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C’était qu’une bande de gamin. Les gosses d’un beau quartier tranquille, où fleurissaient les magnolias tous les ans. De ceux qui font résonner leurs pas sur le bitume, animés de ce sentiment puissant de liberté et d’insouciance, chaque fois qu’ils dévalent la rue sur leurs bicyclettes. Des innocents : des enfants.
Ils ont grandi ensemble, arpentant le parc voisin, créant leur microcosme unique et précieux. Les copains d’abord qu’ils entonnaient comme un crédo inviolable.
Leur belle unité, elle a volé en éclat un jour de mai 2009, date à laquelle Sira a disparue. On a fouillé le parc, écumé les ruelles. La partie de cache-cache macabre a duré une nuit entière. Et puis à l’aube, elle est réapparue, ses vêtements encore trempé et son corps constellé, enveloppée dans un linceul de plastique blanc.

Après la mort de Sira, le groupe s’est délité lentement, jusqu’à l’anéantissement. Du jour au lendemain, ils ont cessé de se reconnaitre, ils sont redevenus des inconnus. Ça faisait trop mal d’y repenser, mais l’oubli leur a été interdit. Certains sont partis, d’autres sont restés, immanquablement liés par leur fil écarlate. Spectre parmi les spectres de la cité.

Dix ans plus tard, ça recommence, le cauchemar se prolonge d’un nouveau drame. Junghoon s’efface sans un mot, et ne leur laisse que son souvenir, et un fair-part qui les rassemblent à ses funérailles. ils devaient y être.. Certitude implacable dans ce silence mortifère, il se demande ce qu’ils pourront sauver, de ce bonheur d’enfance qu’ils ont trop longtemps voulu altérer.


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« dancing with your ghost »  ⎯ (( f – décédée en 2009 à 10 ans. ))
c’était une gamine radieuse, la plus jolie de la classe disait-on. Sira la bienheureuse, celle qui laissait jamais rien paraitre des malheurs, celle qu’avait jamais peur. Les montres, qu’elle disait, c’est les Hommes. Et les autres rigolaient.  
La vérité c’est qu’elle avait raison, ses monstres à elles étaient tapis à la maison. Sira a appris à rire des bleus sur ses bras, et à cacher les autres sous des pansements enfantins. Quand elle a disparu, ils ont tous cru à un jeu, le genre d’aventure dont elle avait le secret. Quand la nuit est tombée, on a fini par croire qu’elle était rentrée, et les gamins se sont dispersés. Le lendemain, ils ont appris que Sira était morte, retrouvée noyée dans le plan d’eau. Alors tout s’est brisé, et le jeu a pris des tournures lugubres, interminables. Ils ont jamais cessé de la chercher, au fond.
Des mois plus tard, ce qu’on a d’abord pris pour un tragique accident se transforme en tragique crime domestique. les ciels azurés sur sa peau pâles, tracés aux poings par son beau-père, ils ont fini par la tuer, en silence, et personne n’a rien su.

« solar boy on his skate » ⎯ (( m - mort en 2019 à 22 ans. ))
ô et il faudrait mille mots pour décrire le garçon qui avait souvent la tête plongé dans ses rêves. c’était que le gamin avait toujours sa planche sous le bras, longeant les rues de séoul comme si elles lui appartenaient. et il était beau, comme une comète. c’est que les cœurs s’amourachaient facilement alors que lui ne voulait que vivre d’aventures. pourtant, l’organe battant s’est soulevé pour cette gamine qui voyait comme la reine de ce monde éclaté. et les sourires perlant auraient pu tout dire, si la mort de sira n’avait pas brisé les amitiés enchaînées. et c’est qu’il a pris du recul le skateur. voyant bien trop à quel point le mal pouvait ronger bien plus que les âmes esseulées. sûrement qu’il n’aurait pas du. sûrement qu’il aurait voulu tous les sauver. les uns après les autres. mais c’est que le souffle s’est éteint lorsque la voiture a heurté l’épiderme endormi. et le corps allongé sur le bitume a vacillé dans sa dernière danse. ô et il a rejoint les étoiles aux côtés de sira. et de là haut, il ne peut plus les aider à réparer les maux enchevêtrés.

« i’m not a princess, i’m a queen ⎯ (( f - née au choix. ))
c’est que l’or a tant de fois souillé le cruor, qu’elle a toujours eu la prétentieux de se voir mieux que les autres. pourtant derrière la façade de la gamine aux mots acides et au regard jugeur se cache une enfance tachée. ô c’est qu’elle ne voit jamais les parents bien trop occupés à remplir leur agenda qu’à se demander ce que vit leur fille soit disant bien chérie. et la solitude la pèse, la souille de ces envies de parfois tout foutre en l’air. et sûrement que les gamins auxquels elle s’est lié d’amitié lui ont sauvé la vie. jusqu’à ce que la princesse disparaisse et que la mort entrave les liens soudés. ô et la perte elle l’a mal digéré la reine de son univers. c’est qu’elle a dévié de la route attendue et n’est devenue plus que l’ombre d’elle-même. et les choses ne se sont pas arrangées, quand les corps se sont retrouvés pour un nouvel enterrement. ô et les lippes n’ont jamais eu le temps d’avouer les sentiments cachés pour le gamin solaire. et la rage bouillonne au creux des veines. voilà qu’elle en vaut à eun jung de l’avoir laissé faire. car c’est elle qui devrait gire six pieds sous terre.

