Rencontre foudre au coin d'une scène miteuse dans le fin fond d'un club pseudo avant-gardiste il y a deux ans, elle était là, superbe dans son allure d'écorchée vive, derrière ses allures mutiques et ses regards inflammables - à chanter une chanson à propos des amours mortes en le regardant dans les yeux comme si elle y lisait. Mystère de l'attraction la plus brute. Le début de leur idylle aux deux extrémités du spectre. Eux deux, c'était hit the ground running, furieux et grisant dès le départ, tu boucles ta ceinture et tu t'accroches. Elle a pas réalisé à quel moment il lui était devenu si indispensable ce con. Elle s'est juste réveillé un matin contre lui et juste comme ça, elle savait que c'était là qu'elle se sentait exister. Soo Min elle avait cette vivacité, ce mordant, cette force, qui l'attirait irrémédiablement, et ils ont tout vécu dans la précipitation constante d'un lendemain incertain, emménageant ensemble trois semaines à peine leur liaison entamée, réveillant les voisins à l'aube en revenant de soirées éclipses les yeux éclatés tels des étoiles en fin de vie. Ils se sont mariés sur le même rythme, dans l'audace, et sans y réfléchir, un matin pluvieux où Tora la regardait dormir à côté de lui avant de laisser échapper une plaisanterie douteuse qui donna lieu à une surenchère encore plus improbable. Des souvenirs dont la simplicité font mal dorénavant.

Union filante s'éteignant aussi vite qu'elle avait débuté, lorsque les phases descendantes de Soo Min commencèrent à gangrener leur bulle d'illusions, à partir de là, tout a basculé : ce fut des débuts de discussions mesquines, suivies de périodes de mélancolie intense... Des hauts démesurés et des bas hystériques, entraînant tantôt des comportements irresponsables et dangereux.

Il ne pouvait pas baisser les bras Tora.
Même si l'envie de foutre le camp lui a tant de fois titillé les pensées.

C'est elle qui a claqué la porte, dans la réalisation de leur pandémonium personnel elle craignait un abandon qu'elle a finalement elle-même précipité. Il l'a détesté pour ça. Mélange excessivement douloureux de soulagement et de culpabilité qu'il peine encore à reconnaître. C'est pour cela que même encore aujourd'hui, il ne parvient pas à lui tourner définitivement le dos, rapplique au moindre appel à l'aide, à la moindre secousse l'arrachant à sa réalité. Malgré la séparation, malgré les papiers du divorce signés, malgré l'éloignement et les trahisons à découvert, le lien invisible conserve tout de son emprise.