Petal c’est la survivante. dès son plus jeune âge elle est mise de côté dans sa famille. enfant illégitime dont personne ne veut. elle tente de vivre normalement, de convaincre sa bande de potes qu’elle est comme eux, de vivre dans le corps d’une autre. si seulement. si ces prétentieux arrêtaient de penser qu’ils sont le nombril de ce monde peut-être auraient-ils vu que tout n’était pas si simple pour elle. un géniteur toxicomane laissant sa mère derrière elle à sa naissance, une mère qui a pas assumé. alors pourquoi l’égoïsme à pointer le bout de son nez, à pousser petal à jouer aux malignes, aux différentes, à fréquenter les mauvaises personnes et à programmer son auto-destruction? obnubilée par un gars l'ayant changé, lui laissant une emprise totale sur l’ado en pensant qu’elle pouvait troquer son petit merdier contre l’argent rapporté par des pilules? quelle ironie du sort, ces mêmes pilules qui furent l’autopsie de la tentative de suicide de son père. petal regrette tant ces années où elle s’est laissée appropriée, articulée comme un pantin pour une arnaque toute planifiée. alors qu’elle pensait qu’il lui avait sauvé la vie à leur première rencontre, que tout espoir aurait été perdue pour la jeune brisée par un destin qu’elle n’a pas choisi sans lui, depuis le début c’était elle qui le sauvait. petal alimentait un trafique hors de son contrôle, laissait ce connard goûter chaque fragment de son âme sans rien attendre en retour. il a abusé d’elle, plus qu’elle ne peut compter. si tu es fatale, agis en tant que telle. ces mots qu’il lui susurrait au coin d’une oreille, qui se déformaient à chaque déblatération du bourreau guettant son butin avec soif et monstruosité. une situation cruelle qu’on a fait subir à une jeune fille innocente, voilà ce que promettait les supposées meilleures années de la vie de petal. quand elle pensait avoir déjà touché le fond, on apprit à ses démons à nager afin qu’elle ne puisse plus les couler. la fortune envolée, tout cela ne fut que perte de temps et le génocide de son reste d’humanité.

Petal c’est l’optimisme. si le monde est une scène, alors l’identité est un costume. elle pourrait vous raconter son conte de fée sans qu’une larme ne s’échappe de ses vives prunelles, sans qu’un jugement se porte dans les mélodies de sa voix frêle et épuisée. vide d’esprit, pensant pouvoir renaître indéfiniment de ses cendres. un être qui n’a pas accès à la liberté avec pourtant pour seul rêve de voguer entre les milles et un paysages des nuits fauves, des petits jours et de la grisaille. elle fait comme si de rien n’était, met un pansement toujours là où ça ne saigne pas, dans l’espoir qu’on ne vienne jamais chercher son innocence. qu’on ne ressasse pas là où ça fait mal, parce que dans le fond elle en a plus la force. exerce sa comédie répétée, un sourire sincère mais hésitant au bout des lèvres pourvu qu’on avale ce qu’elle raconte. la vie l’a torturée, l’a enchaînée comme si elle méritait pas. les beaux jours, la pluie fine et les rayons de soleil à travers le double vitrage. penses-tu qu’il est possible pour quelqu’un de changer son destin ? dans les moments incertains, quand notre insouciance et instinct prennent le dessus. alors petal dit une identité pour l’échanger avec une autre le matin venu, ne s’attachant que trop peu sous peine d’être déçue de nouveau. parfois l’éternité ne dure pas pour toujours. elle se bat petal, met tout ce qu’elle ressent dans son poing et se bat pour ses convictions. pour ce qui lui reste comme famille, comme chance de faire de sa vie autre chose que de le frimas sur son expression, comme foi en l’amour et le mariage. au fond elle sait que tout cela s’est éteint il y a bien longtemps, mais aujourd’hui c’est de ne plus renoncer qui importe. à rien. à ne plus douter. esclave de sa propre tragédie, petal a toujours été dépendante, propriété de cette personne, personne ayant profité de son amour, amour sincère. c’en était fini.