CRÉATION *ೃ – l’inattendu, l’précieux qu’est arrivé tout droit de l’autre côté de l’océan parce qu’en leur terre elles étaient synonyme d’imperfection. désordre qui a ses jolies couleurs – et meng il a baigné dedans, cette association qui fait remuer les langues et secouer les coeurs les plus fermés. et ça l’a fait crier tôt, meng – gueuler même, parce que y’a pas de raison d’en parler, elles s’aiment et c’est tout ce qui compte pas vrai ? pas besoin d’homme à la maison, y’a lui, et c’est déjà bien (c’est déjà trop), et puis de toute façon ment il s’est jamais trop posé de questions.

OF BLOOD *ೃ – c’est difficile, de s’faire sa place. d’avoir la sensation d’être dans le moule, d’être apprécié, d’avoir trouvé une quelconque utilité à ce ramassis de chair et d’os qu’il est ; c’est pas facile de s’faire entendre. ou respecter. c’est pas facile de s’prendre des remarques, des regards, d’avoir la sensation de brûler quand ses mamans osent se prendre la main, dévoiler ce que c’est d’s’aimer. y’avait rien, aucune façon pour lui de se faire comprendre, ou écouter. on l’ignorait, ou l’écrasait – on lui donnait si peu de place qu’il a fini par mordre, meng, et puis frapper, et puis faire fuir tout ce qui aurait pu oser s’approcher.

THE MONSTER *ೃ – il en avait pas l’allure – y’a que les gueules d’ange qui finissent par faire trembler ; paré de ses plus grands lucifer, ailes brulées pour défendre sa vertu, la leur, jusqu’à ce que tout devienne si foncé qu’il a arrêté de voir. il est devenu aveugle meng, l’égo d’enfant qui brûle, devient soudainement plus fort, plus grand. à faire avaler ses cendres à quiconque oserait un peu trop le regarder, un peu trop le provoquer, un peu trop s’trouver là quand y’a l’effusion, l’explosion qui approche. comme un besoin de – (il ne sait pas trop, en fait) c’est là, c’est tout. une habitude qui s’installe. préférer terroriser que s’faire écraser. assurer une place qui n’existe pas.
et mentir.
mentir.
mentir encore – on s’demande bien qui est trompé.
alors il les a bousculés.
une fois, deux fois.
la troisième, c’est l’argent de poche qui y est passé.
alors il a rit, encore, et encore, avec ces faux amis qui l’encerclent parce que c’est mieux d’être de ceux qui sont en train de rire plutôt que d’pleurer.
alors il les a bouffé,
jamais vraiment rassasié.

JUDAS *ೃ – ne porte aucune bonne parole – l’enfant cache ses jolies dorures ; à tout repousser, se cache derrière ses railleries quand il ne recherche qu’attention & affection. à fleur de peau – enterre ses cicatrices en feignant l’indifférence, semble prendre tout à la légère. y’a que des roses fanées dans ses sourires et des tournesols sans soleil dans son regard.
à la fin du lycée il a du s’calmer – y’a eu d’autres facteurs qui sont entrés en jeu. son avenir, mis entre parenthèses pour des erreurs de jeunesse & qu’il semble parier aux dés.  
et puis mamans, elles ont coupé les vivres. il a du s'démerder, pour s'payer ses soirées, et les extras d'une journée.
il s'est fait virer.
une fois, deux fois, il a arrêté de compter.
et encore une fois c'est sa jolie tronche qu'a fini par le sauver – quelques contrats de mannequinat ça et là, parce que ça paye pas mal, il a pas à s'fouler, mais ça ça reste son petit secret.

FUTURE *ೃ – incertain, si trouble qu’il pourrait s’y noyer. on lui avait offert, pourtant ; et sur un plateau d’argent. ses pré-dispositions en taekwendo ont rapidement trouvé leur première barrière face au comportement explosif de l’adolescent ; transgresse largement avec les codes imposés par la discipline. c’est pourtant grâce à cela qu’il a pu obtenir cette université – et s’canaliser. tente de contenir cette espèce de volcan jusqu’à ce buter au sport s’il le fallait –
fatigué.

fatigué d’les décevoir, d’être tellement sur le fil qu’il louche dans le ravin, et que la moitié d’son corps plane dans le précipice. 
y’a eu le lycée – manquer d’se faire éjecter de justesse si mamans ne les avaient pas calmé d’un joli billet. l’équipe qu’a perdu confiance – y’avait que son talent et ses résultats pour le sauver.
alors il essaye, trime au double cursus même si c’est loin de lui plair, parce que de toute manière c’est pas comme si son avenir dans le sport lui était assuré.
coupé en deux, spectateur de lui même, se perd dans des délires qui lui conviennent pas – à cause de cette image qui lui colle à la peau mais dont il n’arrive pas à se débarrasser.

THE RIVER *ೃ – y’a eu la fameuse fois de trop, comme le verre, sauf que cette fois ça disparaitra pas le lendemain parce qu’il pourrait foutre toute sa vie en l’air. y’a eu cette convocation qui lui a fait trembler les mains ; tous les efforts qui volent en éclat, et l’épée damoclès qui se réveille une nouvelle fois.
y’a pas de chèque pour sauver les meubles, ni le sport pour tout confiner. les débordements, aux yeux de la directrice, y’a qu’un moyen de les stopper. 
alors au début il y allait, à cette thérapie, juste assez pour qu’elle lui lâche les basques – il faisait profil bas, meng. ça lui parle pas, ce genre de gosses cassés – peut être parce qu’il est de ceux qui sont responsables du chaos, et qu’il trouve quelques similitudes en eux qu’il a jamais apprécié.
c’est quand même un drôle d’univers, parce que lorsqu’on y met les pieds, c’est un peu difficile d’y échapper – y’a l’courant qui l’emporte, et les rares fois où il s’est repointé, il a écouté. y’en avait des drôles, des gentils, des gens qu’il aurait bien secoué comme un prunier. et meng ça lui a fait du bien d’entendre des voix, de meubler le vide, de se sentir moins seul même si cette bande de loosers sont loin d’être le genre de gars avec qui il voudrait trainer.
pour une fois ;
il se sentait moins seul.

et bien accompagné.