« Yellow heart » ⎯ (m — né en 97 ou 98)
Le meneur du groupe, le plus aventureux de tous. Le plus mature aussi. Il était fou amoureux de Sira, c’était un secret pour personne, et certainement pas pour noeul, qui lui vouait elle-même un amour tendre. La mort de Sira l’a consumé, dévoré de culpabilité. S’il l’avait cherché plus longtemps, s’il avait su avant. Si—

Après quelques mois, lui et sa famille ont déménagé loin de Seoul et ses chimères. Toute sa vie, il a vagabondé, ici et là. D’échec scolaire en fugue nocturne, il a fini par quitter sa maison à ses 16 ans. En perpétuelle fuite, poursuit par ses propres fantômes qui s’accrochent ses membres. C’est des années plus tard, lorsqu’il apprend la mort de Junghoon, qu’il décide de revenir en ville, et retrouve ses anciens amis. Las de courir, il décide de s’y installer, de refaire sa vie dans la ville de son enfance, et affronter ce qui le hante, une bonne fois pour toute.

« new rules ⎯ (( m - né au choix. ))
Ô, c’est que lui vivait dans son monde, c’est qu’il rêvait plongé dans ses bandes dessinées ou la console devant le minois. Ô il est certainement le plus innocent de tous, car la candeur d’une utopie enfantine ne le quittait jamais. Et c’est que de l’espoir, il en avait à foison dans ce cœur qui battait à tout rompre. Dystopie foudroyante, parce que lui n’aurait jamais arrêté de chercher dans la pénombre, sous les yeux de Nyx, c’est qu’il aurait retourné la terre entière pour retrouver la précieuse étoile. Et la vérité, elle a éclaté dans son cœur, elle l’a brisé comme tous les autres, n’en faisant plus qu’une marionnette aux yeux des démons. Ô il s’est enfermé, il s’est tant caché, le gosse qui ne cessait de rêver. Et les jeux, il y a joué jusqu’à en perdre la raison, jusqu’à perdre le contrôle. C’est qu’il n’en sortira probablement jamais, seule échappatoire à ce destin qui se répète. Encore. La mort s’est encore invitée, et elle n’est pas aussi belle que dans les contes, elle est peut-être même bien plus terrifiante que dans les jeux. Elle a emporté une deuxième étoile, ô sacrilège ! Et il y a le ciel qui s’effondre au-dessus de sa tête, les regrets, eux, ils ne se comptent plus !
Mais l’espoir, lui, existe-t-il encore dans le cœur du gosse qui voudrait bien, une dernière fois, retrouver les amis d’enfance, faire disparaître l’amertume au fond de sa gorge, il voudrait bien ; que ce jeu mortel cesse.

« the one that doesn’t fit » ⎯ (( f - née en 00 ))
la gamine ramenait parce qu’elle était constamment dans les pattes du grand frère. et sûrement qu’elle s’attendait pas à nouer des liens avec les autres enfants. rayon de soleil, c’est que de son sourire elle égayait le monde entier. danseuse émerveille qui virevoltait telle une étoile dans les cieux constellés. pourtant, quand sira a disparu, c’est elle qui a fait suivre le mouvement d’abandonner les recherches. car la fatigue abîmé l’être qui ne voulait que retrouver la douceur du foyer. ô et les maux ont fini par ronger l’épiderme quand le corps mort a été découvert. et les cieux sont devenus sombres dans les prunelles de la gamine. les dents se mordant les lippes d’avoir délaissé l’amie. et puis les silhouettes se sont éloignées, jusqu’à ce que les amitiés n’existent plus. et sûrement qu’elle a oublié, la colombe. jusqu’à ce qu’à son tour, le frère fabuleux rejoigne les étoiles. ô et voilà que le myocarde culpabilise encore plus d’avoir envoyé dans la tombe jung hoon. et elle ne sait pas, si recoller les morceaux avec les amis du frère aideront à panser les plaies. ô parce qu’elle ne veut plus que les bras de la faucheuse, la gamine. surtout depuis que les jambes l’empêchent de danser à nouveau.

« Secret garden »  ⎯ (( m - né en 99 ))
Le fil rouge à jamais relié à Noeul, car il ne vivra jamais sans son exacte moitié, la pièce manquante de son âme. Mais il a le cœur nécrosé, il a le cœur qui souffre à chaque battement de l’organe vital. Et les secrets rongent le gamin, l’enfant qui s’est envolé, qui a éclaté en morceaux. Car elle a rejoint les anges, ((Sira)), car il ne connaissait que trop bien la provenance de ces bleus qui s’échouaient sur la peau de porcelaine. Ô mais c’est qu’il n’a rien dit, et que le savoir est venu pourrir son âme. Il y a les paroles qui n’ont jamais osé sortir, le poids des mots qui résonne dans l’organe creux. Et que ce serait-il passé, s’il avait osé en parler avant qu’il ne soit trop tard ?
Il y a les regrets qui planent au-dessus de sa tête, et tout s’est écroulé encore une fois, le cœur qui s’est écrasé sur le bitume, impossible de recoller les morceaux. Car le meilleur ami s’est lui aussi envolé ((Jung Hoon)), parti rejoindre les cieux tout là-haut. Et c’est qu’il est inconsolable, c’est qu’il aimerait pouvoir tout réparer mais que dans ses mains, seule la noirceur persiste.

« all the kids are depressed » ⎯ (( f - née en 99 ))
Noeul est la soeur jumelle de yiryeon, gamine au caractère brûlant. Brillante, sensible, indomptable. Gamine, elle était folle amoureuse de jinu, non sans ignorer que celui-ci n’avait d’yeux que pour sira. La jalousie qu’elle vouait à la gamine-soleil a fini par faire éclater une dispute virulente, secrète, quelques heures à peine avant la mort de celle-ci. Depuis lors, noeul cache sa culpabilité en s’assommant de cachet. Cœur dévoré, avide d’un pardon que sira ne lui accordera jamais. Au fond si elles ne s’étaient pas engueulée, Sira n’aurait pas fui avant l’arrivée des autres. Et tout aurait été différent.