Ah le marché de Noël, ses somptueuses décorations, sa bonne humeur… Cette fête faisait rêver Sinae depuis qu’elle était jeune. Les cadeaux sous le sapin, attendre l’arrivée du Père Noël. Cette tradition aussi vieille que le monde avait rythmé toute son enfance. Bien que désormais, elle ne croyait plus au père Noël, la coréenne aimait sincèrement cette ambiance féerique. Elle redevenait gosse à chaque fois qu’elle avait la chance d’admirer des guirlandes clignoter. On avait nommé Sinae la bonté même, il était donc évident de la retrouver sur le marché, à proposer des bijoux artisanaux à de potentiels acheteurs.

Impossible de détourner les yeux de l’horizon. De ses pupilles espiègles, elle regardait les passants qui s’arrêtaient admirer le stand. La jeune femme, bien que manquant d’expérience en vente, restait déterminée pour autant. De plus, elle pouvait compter sur la jolie brunette qui était devenue sa partenaire, la présidente des Melted, visiblement aussi intéressée qu'elle. « Bora-ssi, je ne vais pas repartir avant d’avoir tout vendu ! » Sa parole était donnée. Et motivée, elle l’était indéniablement.  

Sinae applaudissait résolument, un sourire malicieux étirant les lèvres de la vendeuse. « Approchez donc, venez découvrir nos produits manuels ! Et en prime, à partir de 20 wons dépensés, vous recevez un cadeau, un petit bisou de notre sublime Bora, ne soyez pas timides ! »

Petit lutin aux cheveux décolorés, le voilà qui se faufilait ensuite d'un pas malicieux près du stand de bijoux artisanaux. Il demeurait accompagné de deux amis à lui, des blagues et des rires débordant de ses lippes, courageux dans son entrain de gamin bruyant. Son bonnet Olaf qu'il venait tout juste d'acheter enfoncé sur sa touffe cendrée, à l'instar de ses mitaines en laine blanche recouvrant adorablement ses mains frileuses du froid de Décembre, il avançait en quête de sa prochaine acquisition, un sourire aussi spontané qu'espiègle ornant son visage.

Car plus que le joli scintillement des parures exposées à la vue de tous, c'était ces deux petits bouts de femme qu'il affectionnait tout particulièrement, qui le faisaient s'approcher d'une démarche respirant autant le coup bas qu'une joyeuse affabilité. En atteignant enfin le stand de Yeon Sin Ae et de Park Bo Ra, deux demoiselles de sa connaissance, le jeune homme vint leur adresser un léger sourire timide, presque amusé. Il les salua d'un petit signe de main, cordial, et se permit enfin de prendre la parole. « C'est un très joli stand ! Et ça brille tellement, par ici, woah. Avec mes yeux d'aigle, je pourrais le voir à des kilomètres et des kilomètres de Séoul. Non, de la Corée du Sud toute entière ! » Oui, c'était sûr, il le savait. Enfin... Si yeux d'aigle il avait. Mais il était sûr aussi que Mademoiselle Sin Ae et Park Bo Ra le croiraient.
Quoi que...

Il possédait déjà des bagues, dont deux actuellement à ses doigts, mais les anneaux joliment disposés sur écrin semblèrent tout à coup l'appeler, à mesure qu'il rivait ses yeux sur les produits des jeunes filles. Le prix était tout juste équilibré. C'était parfait. « Oh... J'aime beaucoup vos bagues. Elles sont sobres et ont l'air de bien aller aux doigts. Jebal, Sin Ae-ssi, Bo Ra-ssi ! Est-ce que je pourrais en avoir deux ? » Sa demande fut suivie d'un sourire brillant et de deux yeux bien trop mignons, alors qu'il s'esclaffait et payait avec une fausse grimace de douleur son dû.

