n’est pareil et que plus rien ne pourra être comme avant.
Elle a presque envie d’avoir la capacité de retourner dans le temps et de dire à son soi plus jeune de profiter de ces instants précieux car bientôt ils ne seront plus que des souvenirs nostalgiques.
Mais même si elle le pouvait…
Est-ce qu’il y a un sens à cela ? Profite du moment.
Après réflexion, non. Ça n’avait pas de sens.
Le temps finissait par passer dans tous les cas et ces souvenirs allaient rester doux quoi qu’il arrive. Il n’y avait rien à changer. Rien du tout.

Yeo Reum s’arrêta un instant pour lever la tête vers le ciel et admirer de nouveau les paysages qui l’entouraient, les branches dégarnies des arbres contrastaient avec le ciel, dont la couleur avait évolué en un gris qu’on pourrait presque confondre avec du blanc.
Non ce n’était peut-être pas aussi magique qu’il y a un certain temps. Mais c’était quand même magique aussi maintenant, juste différemment. Du moins, c’est ce qu’elle voulut penser, c’est ce qui lui permettait de ne pas se laisser ravager par la nostalgie.