tu dessines quoi jiao ?

des sentiments.

il y en avait, avant. il y en a toujours, un peu plus distants. et il est certain qu'il trouvait la chine belle, dans le temps. maman lui disait qu'elle le serait encore plus s'il devenait puissant, jiao ; l'appât de l'argent, car eux n'en avaient pas, car eux n'en pouvaient plus.

papa n'a jamais été là. surement qu'il n'a jamais accepté d'avoir mit en cloque maman, alors il est parti en un instant ; parce que jiao, il ne voulait simplement pas de toi. 1997. un premier abandon dont il sous estimait l'affront, car la mère suffisait au garçon. pendant si longtemps, même sans argent. il y avait elle et pékin, deux maisons qui auront fini par avoir raison de lui.

parce que maman est tombée malade, et pékin n'était pas là pour sauver ces nomades. alors il a fallu partir, rêver d'un ailleurs où on pourrait enfin les aider. 2007 ; ( la corée ). et la rencontre d'une tante dont il ne connaissait pas le visage, mais qui était prête à les épauler. alors ils ont essayé de sauver maman pendant plus d'un an ; le petit jiao occupé à apprendre la langue du pays au matin calme ; les doigts qui se faufilaient parfois dessiner des rêves élégants.

mais ça n'aura pas suffi. parce que maman, elle est partie.  

pourquoi t'y crois encore ?

parce que si je n'y crois pas,
personne ne le fera pour moi
( et je ne serais plus roi. )

c'est comme si le temps s'était arrêté lors d'une journée d'été. un soleil noir dans un ciel en déclin. et comment faire, comment survivre sans lumière ? 2008. le cœur en fuite, et pourtant lui qui ne peut pas repartir vers son vrai foyer, jiao coincé sur un sol qui n'est pas le sien. tu me manques, pékin. mais ça aurait pu aller, parce qu'elle était là, elle ; dernière parcelle de famille qui n'aura pourtant pas voulu de lui. une nouvelle fois abandonné. et le petit jiao (mal aimé) qu'on aura fini par placer ailleurs ; mais toujours seul dans le cœur. un foyer presque absent, parce qu'ils ne s'intéressent qu'à l'argent, et pourtant ce seront eux qui lui offriront une scolarité.

années dorées (années rouillées). enfant qui ne parle pas bien le coréen. étranger. et les regards sur son corps, les paroles qui frappent fort. un amour mort.
solitude. il n'y avait plus que ça a l'époque ; même dans le noir, quand la nuit il arrivait déjà à s'échapper. parce que personne n'était là, personne ne le retenait. mais malgré lui, malgré tout, ça allait. ça allait tant qu'il pouvait encore lui parler.

et puis. et puis ce garçon qui est arrivé ( ange né ) venu pour le sauver. rei ; amitié incontrôlée. parce qu'il  a vu en lui bien plus qu'un étranger qui n'a plus rien ; il a vu le soleil, l'amour inné. deux âmes qui n'étaient probablement pas faites pour se rencontrer, mais la destinée aura eu raison d'eux.  ils auront grandit à deux. jiao qui s'enfuit la nuit tombée, retrouve le bonheur d'une autre âme égarée. et les années qui s'effilent avec le temps, et jiao qui se comprend, qui se construit tout en même temps. des sentiments inégalés ; jiao qui le suit partout, parce qu'il n'y a rien qui pourrait les séparer.

le gang. 2011. une nouvelle famille, même dans l'illégalité. collecteur de don, confiance gagnée ; jiao bien loin de la violence de poings violés. et rei, toujours tout près. rei. il lui aura fallu du temps avant de comprendre qu'il y a ces émotions qu'il ne semble pas contrôler. un amour bancal, mais jiao qui était déjà certain de l'aimer. et le temps qu'on voit encore défiler ; jiao qui n'en dit jamais trop, mais pourtant bien assez pour qu'on voit qu'il n'y a plus que toi. il n'y avait plus que rei, il n'y a jamais eu personne d'autre que lui après que maman soit partie.

alors quand lui aussi n'a plus été là ; c'était peut-être la fois de trop, celle qu'il ne fallait pas.

tu dessines quoi, jiao ?

le néant.
et ça semble être suffisant.

la colère. (amère). parce que rei est parti, rei s'est enfuit. 2016. un dernier abandon. oh, rei, tu as fait naitre le démon. parce que cette fois-ci, jiao ne l'aura pas suivi. trahison que de renier ce semblant famille, la laisser dans l'oubli. lui n'a pas pu. lui n'a pas voulu. ( et il ne lui reste plus que son coeur brisé, nécrosé, pour s'envoler ) ; parce que l'amour, peut-être autant naïf qu'indolore n'est plus que le reflet de sa haine, aujourd'hui. le voir souffrir, surement qu'il ne recherche plus que ça. il n'aime plus, jiao, il n'aime pas. et il aura fallu du temps avant que la rage de n'estompe un peu (elle est toujours là, quand il le croise, parfois) ; dès poings qu'il serait prêt à salir alors que la violence reste un pêché. seulement pour lui. l'amour la haine comme folie.

et ça fait quatre ans. 2020. soleil errant. la vengeance à plein temps. mais l'espoir d'un apaisement. pourtant il ne veut pas oublier, il ne veut pas y renoncer.
il se fait mal. ça fait du bien.

parce que moi, je ne souhaite que te dessiner
lors d'un nouvel été.

regarde moi,
maman.

I.le crayon au bout des doigts ; une passion qu'on ne retire pas. ( talent inné ) des lignes frappantes et pourtant qu'on ne rencontre pas ; le secret renfermé. jiao, la honte au coeur de qui il est ; de ce qu'il fait.

II. et jiao, on ne sait jamais vraiment ce qui se cache derrière un sourire charmant ; un masque sacré que seul lui aura su retirer. parce que jiao ne parle pas, jiao ne montre pas. la peur d'être brisé.

III. la peur du combat, parce que c'est là que le sang est capable de perler ; ichor qui n'est pas supporté. cruor souillé, la mort qui en ressort. et jiao ne laisse pas les poings être accablés, sauf sous la sauvagerie de l'impulsivité.

IV. un soleil à l'optimisme qui ferait rire les enfers ; parce qu'il l'a vécu, jiao, le chaos, mais il n'aura jamais abandonné. une férocité à l'ardeur étonnante ; massacrante. jiao, l'infatigué.

V. et puis l'espoir. l'espoir parce qu'il veut encore y croire. croire qu'il y a encore une vie qu'il l'attend ; il ne s'agit pas uniquement du désespoir. feu ardent.