CABINET
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PSYCHIATRE. MR ONG

— Maman dit qu'il faut être belle, aussi douce qu'une fleur.

Elle serre les jambes, se mordille ses lèvres avant de lever le regard. Ses yeux noisette fixent ce bel homme. Mr. Ong, un trentenaire, habitué à ses plaintes et sinon... à son raisonnement futile, mais que puis-je dire ? Il lui doit un salaire plutôt... prestigieux.

— Aussi fragiles que soient ses pétales de rose, qui s'évadent du réceptacle, détruisant la corolle de la douce, et aussi sages que ses épines n'est-ce pas ?

Cette relation professionnelle forcée par des parents inquiets de la rébellion que porte Suri, cette volonté constante de défier la justice, de se mettre dans le mal comme si elle voulait attirer leur attention. Comme si le fait d'être enfant unique l'avait isolée.

—Toujours ! Il est nécessaire de perfectionner un caractère de courtoisie, de sympathie.

Et le bruissement des feuilles à l'extérieur résonne dans ses oreilles alors que la seule fenêtre qui orne la pièce s'ouvre un peu d'elle-même et laisse échapper son souffle frais. Son attention est recentrée sur son antagoniste.

— Faire semblant ? Jouer l'action en permanence et si l'on peut, ne pas être démasqué serait la chose parfaite ?

Suri affiche un rictus, amusée...

— L'hypocrisie ne plaît à personne Monsieur Ong. Il faut savoir perfectionner son personnage... être douce, aimante.

Son coeur se resserre tandis qu'elle pense encore, à tout et à rien. A ici et à là.

— C'est son jeu à elle, car de tous, vous n'avez jamais été la plus forte mademoiselle Nam, mais le noyau le plus fragile.

Elle rit.

— Son jeu... et bien, c'est une révélation étonnante mon cher...


— Vous n'avez jamais su faire semblant, entre la douceur que vous prêchez, votre visage de chaton aux yeux de miel et pourtant, dès que vous ouvrez la bouche cette once de vulgarité qui...étonne un peu, derrière ses vêtements peu conformistes.

— Conformistes ?

— Ses habits qui vous sont imposés, cette chevelure soignée, ce bandeau rose comme serre-tête. Les derbies que vous portez depuis des lustres, de toutes les couleurs et de tous les modèles, sans vouloir les changer parce que vous vous y êtes habitué. A troquer la coupe de vos chaussures vintage en plein milieu de la soirée, les baskets usées que vous avez portées ici et là. Une chemise à moitié ouverte qui révèle un décolleté et sinon, les cheveux attachés en chignon et les manches retroussées. Avide de liberté, vous exercez votre âme dans la pire des épreuves.

— Si vous n'étiez pas psy', je pourrais croire que je vous plais...