O1. J’ai toujours eu un lien très particulier avec ma mère. La culture coréenne la famille fait que les parents ne sont pas toujours spécialement proches de leurs enfants. Ils leur inculquent les valeurs et les traditions qui se succèdent de génération en génération en employant une certaine forme de respect et de politesse qui les éloignent quelque peu. Mais pas entre ma mère et moi. Elle a toujours été très douce et attentionnée avec moi. Peut être parce que j’étais leur seule et unique fille ou peut être juste parce que c’était dans la nature de ma mère d’être si gentille. Parfois, je n’avais même pas besoin de mettre des mots sur mes maux pour qu’elle comprenne absolument tout. Elle a d’ailleurs fait de son mieux pour me soutenir face aux décisions que mon père prenait à ma place. Elle n’était pas toujours d’accord avec lui et elle était consciente que la plupart de ces décisions me rendaient malheureuse. Mais c’était lui qui avait le dernier mot et elle ne pouvait pas contrer son autorité, par respect pour lui. Ce n’est définitivement pas la même chose entre mon père et moi. Nous n’avons jamais réellement été proches et la seule chose qui nous lie est notre domaine professionnel puisque nous exerçons tous les deux la médecine. O2. Je n'ai pas toujours voulu devenir médecin. Vous savez, tous les enfants ont des rêves plus loufoques les uns que les autres quant à ce qu’ils veulent faire plus tard, lorsqu’ils seront grands. Moi, c’est mon père qui a décidé. Il est un grand chirurgien cardiaque d’une très grande renommée en Corée du sud. Il m’a donné envie de m'intéresser à la médecine lorsque j'étais déjà lancée dans le circuit.  Néanmoins, j'ai toujours été impressionnée par les longs couloirs de l’hôpital dans lequel il travaillait. Il est un très bon médecin, à l’écoute de ses patients et prêt à tout pour les aider à améliorer leurs conditions de vie. Je crois même que quelque part, j’enviais ses patients d’avoir une telle proximité avec lui. Proximité que je n’ai d’ailleurs jamais eu moi-même avec lui. Et pourtant, l’idée de pouvoir sauver des vies et d’apporter un peu de joie à ceux qui m’entourent était ce que je voulais faire petit à petit. C’est la raison pour laquelle je suis en huitième année d’internat dans le service de chirurgie cardiaque. Non seulement le bistouri me fait désormais vibrer mais en plus, cela me permets de garder un lien, peut être même le seul, avec mon père. O3. WARNING ! CLICHE EN APPROCHE. Je vous aurez prévenu donc ne venez pas vous plaindre par la suite. Parce que je vais vous révéler une chose sur moi qui ne sera pas très difficile à croire au vu de mes origines : je ne tiens pas l’alcool. Oui, oui, cliché de kdrama où la jeune fille finit ivre morte après avoir bu deux verres. Et elle se fait porter sur le dos d’une personne jusque chez elle pour finir au lit toujours habillée. Yeeeeeeeep, that’s me. Je n’ai pas pour habitude de boire puisqu’il fallait que je tiennes une bonne réputation. Donc je ne buvais que durant des événements exceptionnels et en très petite quantité.  En fait le monde entier est au courant qu'au bout de 2 verres je suis au bout de ma vie et pourtant, je ne peux pas m’empêcher de recommencer. Parce que je suis têtue comme fille, donc je reste persuadée qu’au bout d’un moment je bourrais boire comme un trou sans finir par bafouiller des idioties sur le dos de quelqu’un. O4. Et si je vous parlais d'Hyun-Su ? Je suis sûre que vous mourrez d’envie de savoir qui nous sommes l’un pour l’autre et quel sera notre avenir. Les rumeurs sont vraies, il est mon fiancé. Celui pour qui je porte une bague à l’approche d’un grand projet de mariage en pompe. Est-ce que nous nous aimons ? Oui, certainement. Est-ce que c’est de l’amour ? Sûrement pas. Cela ne vous semble pas logique n’est-ce pas ? Oui j’aime Hyun-Su. Je l’aime parce qu’il a toujours été là pour moi, parce qu’il m’a toujours comprise et que c’est l’une des personnes en qui j’ai le plus confiance sur cette Terre. Mais non ce n’est pas de l’amour, parce que nous ne sommes pas amoureux l’un de l’autre. Ce sont nos parents qui se sont mis en tête que nous étions parfaits l’un pour l’autre, sans nous demander quoique ce soit. Pour eux, nous étions compatibles entre nous, mais également entre nos familles. Comment accepter d’épouser une personne que je ne connaissais pas du tout, sur la seule volonté de nos parents ? Bien que ce fut difficile au départ, j’ai appris énormément de chose sur Hyun-Su, notamment qu’effectivement nous étions compatibles mais uniquement amicalement parlant. Il était mon « moi » au masculin, le meilleur ami que je n’ai jamais eu. Et cet aspect de notre relation avait rendu les choses plus « facile ». Nous nous aimons, mais pas au point de nous passer réellement la bague au doigt. Ce n’est pas ce que nous