Et quand bien même il n'avait rien prévu, n'ayant manigancé aucun plan machiavélique ni desseins relevant de sa malice naturelle avant de venir ici, ce fut lorsqu'il reçut ses deux anneaux qu'une idée de génie lui traversa l'esprit, comme un soudain éclair de lucidité. Ou dans son cas, de stupidité. Mais il l'assumait totalement. « Hey hey ! ~ » Glapit-il d'une voix aiguë en direction des deux vendeuses qu'il affectionnait tant, leur adressant d'un ton innocent de tendre chacune une main vers lui. « Elles me seraient bien allées, mais vous, je sais qu'elles vous iront encore mieux. » Il s'inclina un instant devant elles, comme pour leur demander poliment l'autorisation. Sans tarder, le farceur leur passa finalement à toutes les deux un anneau d'argent au doigt, en prenant soin de toujours le faire sur une main différente. Il s'appliqua méticuleusement tout du long, un sourire de réprimé sur le haut de ses commissures, alors qu'il vantait bientôt ses mérites de « metteur de bagues » tout en admirant l'éclat scintillant sur les doigts de ses interlocutrices.

Et voilà que ses potes rigolaient juste derrière de sa bêtise de grand romantique.
Mais il n'en était pas mécontent. Simplement, pour couronner son numéro, ce ne fut qu'un sourire embarrassé qui prit place sur ses traits.

Noël Noël Noël ~ Bora ne tenait plus en place, emmitouflée qu’elle était dans le pull le plus kitch qu’elle avait pu trouver. Une belle laine rouge écarlate, qui grattait un peu, imprimées de motifs verts et blancs. C’était une véritable scène forestière qui se déroulait en frise horizontale sur le corps de la jeune fille, ornée de cervidés et autres conifères. Les joues roses de plaisir et les yeux peinturlurés de fard pailleté, elle admirait les bijoux éparpillés sur le devant de leurs stands avec une certaine impatience. Ses pupilles filaient sans cesse vers les allées illuminées du marché de Noël, passionnée par les éclats des décorations.

A ses côtés, Sinae, une jolie membre des Firestone, lui faisait part de sa détermination à vendre l’ensemble de leur marchandise sans faute. Amusée, la jeune fille acquiesça vivement, elle même surmotivée à l’idée de relever le défis. « Compte sur moi, on va vider ce stand en un rien de temps ! » La jeune femme hélait déjà les clients de sa voix claire. Bora saisit un pendentif sur le présentoir, l’agitant dans les airs en se grandissant au maximum. « Mesdames et Messieurs, n’hésitez plus, prenez le temps de jeter un œil. Pour 30 wons, notre belle Sinae vous accordera un rendez-vous en tête à tête dans le plus beau restaurant de Séoul – à vos frais cela va de soi. »

Tandis qu’elles s’affrontaient malicieusement à coup de promotions bien sentie, leur premier client s’approchait déjà, flanqué de deux camarades. Un trio de petits kékés aux lèvres déformés par la futur blague qu’il imaginait déjà. Bora siffla, fronçant les sourcils en direction d’Han Ja qui se lançait déjà dans son interminable discours de fanfaron aromatique. Elle détestait lorsqu’il commençait à minauder de la sorte, mais en tant que vendeuse, elle devait faire bonne figure. Aussi resta-t-elle bien droite, la bouche crispée.

Il scruta le présentoir, tombant soudain arrête devant la boite contenant les bagues aux couleurs variées. « Oh... J'aime beaucoup vos bagues. Elles sont sobres et ont l'air de bien aller aux doigts. Jebal, Sin Ae-ssi, Bo Ra-ssi ! Est-ce que je pourrais en avoir deux ? » Pourquoi parlait-il en gras pour dire bague et deux ? Bora l’ignorait, Ja avait toujours eut des attitudes étranges et inutiles. « Bien sûr ahjussi, voici pour vous.  » répondit Bora en prélevant les bijoux avec la délicatesse d’une orfèvre. Elle s’empressa de cueillir l’argent dans la main de l’acheteur de peur qu’il ne change d’avis.

Cependant, alors qu’elle attendait patiemment qu’il s’en aille avec ses achats, le jeune homme n’en fit rien. Il attrapa tour à tour les mains des deux vendeuses, passant à chacune l’un des anneaux argenté. Bora baissa la tête en rougissant, serrant le point dans la paume de son autre main. « Yah, tu fais quoi, on travaille là ! » S’offusqua-t-elle, plus que mal à l’aise. Elle enfonça d’avantage son bonnet sur son front pour cacher son malaise, bougonnant un « merci » embarrassé.

