•• Summer will end soon enough, and childhood as well

« Encore un garçon ? Mais c’est une brigade entière que tu vas pouvoir monter. » voilà comment les collègues du père Yeom le félicitèrent alors qu’il apprenait en même temps qu’eux, que sa femme avait accouché. Il n’avait assisté à la naissance d’aucun de ses fils. Toujours en mission ou de permanence. Son travail passait avant le reste. Heureusement, madame Yeom n’avait pas prévu de renouveler l’expérience une cinquième fois.  Quant à ses frères, ils furent heureux de l’accueillir. Ils n’avaient jamais eu envie d’avoir une sœur. Ils aimaient se battre, jouer au foot ou aux petites voitures. Par conséquent, il n’y avait pas de place pour les poupées dans cette maison.

Won Tae garde de bons souvenirs de son enfance. Même si son éducation fut stricte, il n’en souffrit pas. Il se souvient de chaque punition comme étant méritée et ne goûta à l’injustice qu'à l'adolescence. Avec ses aînés, ils se battaient et se disputaient tout le temps, tous les jours. Les cris résonnaient sans cesse dans toute la maison. Dompter quatre petits hommes ne fut pas de tout repos pour les Yeom.

•• Teenagers. Everything is so apocalyptic

C’est à l’adolescence que Won Tae remarqua la distinction que son père faisait entre lui et ses frères. Il le punissait plus sévèrement, lui imposait plus de corvées et en attendait beaucoup plus de lui. Il essaye encore aujourd’hui de comprendre pourquoi et cherche toujours la reconnaissance de son père.

En quête de liberté, c’est aussi la période du décrochage scolaire pour Won Tae. Il séchait beaucoup les cours. Il trainait dehors avec des personnes pas forcément fréquentables. Il se battait souvent, trop souvent.

Le dérapage de trop le ramena sur le droit chemin. Il fréquentait une petite bande qui aimait chaparder les touristes. Malheureusement pour lui, une patrouille leur tomba dessus. Et pas n’importe laquelle, celle de son père. Lorsqu’il lui passa les menottes, il réalisa qu’il avait dépassé les limites. Grâce aux relations et à la réputation de son paternel, on ne lui reprocha rien et il fut relâché le soir même. Il rentra à ses côtés. La déception dans son regard puis dans celui de sa mère eut l’effet d’un électrochoc.

•• It takes courage to grow up

Il avait marché dans les pas de ses frères, de son père et de son grand-père avant eux. Il rejoignit les forces de l’ordre. Il fut même major de sa promotion. Incroyable pour quelqu’un qui pendant si longtemps avait été le cancre. Tout le monde l’applaudit avec fierté. Tout le monde, sauf son père. Il ne décela pas cette lueur dans ses yeux le jour de sa prise de fonction. Cela ne suffit pas à se racheter auprès de lui.  

•• I ain't sorry, it was my duty

Sa première enquête. Sa toute première mission sous couverture. S’il avait su que les choses se termineraient ainsi, il aurait passé son tour.

Il était parfait pour infiltrer ce réseau. Personne ne se méfierait de lui. Il se rappelle même avoir trouvé cela trop facile de gagner leur confiance. En quelques semaines, il devint l’un des leurs. Il participa quelques mois à leur activité. Le temps d’en comprendre tous les rouages, de saisir tous les liens qui les unissaient. Mais il se montra parfois distrait ou peu consciencieux. On le lui reprocha pendant et bien après l’enquête. C’était cette fille. Elle n’aurait pas dû se trouver là. Pour son bien à elle mais aussi pour le bien de son investigation.   Et peut-être pour son bien à lui.

Il avait tout essayé pour la faire sortir de ce guet-apens et ça jusqu’à la date fatidique. Un échec dans un échec.  

•• Drink today, and drown all sorrow

Un cancer. Un diagnostic tardif. Et quelques mois plus tard elle n’était plus.  Won Tae avait souffert comme il n’avait jamais souffert. Pour noyer son chagrin, il s’était même réfugié dans l’alcool. Tous les soirs, après son service, il s’était rendu au même bar. Jusqu’à ce que ses frères lui tendent enfin la main et le sortent de ce gouffre. Il était reconnaissant. Sans eux, il aurait peut-être sombré. Mais elle lui manque. C’est une douleur indescriptible que de perdre celle qui vous a mis au monde, celle qui vous a aimé sans condition et toujours tout pardonné.

•• None of us are perfect

Il était allé la voir tous les jours pendant deux ans. Même si elle n’avait jamais accepté ses visites. Il aurait voulu lui expliquer. Mais y avait-il seulement quelque chose à expliquer ? Il avait juste fait son boulot. S’excuser alors ? Il se demandait si vraiment c’était ce qu’elle attendait. Elle ne devait pas avoir envie d’entendre ses excuses et il ne savait pas s’il en avait à lui présenter. Il se sentait perdu lorsqu’il pensait à tous ces évènements. Il s’était attaché à elle, et cela représentait la plus grosse erreur de sa carrière pour le moment. Le pire restant qu’il ne parvenait pas à tirer un trait sur elle. Il mourrait d’envie de la revoir, de la protéger, de la sauver. De quoi en fait ? De ses démons sûrement. Et puis il ressentait ce besoin étrange de l’avoir près de lui. Il ne comprenait pas pourquoi lui-même.