Le satin qui épouse la fragile peau de la gamine, le visage éternellement enfantin alors que dans les orbes sombres, la candeur n’est plus. Petite colombe que l’on a abandonnée dans les bras du père innocent, car la mère coupable s’est envolée, bien loin de l’enfant bâtarde. Car elle n’est que le fruit d’une union d’un soir, d’un amour éphémère qui n’existait que sous la lueur du crépuscule. Et lorsque le soleil s’est levé, les illusions se sont effacées sur les corps pêcheurs, ne laissant que la poussière d’étoiles sous leurs doigts.

Et c’est qu’elle n’a jamais su s’y faire une place, l’enfant sauvage, au sein de cette famille maladroitement recomposée, à l’amour si pur, et pourtant si faux dans son cœur. C’est qu’elle n’a jamais pu accepter le présent des dieux, car elle n’y voyait que là, le pire des châtiments. Mais l’enfant des astres est impure face à la douceur de son frère et de sa sœur, que le sang dans ses veines est si différent qu’il nécrose son cœur. Il y a l’amour qu’elle n’a jamais souhaité accepter, l’amour d’une fratrie qui ne réclamait que ça. L’amour d’un père qui aurait bravé les tempêtes pour elle, et l’amour d’une mère qui lui a tout offert sans l’avoir porté en son sein.

Mais elle est si sauvage, la lionne qui refuse de courber l’échine, refuse de faiblir face à l’affection. La belle qui a grandi à l’écart de sa famille, la différence qui venait torturer ses songes. Celle qui s’est exclue volontaire, car le poison rongeait ses organes à chaque instant. Pourtant, elle aurait souhaité de fondre dans les bras qui réclamaient l’amour, elle aurait aimé laisser couler ses larmes contre les solides épaules des parents, et sécher ses larmes à l’aide des rires de la fratrie, qu’elle a toujours aimé malgré elle.

Et il y a le cœur qui heurte le sol, si violemment, il y a la réalité qui frappe son corps qui cède à la douleur. Car le frère angélique s’est brisé en éclats, il s’est envolé loin de tout et qu’ô grand jamais, il ne connaîtra l’amour de l’aîné. Il y a des larmes qui ont dévalé les joues de la divine alors que la poitrine se bloquait. Le tableau s’est déchiré, teinté du liquide écarlate. Il y a les pleurs qu’elle n’a jamais pu consoler, l’enfant qui est restée, le soleil qui s’est éteint. Et c’est que son sourire s’est envolé lui aussi, loin du visage de la cadette où il rayonnait tant autrefois.

Tout a sombré dans le Tartare.
Et les regrets rongent l’enfant sauvage.

Elle y a tant pensé, Sooah, elle a tant prié pour que tout soit différemment. Pour que les deux anges ne paient pas le prix d’un crime inexistant. Car c’est elle, l’erreur, la pièce rapportée. Et c’est certainement son corps qui aurait dû être dans le cercueil ce jour-là.

Mais c’est que la colombe s’abandonne, dans les bras des dieux, c’est qu’elle veut se racheter, ou bien se punir, de toute la miséricorde du monde. C’est qu’elle s’est abandonnée dans les bras d’un homme au sourire angélique, et que ses mains hantent encore son corps. À jamais marqué de ses lèvres, et ses entrailles qui viennent accueillir la vie. Parce qu’elle a fauté, oubliée, l’esprit bien loin de toute réalité, plongé dans l’océan des chagrins. Et qu’en son sein grandi la plus belle des étoiles.

L’obsession qui dérange, et le palpitant qui aimerait résister à ce regard. L’homme qui hante sa vie comme ses rêves, qui voudrait faire d’elle la reine de son royaume, l’homme qui se brûlera les ailes tel Icare à vouloir se rapprocher du soleil. Elle refuse, Sooah, de faiblir, de s’abandonner à un amour qui lui fera perdre la tête.

Et elle répète les divines erreurs,
Et elle n’apprendra jamais.