Il y a des valeurs sur lesquelles il ne faut jamais cracher. La fidélité est l'une d'entre elles. La loyauté, aussi. La générosité, évidemment. Le calme, la paix, la maturité, la tolérance, la constance, la beauté.
Mais bon, comme Sooli peut pas tout avoir, forcément, il faut faire des choix. Et aujourd'hui, elle a décidé d'être généreuse et loyale (parce que melted en force). Elle a bien essayé d'être mature, mais la magie de l'hiver a quelques limites.
Et puis de la maturité pour un marché de Noël, c'est très superflu.
En approchant du stand de sa présidente, Sooli est sous le choc, parce que les bijoux, c'est une de ses plus grosses faiblesses. Elle adore les bracelets. Est-ce qu'ils vendent des bracelets ? Ou des perles ? Parce que les perles, c'est vraiment le top du top, ça peut même s'utiliser pour décorer les scoubidous, pour coller sur des barrettes, pour faire des boucles d'oreille, pour... « Approchez donc, venez découvrir nos produits manuels ! Et en prime, à partir de 20 wons dépensés, vous recevez un cadeau, un petit bisou de notre sublime Bora, ne soyez pas timides ! »
Sooli s'assurera naturellement de dépenser plus de 20 wons.
Mais d'abord, elle se tourne vers la personne qui a dit ça, et elle la connaît sans la connaître mais elle est jolie donc elle a décidé qu'elle l'aimait bien.
Elle inspecte les marchandises. Un client pour le moins bruyant fait son entrée, mais Sooli est trop occupée avec ses calculs mathématiques pour y faire attention.
Ce n'est que quand elle aperçoit du coin de l'oeil le client mettre la bague au doigt à Bora, qu'elle s'exclame : « Mais elle est déjà mariée, Bora ! »
Puis quand elle réalise que c'est Han Ja et toute sa clique de bras cassés (mais les bras cassés c'est tellement son quotidien qu'elle a fini par les adorer), elle redescend, et attend docilement son tour. Quand elle accède aux deux petites caissières (le petit est de rigueur, surtout pour la blonde) (quoique c'est l'hôpital qui se fout de la charité), elle commence avec entrain, politesse, respect, et sourire malaisant : « BONJOUR ! Pourrais-je, s'il vous plaît, caresser l'espoir d'avoir un lot de perles, une barrette, et, euh... »
Elle est pas encore à 20 wons, et ça l'énerve, alors elle prend le premier truc qui lui tombe sous les yeux. « Et un collier de pâtes, tiens. Vous savez comment ça s'appelle les pâtes comme ça ? C'est des macaroni, ou des coquillettes ? »
C'est vrai que c'est des pâtes de bonne qualité. Et Sooli, elle est un peu jalouse des italiens, parce qu'avec leur boufffe, ils peuvent faire des colliers, alors qu'avec du riz, on peut faire que des maracas. Et encore, si on a la chance d'avoir deux pots de yaourts. Vraiment, c'est pas toujours juste, la vie. Mais heureusement, y a Bora. « Et du coup, est-ce que je pourrais aussi avoir un bisou de la sublime Bora ? »
L'art de la gêne, la science du malaise.

