Assis sur mon siège à l'accueil de la bibliothèque universitaire, j'observe les étudiants entrer et sortir de l'immense pièce, tout en essayant de lire mon livre. Mon attention se déporte finalement sur ce jeune homme, visiblement un de première année, qui s'installe sur le siège en face de moi et dépose sur la table deux bouquins : Théorie générale de l'emploi de l'intérêt et de la monnaie de Keynes et Trois leçons sur la société post-industrielle de Cohen. Visiblement, il est troublé ; ses lèvres tremblent, il ne sait que faire de ses mains et il s'efforce de son mieux à éviter mon regard. Mon intuition me fait penser qu'il a entendu quelques histoires sur moi et je me demande lesquelles. L'une d'entre elles me fait rire intérieurement et je me retiens difficilement de sourire. Je crains qu'il ne s'enfuit brutalement s'il me voyait esquisser le moindre rictus, me forçant à me lever pour ranger ces bouquins d'économie... Lui demandant de me sortir sa carte, je valide et enregistre ses emprunts et lui fait signe de déguerpir.

Je le vois s'enfuir à toutes jambes, oubliant presque de prendre sur le chemin ses deux bouquins. Et une fois disparu de mon champ de vision, je reprends ma lecture, le Savoir-vivre Pour les Nuls, conseillé de vive voix par un de mes professeurs.

Et quand un enseignant de 47 ans, non marié, sans enfants et qui enchaîne les rencontres arrangées depuis une décennie vous demande d'étudier un livre pareil, c'est que votre cas est plus grave qu'il n'en a l'air.

Je m'appelle Kim Jong Dae, 24 ans, étudiant en sixième année en médecine. Mon souhait est de devenir neurochirurgien et, comme vous avez pu le constater, je rencontre quelques problèmes en ce qui concerne le "savoir-vivre".
Et ce n'est pas un soucis qui date d'hier.

Né à Sokcho, ville côtière à l'Est du pays, j'ai grandi dans une famille aimante, malgré les emplois du temps de ministre de mes deux parents. Depuis tout petit, j'ai reçu plus que quiconque. Les meilleures écoles, la plus saine des nourritures, les vêtements les plus chers et un amour sans condition de la part de mon père et de ma mère. Et même si je les rendais fier à travers mes notes à l'école, ils s'inquiétaient sans cesse par mon refus de m'ouvrir aux autres. A l'école, je ne parlais ni ne me mêlais aux autres. Mes géniteurs, médecin en leur état, pensaient que j'étais atteint d'autisme ou d'une maladie mentale et m'ont très tôt fait consulter... Mais force est de constater que je n'avais rien. Et que la médecine n'était pas capable de comprendre ce que j'avais. De comprendre ce qui se passait, en haut dans ma tête, ou en bas, dans mon cœur. (ou encore plus bas, dans mon zgeg)

J'ai donc grandi à l'écart des autres et cela ne m'a jamais gêné. Mis à part lors des oraux à l'école ou lorsqu'il fallait se faire des amis. Ne pensez pas que je suis incapable de parler, car j'en suis capable. Mais pour des raisons que j'ignore moi-même, je n'en ai guère envie. Ou n'en ressent pas le besoin. Mon choix de préférer les livres, la musique et les promenades en solo aux "social gathering" a toujours stupéfait les autres. Mais après quelques semaines et mois, plus personne ne s'étonnait de me voir absent de leurs après midi au karaoké, dans les salles d'arcades et, plus tard, dans les bars et les boîtes de nuit.

Je vivais une vie confortable, suivant un chemin pavé et marbré par le sang et les larmes de mes parents. Mais lorsque l'on m'a demandé ce que je souhaitais faire plus tard dans ma vie, je ne sus quoi répondre. Je suis quelqu'un de particulier et j'en ai conscience. Rien ne me fait plus plaisir que la paix et que l'on me laisse en paix. Mais, au fond de moi, sans doute avais-je l'envie de laisser quelque chose à la société et ne pas rester ce "garçon qui parle pas". Aussi me suis-je tourné vers la médecine, à la grande joie de mon paternel. Pas besoin d'être un beau parleur pour être chirurgien, il suffit d'être adroit avec ses mains. Et être capable de réciter les formules et autres définitions par cœur.

Ca tombe bien : le par cœur, c'est ma spécialité. Quant à la dextérité... On verra ça sur la table d'opération.

❯ Derrière l'écran ; maintenant, on aimerait bien savoir plus sur toi jeune cutie pie. Dis nous tout sur ta vie, où tu habites, ton numéro de compte bancaire et le code de ta wifi ! Ou si tu es trop timide pour te livrer ainsi à nous... une petite présentation comprenant la couleur de tes chaussettes suffira... On te laisse nous surprendre !

Et le petit bout de code pour le bottin

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[code]<span class="style1">✗</span> [b]DO KYUNG SOO[/b] (D.O - EXO) ⟫ Kim Jong Dae[/code]