Croyez-vous au destin ? Croyez-vous que tout est écrit à l’avance dès notre naissance ? Beaucoup n’y croient pas, pensant que ce ne sont que des superstitions. Et puis d’autres pensent que oui. Après tout, nous ne saurons certainement jamais ou peut-être seulement lors de notre
jugement dernier. La vie est
injuste et
fragile, elle nous laisse parfois aucun choix, elle nous oblige et détruit, elle peut aussi nous rendre
heureux, fort, courageux, invulnérable. La vie est une partie d’échec, mais nous finissons toujours par perdre, peu importe nos choix et notre volonté. La vie vous prend tout ce que vous aimez sans jamais vous le rendre, la vie est ainsi.
I
Aël, cet enfant
insouciant, naïf, si
pur et
innocent. Un garçon à qui on aurait souhaité ne jamais prendre la vie. L’enfant chéri de ses parents. Il aimait les tartes aux myrtilles de sa
mère, c’était si doux et sucré. Il aimait passer de longue après-midi à aller chercher des champignons avec son
père dans les bois près de la maison de campagne. Il était heureux, il n’avait jamais rien eu à envier à personne. Il était apprécié de ses amis, des adultes, de tout le monde. Le petit
ange qui apportait de la joie et de la bonne humeur partout où son rire pouvait résonner. Puis il devint l’adolescent un peu
rebelle mais qui reste fidèle à ce qu’il est à l’intérieur, une boule d’amour malgré toute cette énergie qui ne demande qu’à sortir et s’exprimer. Un profond respect reste dans le cœur du jeune garçon pour ses parents et ceux qu’il aime, il provoque sans jamais dépasser les limites, il sait s’arrêter, il sait rire, être en colère mais le cacher, il est jeune,
trop jeune pour mourir.
II
Et pourtant,
Aël est mort. Il est mort ce jour-là dans la voiture avec ses parents. Tout fut brisé en mille morceaux, rien n’y échappa.
6 mois, c’est le temps qu’il fallut au jeune homme pour rouvrir les yeux après ce jour fatidique. 6 mois d’absence, 6 mois qu’il était mort. Ses yeux s’ouvrirent dans un monde
froid, triste et sans saveur. Ils s’ouvrirent dans un monde
inconnu. La panique et la peur s’emparèrent de son jeune corps,
il ne se souvenait pas, il ne se souvenait plus. III
Le
néant, un corps vide, un cœur brisé et un
trou noir, c’est ce qu’il restait de Aël.
Il était vivant et mort à la fois, la vie avait décidé d’enlever cet enfant si innocent, elle avait décidé de le déchirer et de lui faire payer un crime qu’il n’avait pas encore commis. Rien n’avait de sens. Tous ces gens qui le connaissaient alors que lui ne savait pas lui-même qui il était, racontant leurs souvenirs avec le garçon et ses parents sans qu’il ne parvienne à se rappeler. Tant de
colère, de
tristesse et de
confusiondans sa tête qui ne semblait plus se rappelait, une grenade qui ne semblait pas vouloir exploser. Lui aurait préféré périr également dans cette voiture, il aurait voulu ne jamais se réveiller si c’était pour vivre dans un monde qui n’avait aucun sens à ses yeux. Il appelait à l’aide sans que jamais on puisse venir le secourir, sans qu’on le comprenne. Tout était si dur maintenant.
Il fallait réapprendre à vivre, à manger, à parler, à être soi-même alors que tout était mort. A 17 ans, il devait
renaître et écrire sa nouvelle histoire sans ne plus avoir connaissance de ses dernières années auprès de ceux qui l’avait mis au monde. Tout ce qu’il lui restait à faire, c’était
se battre avec cette vie qu’il ne connaissait pas.
IV
Il apprenait vite l’enfant,
il survivait avec une profonde rage au fond de son cœur. Mais il gardait au fond de son âme cette grande
insouciance, une âme d’enfant. Souvent dans la lune, perdant pied dans la réalité dont il voulait s’échapper. Il retrouva petit à petit son rire et son sourire, il restait fidèle à lui-même, cet enfant, déambulant dans les couloirs en
souriant et
riant,
dansant ou
chantant. Tout le monde le prenait pour un fou à s’amuser ainsi mais il vivait justement comme il le souhaitait. Il se fichait qu’on lui dise qu’il n’était pas normal, il s’en fichait car il vivait dans son petit monde dans sa tête, seul ou pas, peu importe,
c’est ainsi qu’il pouvait se reconstruire.
V
En peu de temps, des brides de souvenirs de certains gestes et connaissances revinrent. En un an il avait rattrapé des années d'apprentissage et ambitieux, il déménagea en Corée pour
commencer une nouvelle vie et des études.