Elle attendait patiemment que les clients affluent à leur stand et fut surprise de constater qu’il y avait beaucoup de monde sur le marché en ce jour. Mais qui n’aimait pas cette ambiance magique ? Qui n’était pas ému en voyant un sapin de Noël briller de mille feux ? Personne. Et puis cette année, ce qui était parfait, c’est que les passants pouvaient jongler entre chaque étale, ils y trouveraient toujours quelque chose de différent. Aller boire un verre de vin chaud, y manger des marrons grillés ou encore acheter des créations de Noël fabriquées par des artisans. Elle tapota l’épaule de Bora lorsque cette dernière annonça leur nouvelle promotion, qui incluait Sin Ae. « C'est Noël, profitez-en pour faire tout ce qu'il vous plait ! Et quoi de mieux que d’offrir une sublime parure de perles Tahiti ? N’est-elle pas magnifique ? » Insista Sinae en présentant le produit aux éventuels acheteurs, comme dans les émissions de vente à la télévision. Elle ne pouvait le nier, au fur et à mesure que les secondes défilaient, elle se prenait de plus en plus au jeu de la caissière et trouvait du plaisir à servir les clients. C’était agréable de croiser les étudiants qui venaient faire leurs courses de Noël. Un sourire comblé vint étirer ses lèvres lorsqu’Han Ja, accompagné de ses amis se présenta au stand des deux jeunes femmes. Toujours aussi jovial ce garçon. Elle laissa Bora s’en occuper, mais revînt se focaliser sur le malicieux lorsqu’il leur passa la bague au doigt. « Merci. Han Ja-ssi, tu nous dois fidélité maintenant ! » Elle rigola timidement pour cacher son malaise, et vînt s’occuper d’une charmante nouvelle cliente. « Annyeong ~ ! » Lança-t-elle tout en inclinant poliment sa tête pour la saluer, déjà très heureuse. « BONJOUR ! Pourrais-je, s'il vous plaît, caresser l'espoir d'avoir un lot de perles, une barrette, et, euh... » Sin Ae souriait, ravie de constater que ses envies étaient nombreuses. « Et un collier de pâtes, tiens. Vous savez comment ça s'appelle les pâtes comme ça ? C'est des macaroni, ou des coquillettes ? » L’étudiante s’exécuta instantanément, prenant avec toute la délicatesse dont elle pouvait faire preuve ce que la demoiselle lui avait demandé. « Vous avez vu juste, ce sont des coquillettes ! Voilà pour vous, merci beaucoup ! » La vendeuse s’empara gaiement des billets que lui tendait la jeune femme avant de gentiment pousser Bora vers sa cliente. « Elle est à vous ! »

may all your bacon burn

Il humait l'air comme un louveteau affamé.
Cela faisait déjà trop longtemps qu'il avait quitté son stand, tournant finalement le dos à la petite échoppe des Han. Les sucreries lui manquaient déjà, aussitôt fut-il détourné du seul ami qui avait pour don d'occuper son esprit davantage que la nourriture.
Mais sur le chemin du retour, non sans l'impatience de tout de même retrouver son binôme, il traînait des pieds, le Loup. Parce qu'il aurait préféré continuer à tirer les joues de son farfadet préféré, à jacasser autour des bougies aux senteurs fleuries qui embaumaient les allées au moins autant que les mets qu'il vendait à son propre chalet.

Et puis, il y eut le stand de bijoux.
Et surtout Sinae, la plus précieuse de toutes les étoiles.

Alors, il se frottait l'échine. C'était définitivement pas une sage décision. Il devait rentrer, aider Mika à tenir le stand, compter les stocks et certainement aussi user de son éloquence de moule asthmatique pour faire la pub de leur affaire.
Mais, il y avait Sinae.

Julian hésita un moment, se tenant à distance raisonnable pour ne pas être vu, histoire de ne pas devoir faire comme s'il n'avait rien vu si on venait à l'apercevoir. Mais, finalement...

« Sinae, la plus belle de toutes les biches du père Noël! »

Si sa voix enrhumée laissait entrevoir une certaine modération dans ses niais propos, son enthousiasme était caché au fond de son petit cœur, que seule sa plus douce amie savait faire fondre. Et aussi un peu dans ses yeux, désormais illuminés d'un millier d'étoiles radieuses.
Il salua son ancienne présidente à la volée, d'un clin d’œil aussi lubrique que les tenues d'Adam qu'il avait pour habitude de porter dans les dortoirs des Melted.

« Il vous reste des colliers de pâtes? »

Un regard jeté sur le comptoir, la mention "par Boo In Ok" avait éveillé sa curiosité. Et définitivement, il était bien meilleur avec des pinceaux qu'avec des pâtes.

« J'ai aucune foutue idée de ce que je vais en faire, mais ton texto avait l'air convaincant. Si j'ai trop faim, je les mangerais. »

Il souriait béatement à son homologue féminin, avant de repérer un bijou qui sortait du lot.

