Malgré les temps modernes, la Corée du Sud reste un pays conservateur où de nombreuses familles ne s'ouvrent pas aux avancées sociétales, et restent ancrées dans la tradition et la notion d'honneur sur la famille. La famille Kang en est un parfait exemple.
Tout commence quand un jeune couple se marie dans la précipitation pour cacher une grossesse pré-mariage inattendue. Impensable dans la famille de l'homme et de la femme, ils se précipitent dans cet engagement pour ménager leur honneur. Et c'est ainsi que naît Taedong. Grand garçon au visage de poupon, symbole d'une modernité qui ne devrait pas en être une. Fondation du mariage de ses parents, qui n'ont pas eu le temps de savoir s'ils étaient vraiment faits l'un pour l'autre ou non. Car il est clair que le couple Kang ne s'entend pas forcément bien. Mais il est impossible de laisser cela transparaître, encore moins possible de divorcer. Alors cette frustration se reporte sur leur fils; vitrine. C'est lui l'oeuvre d'art que le monde doit contempler pour ne pas s'apercevoir des défauts qu'elle cache derrière. Le jeune Taedong devra être bon à l'école, on l'envoie dès la primaire en internat à Séoul. Il devra être doué en sport évidemment, on l'inscrit dans un club d'athlétisme où il doit s’entraîner tous les weekends quand il rentre dans sa ville natale d'Incheon. Et que serait un bon fils s'il ne savait pas jouer d'un instrument? On lui colle un violon dans les mains et on prévient l'école qu'il doit s'entraîner tous les soirs. Tout ça, c'est pour le fond. En ce qui concerne la forme, c'est facile, on lui apprend à ne pas parler. Taire ses envies, garder ses avis pour lui, et si jamais il s'égare... D'abord des claques. Et ça a peut être fini par des coups plus violents, certaines marques sur son corps peuvent en être témoin.
De caractère pas forcément timide de base, Taedong a fini sans surprise par se renfermer. Refuge dans le silence où il savait qu'il ne pourrait s'attirer de foudres parentales, il n'y avait plus qu'avec ses plus proches amis qu'il osait rire, ou même sourire. Enfant expressif, il est devenu adulte de marbre où l'esquisse d'une expression se faisait rare. Ce n'est pourtant pas pour ça qu'il était malheureux. Passions imposées, il a trouvé en cet athlétisme et ce violon une manière d'extérioriser ses peines, ses douleurs, les émotions en lui qu'il se forçait à garder. La course est un défoulement dont il gagne des prix, le violon est une échappatoire dont il s'attire les éloges. Tant mieux, car ces succès lui permettent d'obtenir un peu de paix de la part de ses bourreaux.
Élevé dans les bonnes vertus, il fait ses études à l'université de Séoul pour un diplôme d'histoire de l'art. Il est forcé à être bon dans tous les domaines. Faute de pouvoir intégrer les Firestone ou les Starchild, il intègre le groupe des Melted pendant ses études ainsi que le club sportif et l'orchestre du lycée. Tout lui promet un avenir radieux, celui pour lequel il a tant travaillé. Cependant, c'est quand il finit ses études que son père tombe malade d'un cancer. Taedong profite de cette occasion pour fuir sa famille. Un bon fils aurait dû rester, accompagner ses deux parents dans cette phase difficile, rassurer ses petites sœurs nées après, mais il ne peut pas. Il ne voit en cette maladie qu'un bâton dans les pattes de sa mère. Trop occupée à rester au chevet de son père, elle ne pourra pas le forcer à faire de lui son pantin. Taedong s'enfuit en Californie où il passe un an. Un an qui marquera la mort de son père, et le recommencement de l'emprise psychologique de sa mère. Même si elle ne le touche plus, elle l'a élevé dans cette peur, et a créé cette faiblesse en lui pour le manipuler.
De retour en Corée, pris au piège dans cette dominance maternelle, Taedong essaie de se distancer. Marque son mécontentement dans son apparence. Il se déteint les cheveux, ne s'habille que de noir, se perce les oreilles. Cette rébellion adolescente se montre, sans pour autant réussir à briser les chaînes de cette relation malsaine. Il a beau avoir obtenu un poste de soliste dans l'orchestre national, s'être engagé bénévolement avec son ancien club, s'être fiancé (sans l'aimer) avec une fille qu'elle lui a présenté, rien ne calme la férocité qu'à sa mère à le contrôler.
Taedong le bijou. Il brille de l’extérieur sans vraiment avoir de valeur intérieure. Taedong dont le prénom est synonyme de torture, il préfère se faire appeler Teddy.