voulons mais il est difficile de se mettre en travers des projets de nos familles. Alors nous sourions, nos bagues entourant nos annulaires pour faire bonne figure dès que la situation l’exige. Puis, nous enlevions nos masques de futurs mari et femme pour essayer de vivre nos vies séparément, sentimentalement parlant. Parce que malgré tout cette histoire, nous avons développé une amitié tellement forte qu’aujourd’hui je ne pourrais pas me passer de lui et renoncer à le voir à tout jamais. O5. J’ai beaucoup de passions différentes. Je ne pratique plus certaines d’entre elles par manque de temps ou d’intérêt mais j’ai du apprendre beaucoup de chose à mon jeune âge. Être une bonne fille de famille – fille unique en plus de cela – voulait donc dire qu’il fallait que je sois à la hauteur pour le futur prétendant que l’on allait m’attribuer. J’ai donc débuté par des cours de violon et de piano, j’ai poursuivis avec des cours de danse traditionnelle coréenne, je faisais partie d’un club littéraire, j’ai appris à parler 5 langues et j’ai même appris à peindre pendant quelques années. Autant vous dire que j’avais un emploi du temps assez chargée pour une petite fille. Mais comme je suis de nature assez curieuse et que j’aime apprendre de nouvelles choses, cela n’a pas été aussi difficile que l’on pourrait le croire. O6. J'ai toujours adoré les animaux. Ça a l'air mignon comme ça hein ? Mais vous vous doutez bien qu'il y a quelque chose qui cloche, ce n'est pas anodin si je vous annonce ça. Sinon ce serait bien trop facile. Eh bien pour tout vous avouer, il m'est impossible de garder un animal en vie. Ce qui est assez contradictoire alors que j'étudie la médecine, et que mon but est de sauver des vies. J'ai tout essayé, en passant du poisson rouge au hamster. J’ai beau tenter de faire attention et de mettre en place une certaine organisation pour prendre soin d’eux, impossible. Du coup, je n’ai plus jamais repris d’animal de compagnie, de peur de le voir mourir. J’essaie de ne jamais raconter cette anecdote à mes patients pour ne pas qu’ils prennent peur et pensent que je ne sois pas capable, médicalement parlant, de les soigner. Vous imaginez un peu le scandale si ça venait à se savoir ? J’ai vraiment fait de mon mieux pour inverser la chose mais rien à faire, je n'ai jamais le temps ! (HELP, ne me laissez pas devenir maman).  o7. Je mens à ma famille et mes proches depuis déjà un ans. Clairement, nous ne voulons pas de ce mariage. Pourtant, nous n’avons pas pu nous résigner à annoncer à nos parents que nous avions renoncer à leurs projets. Nous n’avions pas envie de les blesser tout de suite. Alors on s’était dit que nous allions continuer à jouer le jeu pendant un certain temps, histoire qu’ils s’habituent à notre absence et qu’ils se fassent à l’idée que nous pouvions faire de bons choix pour notre avenir. Hyun-Su et moi avons quitté le domicile de nos parents en prétextant un besoin d'indépendance et que cela nous servirait à apprendre à mieux nous connaître, sans les avoir constamment sur le dos. On fait de notre mieux pour paraître comme le couple parfait à leur yeux. Je peux vous assurer que ce n’est pas chose aisée. Je dois me balader avec ma bague de fiançailles dans la poche pour être prête en tout circonstance. Vous trouvez cela absurde ? Croyez-moi que j’aurais voulu l’avoir au doigt le jour où on s’est fait surprendre par une conversation Skype qui était sortie de nulle part. N’ayant pas la bague au doigt, j’ai du trouver une excuse assez plausible pour qu’ils y croient. Oui, parce qu’ils avaient remarqué la chose malgré ma tentative de cacher l’absence de l’anneau. C’est un mensonge qui pèse sur nos épaules et nous ne savons pas combien de temps nous allons tenir.  o8.  J’ai beau avoir été entourée depuis toujours, je n’ai toujours pas pu me débarrasser de ma plus grande phobie : finir toute seule. Les relations sont tellement fragiles de nos jours que j’ai toujours peur de voir mes proches m’abandonner du jour au lendemain. C’est aussi la raison pour laquelle je ne veux pas révéler mon « secret » à mon entourage. J’aurais bien trop peur qu’ils prennent mal le fait que je décide de ne pas épouser Hyun-Su et que ça fasse tomber à l’eau tout les plans prévus de la famille. Surtout que leur réputation est en jeu d’une certaine manière puisque nos fiançailles ont été annoncés en grand pompe. Mais leur cacher la chose ne me procure aucune joie pour autant. La vérité se sait toujours un jour et c’est toujours vrai. Alors j’aimerais qu’ils l’apprennent par nous et pas par d’autres mais à chaque fois que l’on essaye de tout leur avouer, quelque chose nous pousse à retarder l’échéance. Ce mensonge va nous exploser au visage un jour, on en est bien conscients mais les conséquences de cette annonce ne sont pas négligeables non plus.