« Je veux aussi la parure, là. Le truc qui brille. J'sais pas ce que je vais en faire non plus, mais j'suis à la bourre sur mes cadeaux de noël, alors je trouverais p't'être quelqu'un à qui le refiler. Mika, sans doute. »

Impression de déjà vu.

« Et un de ces anneaux en argent, s'il te plait! J'ai promis quelqu'un en fiançailles! »

Un clin d’œil bienheureux et un sourire plein de crocs avant de sortir sa carte de crédit.
Encore.

Sinae était ravie de constater que le stand qu’elle tenait avec sa coéquipière Bora marchait parfaitement. Du moins mieux que les premières heures. Au moins, elles ne s’ennuyaient pas. D’ailleurs, les bijoux artisanaux se vendaient bien mieux que les autres babioles présentées au public. En effet, les lunettes ne connaissaient pas un succès fou, malheureusement. Seulement, une idée lui vînt à l’esprit, soudainement. Pourquoi ne les porteraient-elles pas elles-mêmes ? Sans y réfléchir davantage de temps, elle s’empressa d’attraper deux paires, une qu’elle installa sur le nez de la présidente des Melted sans lui demander son avis, l’autre sur le sien. « Peut-être que ça donnera envie de les acheter ? » Confia-t-elle à sa jolie partenaire. De toute manière, elles devaient tout tenter. Et puis Sinae l’avait dit, elle ne repartirait pas d’ici avant d’avoir tout vendu. Tandis que la demoiselle souriait grandement, momentanément fière d’elle, elle releva les yeux en direction d’une silhouette qu’elle connaissait parfaitement (qu’elle connaissait le mieux à vrai dire), celle de son Julian adoré. « Oh, mon petit.. Non que dis-je, mon grand lutin est arrivé ! » Et elle se prêtait au jeu, amusée par les enfantillages de son frère. Sinae ne pouvait le nier, elle était heureuse qu’il lui rende visite, suite au message qu’elle lui avait fait parvenir. « Je savais que t’allais pas résister à la tentation ! Puis oui, l’avantage c’est que c’est un collier comestible, le top du top, tu trouveras pas mieux ailleurs mon Juju, crois-moi. » Lança l’ingénue tout en se chargeant de prendre le bijou qui avait été réalisé par In Ok l’artiste. « La parure est un excellent choix, Mika sera ravie de son cadeau, j’en suis persuadée. » Elle prit un air faussement étonné lorsqu’il lui parla des fameuses fiançailles. « T’es déjà l’homme de ma vie Ju. » Et tandis qu’elle lui adressait un sourire rempli de joie, elle déposait soigneusement les achats du garçon dans un petit sac. « Alors, j’ai calculé, tu en as pour 85 wons. En cadeau, tu as le droit à un bisou de notre jolie Bora et un rendez-vous au restaurant avec ta sœurette adorée… À tes frais, mais chut, c’est un secret. » Relevant les lunettes de soleil de ses yeux, Sinae lui adressa un clin d’œil exagéré alors qu’elle laissait Bora s’occuper d’une demoiselle qui semblait à son tour, tomber sous les charme des bijoux du stand.

Bien vite, elle porta son attention sur un autre jeune homme qui était, lui aussi, familier aux yeux de la vendeuse. « Hoonie ! Je suis contente de te voir ! » Un grand plaisir qui lui valut un rire amical. « Oui, on arrive bien à vendre, nous sommes très heureuses. » Et les deux marchandes ne pouvaient guère s’en plaindre. « T’es arrivé au bon moment p’tit chanceux, on vient de refaire le stock… Du coup, ça te fera 60 wons s’il te plaît. » Écoutant la demande du brun, elle se chargea de séparer les cadeaux en parties distinctes avant de lui tendre les deux sacs, risette bienveillante étirant ses lippes rosées. Sinae tendît l’oreille lorsque son ami s’approcha d’elle. « Oui bien-sûr Ki Hoon. » Elle avait tout de suite compris. « Tu sais, t’as dépensé plus de 20 wons… Tu gagnes un bisou de Bora. » Lui fît remarquer la douceur incarnée, en lançant un regard en direction de la concernée.

