tout commence dans la boue, un enfant de la boue dont le milieu social présage un déplorable lendemain ; un paternel qui gratte sa fortune jusqu'au découvert et une mère loin d'être la mère douce et aimante qui aurait pu apporter un peu de délicatesse dans la vie du petit garçon que j'étais. c'est une infortune qu'on peut essayer d'estomper mais ce pays ne nous donne pas assez d'options. naître pauvre pour mourir silencieusement pauvre est le refrain que beaucoup d'entre nous ont pu entendre. le premier chapitre de ma vie d'adulte commence au collège, je ne suis pas encore assez grand pour être un poids lourd sur la balance mais je suis déjà un fardeau pour mes géniteurs ; un fardeau et en même temps une aubaine en terme de revenus, après tout gratter jusqu'à perte finit par coûter et bien que la drogue n'ait jamais été un problème familial, l'alcool éventuellement a fini par être un budget conséquent alors il était évident, oui évident qu'il fallait un porte-feuille de secours. j'ignore pourquoi il ne m'ont pas appelé comme ça en premier temps au lieu de s'accabler d'un prénom qui ne me correspond finalement pas. ô, le collège a été le début d'un cauchemars éveillé être victime d'injustices, se battre, être convoqué, se faire battre, un lendemain calme et à nouveau être victime d'injustices. je n'étais pas un élève particulièrement brillant non plus ; perdu dans mes rêveries de retourner sur une planète dont j'étais convaincu être un habitant comme les autres. je rentrais tous les jours dans une maison que je ne voyais pas comme la mienne et une fois que je me retrouvais seul sous mes draps, une multitude de possibilités s'ouvraient à moi alors que je me dissociais un peu de cette vie passée sur terre.


le lycée arrivant, je n'avais aucune ambition en particulier, pas même d'obtenir mon diplôme, diplôme qu'en fin de compte j'ai fini par obtenir, mais j'imagine que tout ça c'était pour rien du tout finalement ; pas de bourse, pas d'argent pour intégrer même une petit université et surtout aucune ambition. donc j'ai fais mon service militaire comme beaucoup de jeunes perdu de mon âge. si cette étape était un enfer pour certain, c'était juste deux années de ma vie qui sont passées avant que je ne retourne en enfer ; n'étant plus une source de revenu, le froid d'hiver m'avait ouvert les bras dans les rues de seoul. ironiquement ce n'était même pas encore l'hiver mais il faisait terriblement froid. un moment idéal pour finir à la rue sans préavis. j'avais encore dix-neuf ans à l'époque, frôlant les vingt de quelques mois et c'est cette même année que je rencontre moe ; j'avais déjà connu moe dans le passé mais elle n'avait pas eu un tel impact dans ma vie qu'à l'aube de mes vingt ans. ironiquement, je vous compte toute cette histoire comme si tout ça c'était passé il y a des années alors qu'elle ne remonte qu'à presque trois ans dans le temps. moe est tout l'opposé d'un déchet de la société comme moi. moe a été dans un orphelinat, puis a été adoptée avant d'arriver au collège, des parents aimant, de l'ambition, de la réussite dans tout ce qu'elle entreprend, bénévole à ses heures perdue, présidente d'un club en dehors de l'université, don du sang dès qu'elle en a l'occasion, des piles et des piles de trophées dans le salon de ses parents, et une personnalité exécrable -enfin vulgaire à souhait mais des plus serviables.

c'est à l'hôpital que nous nous sommes rencontrés après l'échec d'un suicide que je ne mentionne pour tout dire jamais. moe était le docteur en charge de mon dossier, moe n'avait pas le temps pour quelqu'un comme moi qui en plus d'être inutile pour la société étais à la fois un fardeau à ce moment même. pourtant moe est restée plus que nécessaire. peut être parce qu'elle avait reconnu ce visage d'enfant devenu grand ou peut être simplement car c'était dans sa nature de faire les choses de cette façon. « écoutes moi p'tit merdeux » qu’elle m’a murmuré calmement « la vie s’arrête pas là- la vie est dure et alors ? tu vas te trouver un temps partiel, reprendre les cours, t’as même pas encore vingt ans c’est ridicule...- quoi ? c’est l’argent le problème ? si c’est l’argent le problème mets ta fierté de côté empruntes moi de l’argent et rends moi ce que tu me dois plus tard, rends moi le double même. c’est quoi le problème ? t’as peur de pas réussir ? t’as peur de pas pouvoir être le genre de personne sur qui on peut compter ?  » elle rit doucement et ajoute « ou t’as juste peur d’être exactement comme tes parents ? » quel drôle de psychologue. ce n’est certainement pas une technique qui aurait pu marcher avec tout le monde, et elle avait tout à perdre. malgré mon application à essayer de ne plus la voir, elle était aussi collante que ce que vous pouvez imaginer ; un jour elle est arrivée dans un des foyers temporaire où j’avais réussi à trouver une place pour passer la nuit. elle a prit mes affaires et les a mis dans sa voiture en me disant « c’est aujourd’hui que tout commence »

je me suis retrouvée à vivre avec ses grand-parents, mit devant le fait accomplit malgré mon application à n’en faire qu’à ma tête je n’ai pas eu la force de partir. comme elle avait dit c’était ce jour là que tout a commencé car le lendemain elle m’a forcé à aller aux portes ouvertes de son université. elle m’a ensuite présenté à son ancien patron dans un café en lui disant que je ferai du bon travail et puis quelques jours plus tard elle était aussi là pour remplir le formulaire d’inscription avec moi. des mois sont passés depuis, les signes de détresse sur mon visage se sont estompés pour disparaître au fil du temps. puis mes vingt ans arrivent bel et bien et l’année semble se terminer sur une notre positive. j’avais pris la décision d’intégrer la faculté des sciences et de médecine en physique et astronomie. ma première année validée avec brio, j’ai également pu déménager pour m’installer dans mon propre studio. c’est cette partie précisément qui a causé ma perte, ce soir où j’ai décidé d’ouvrir mon coeur et lui confesser mes sentiments à moe. figurez vous que ce n’était pas un acte prémédité, je l’avais simplement fait parce que j’en avais envie. et cette dernière a éclaté de rire avant de me répondre tout en encadrant mon visage « non, ma présence t’apportes juste un sentiment de confort et de sécurité mais tu ne m’aimes pas réellement. et puis tu as juste vingt ans ‘hannie et je vais en avoir vingt-trois-  » et c’est avec un sourire dévastateur qu’elle ajoute « d’ici quelques jours je vais rencontrer mon blind date, probablement l’homme de ma vie, l’amour est ce qu’on veut bien en faire, ça n’a pas à être compliqué » ce n’était pas dramatique du tout, à vrai dire l’alcool avait alléger les dernières peines que j’aurais pu ressentir à l’idée d’avoir le coeur brisé. après ça notre relation est restée la même. j’aurais essayé de lui faire comprendre mais elle n’a fait qu’ignorer aussi gentiment qu’elle le pouvait mes paroles.

et puis j’ai eu vingt et un ans, deuxième année de science et astronomie , moi qui pensais que je me lasserait de ce cursus à l’usure, car le cursus de sciences criminelles m’appelait à l'époque. qui sait, peut être que je ne fais vraiment ça que dans le but de monter dans une fusée comme joji et atterrir sur littéralement n'importe quelle planète, car honnêtement je n'ai pas le sentiment d'être là où je devrais être ou faire ce que je devrais faire. certes, me mélanger et finir par me perdre dans des histoires sans significations est d'une distraction satisfaisante mais jusqu'à quand pourrais-je vraiment jouer de la flute qui m'hypnotise tel un serpent ?