Bora revenait d’un pas rapide vers le stand après s’être absenté l’espace d’un instant, le temps de fureté dans les aller. Elle tenait entre ses mains un porte gobelet supportant deux verres de vin chaud fumant. Ravie, elle approcha du stand, reprenant sa place à côté de Sinae. Elle dégagea les deux breuvages et tendit l’un d’eux à la jeune femme. « C’est ma tournée ! » fit-elle en lui adressant un sourire radieux. Elle se prenait au jeu, comme une enfant jouant à la marchande, et elle adorait ça. Humant le parfum épicé du vin chaud, elle y trempa timidement ses lèvres, les retirant rapidement devant la morsure brûlante. Pas le temps de souffler dessus, des clients approchaient à nouveau. Elle mit son gobelet de côté pour se pencher par-dessus le présentoir, accueillant les nouveaux venus.

Sooli s’était approché. Sinae s’en occupait tandis que Bora servait un autre acheteur, confectionnant un paquet cadeau maladroit en arrière-plan. Discrètement, elle écoutait la conversation entre les deux jeunes filles. Elle hoqueta lorsque sa camarade de société réclama son baiser. Avait-elle vraiment pris Sinae au sérieux ? Hébété, elle se retrouva poussé vers l’avant par la seconde vendeuse. Rouge comme une pivoine, elle bégaya un bête « merci pour ton achat », avant de déposer ses lèvres sur la joue fraiche de son amie. Bora était maladroite avec les marques d’affection, même si ce baiser était des plus innocent, elle se sentait gênée. Sûrement n’en avait-elle pas assez reçu dans sa courte vie. Elle se recula lentement, adressant un petit sourire à Sooli, lui tendant une papillote qu’elle venait d’attraper sous le comptoir. « On se voit au dortoir ce soir ! » Lança-t-elle en agitant sa main. Sooli était sa tendre camarade de chambre après tout, elle avait la chance de la voir chaque jour ! Elle devait bien admettre qu’elle serait bien malheureuse sans elle.

Deux nouveaux clients s’était approché. Julian, un ex-melted, qui fut servi spontanément pas Sinae, ainsi qu’une étudiante que Bora ne connaissait que de vue, Bae Zelda. Bora s’approcha d’elle, la gratifiant d’un sourire aimable. La jeune femme demandait une chaine et une bague, rouge de surcroit. Bora se pencha sur l’étale, prélevant une chaine sur le portant, ainsi qu’une bague ornée d’une pierre remarquablement imitée, d’un flamboyant écarlate. « Si c’est pour offrir n’hésitez pas à me demander un papier cadeau. » Lança-t-elle avec un sourire fière d’emballeuse pas très douée (dans tous les sens du terme). Elle fourra les deux bijoux dans une pochette pour la tendre à la cliente. « ça fera 25 wons s’il vous plait ! »

Tandis qu’elle encaissait, un autre client s’était approché, remplaçant Julian auprès de Sinae. Bora détourna immédiatement les yeux pour éviter de croiser son regard. Kihoon, toujours à trainé dans le coin. Elle ne parvenait pas à se faire à son brusque changement de comportement, et n’avait de cesse de se méfier. Tout ceci n’avait rien de normal. Dissimulée derrière un rideau de cheveux ébènes, elle sirotait sagement son vin chaud tout en fuyant soigneusement de le regarder, jusqu’à ce qu’il ne disparaisse. Ce fut sans compter sur Sinae qui, annonçant le prix haut et fort, lançait qu’il avait gagné un baiser de Bora. La jeune femme se renfrogna immédiatement, la gorge nouée. « Ahahah non. Si tu crois que je vais t’embrasser tu te fiches un doigt dans l’œil Jeong Ki Hoon. » Ricana la jeune fille en adressant un regard brûlant au jeune homme. Il n’était pas clair, depuis des semaines, il n’agissait pas normalement. Elle rechignait à lui laisser la moindre chance de la piéger avec son manège. Ils s’étaient assez hait pour qu’elle ne se méfie pas.