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Elle se demande vaguement ce qu’elle fait là, bringuebalant maladroitement sur la plateforme branlante. Ca avait l’air marrant sur le papier, mais la réalité lui déplait soudain. Bora jette un regard circulaire sur le lac, sur l’eau grise qui s’agite sous ses baskets, et elle doit bien l’admettre, elle flippe un peu. Elle est bonne nageuse la brune, elle a pris des cours toute gamine, puis elle a toujours aimé ça, l’eau. Mais là c’est différent, sombre, vaseux, et mine de rien ça lui rappelle une certaine scène. Une haut sauvage en pleine nuit d’hiver, et la morsure gelée sur ses mollets tremblants. Pétrifiée par le souvenir, elle secoue la tête pour retrouver une prise sur la réalité, et constate que ses camarades ont déjà plongés pour la plupart. Elle entrevoit Kaede qui lui fait signe, et elle répond par un sourire crispé, témoin de son angoisse grandissante. Bora c’est une citadine, elle est née et a grandi à la ville, et le monde le plus sauvage auquel elle aura été confrontée est sans doute la pelouse du parc de son quartier. Alors les profondeurs incertaines du lac et les bois qu’elle discerne par-delà la rive, ça ne lui dit trop rien. Outre Kaede, elle reconnait la silhouette fuselée de Ja qui fend déjà les flots avec une aisance impressionnante. Naturellement, la brune grommelle devant l’individualisme de son meilleur ami, dont elle n’aurait pour une fois pas refusé l’aide. Il s’approche cependant de Nam Il et est rejoint par un Firestone qu’elle reconnait comme étant Dak Ho. Kaede est rejoint par Noam. Reste Hyun Hee qui ne semble pas beaucoup plus à l’aise, et elle grimace à la vue de la jeune femme, se refusant à se laisser distancer par elle. La voilà solitaire sur sa plateforme, boudeuse et incertaine, et qui finalement s’enhardit à plonger en se bouchant le nez, droite comme un i.

Son corps maigre s’enfonce sans résistance dans l’eau froide, imbibant rapidement ses vêtements et saisissant sa peau. Déstabilisée par le poids de ses baskets, elle met quelques secondes à parvenir à émerger à nouveau, inspirant une grande goulée d’air salvatrice. Trop fébrile, Bora commence à agiter maladroitement ses membres pâles, cherchant à nager vers la surface dans un chaos laborieux, pestant contre à peu près tout ce qui la contrarie à présent. La caresse des algues sur ses mollets, lorsqu’elle atteint le bord, la fait hurler de frayeur, et la jeune présidente s’extirpe de l’eau tant bien que mal, fuyant les fonds effrayants du lac. Détrempée et honteuse, elle s’étend sur les graviers, le corps ruisselant et haletant lourdement. Lorsque enfin elle reprend un semblant de contenance, elle se remet cahin-caha sur ses pieds et s’approche d’un air farouche de Ja, cueillant un sac qu’elle trouve au passage et qu’elle compte bien jeter dans la direction de son ami. Au lieu de cela, il glisse quelques mots à Nam Il et détale sans lui laisser le temps de l'interpeler, alimentant encore sa déception et sa rage. Tu parles d'un pote. Vexée, elle abandonne le sac et ses pieds et le retourne pour vérifier s'il lui appartient ou pas.

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« Si jamais tu as besoin de moi, je suis ton homme. » lui avait murmuré Ja, en se penchant vers lui tandis qu'il reposait le sac dépité que ça ne soit toujours pas le bon. La phrase l'avait fait sourire et acquiescer d'un signe de tête, son sourire à dix mille carats aux lèvres tandis qu'il passait sa main dans ses cheveux pour les faire passer en arrière. Il appréciait beaucoup la proposition, même s'il doutait qu'après, aider les autres soit réellement possible. Regardant autour de lui, il ne restait plus beaucoup de sac, il croisa le regard de Bo Ra qui paraissait un peu énervée par toute la situation. Il faut dire qu'il pouvait la comprendre là dessus. Entre l'épreuve de nage qui n'avait pas été un franc succès de son côté, voilà maintenant qu'il fallait trouver un sac à son nom. D'ailleurs il n'était même pas sûr que ça change quelque chose d'avoir son sac ou non, le contenu était le même après tout ? Mais si Nam Il était mauvais perdant, il était surtout intègre et honnête aussi et l'idée de partir avec le sac de quelqu'un d'autre ne lui avait absolument pas traversé l'esprit. Se laissant tomber accroupi, il observa les sacs restant. Le sien était forcément dedans ... Mais lequel ? On disait que la troisième fois c'était la bonne. Il l'espérait sinon il s'asseyait sur ce bout de plage de cailloux et refusait de jouer ... C'était pas possible de ne pas trouver un sac tout de même ?

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« C’est le bon ? » qu’elle demande, pleine d’espoir, relevant la tête vers Noam. Ce dernier hoche la tête vigoureusement et elle laisse un sourire prendre ses lèvres en otage en guise de réponse. Ils ne s’en sortent pas trop mal — ils s’en sortent même carrément bien, pour le moment, et elle prie intérieurement pour que la journée continue sur cette lancée. « Alors, on a… » Elle ouvre son sac d’une main précipitée, et énumère à voix haute : « Une boussole, une carte, de la bouf.fe (ENLEVEZ LA CENSURE SUR CE MOT PAUVRE BOO!!!! ET LAISSEZ NOUS ÉCRIRE DES RPS AVEC LE MOT BOUF-FE DEDANS!!!) et de l’eau. » Que des trucs carrément utiles, mais elle tique un peu face au peu d’eau dont ils disposent. Manger peu ne la dérange pas mais ne rien boire ressemble à une punition, surtout après des épreuves comme celles qu’ils s’apprêtent à vivre. « On a pas intérêt à faire des folies » qu’elle fait remarquer, dubitative face aux quantités. Peu désireuse de rester bloquée là dessus, elle extirpe la carte et la pose sur le sol, sur un coin qui n’a pas été mouillé, avant de la lisser du plat de la main. Après la plaine où ils se trouvent, il y a deux directions possibles : soit celle des hautes herbes, soit celle d’un bout de forêt. Elle suppose que malheureusement, Noam et elle devront forcément se séparer à un moment, mais elle espère qu’ils pourront faire un bout de chemin ensemble, alors elle demande d’une voix fébrile : « Direction la forêt ? » En attendant la réponse décisive, elle referme son sac et le place sur son dos d’un air décidé avant de régler les lanières afin qu’il s’ajuste parfaitement. « Ça marche » approuve Noam, et elle est surprise de voir qu’elle est si soulagée à l’idée qu’ils ne séparent pas d’entrée de jeu. « On pourrait longer la rivière, ça éviterait qu’on se perde. T’en penses quoi ? » Un nouveau coup d’oeil à la carte lui apprend qu’en effet, l’idée est bonne ; et un coup d’oeil à l’horizon lui apprend que la forêt est si dense qu’ils auront bien besoin de ce repère. « Deal » Elle tend la main à Noam dans un geste théâtral et il la prend comme un homme d’affaires. Une fois la poignée de mains échangée, ils s’apprêtent à partir tous les deux lorsqu’elle se retourne une dernière fois. La plupart des concurrents sont encore là, sur la rive, près des sacs. Seul Ja est déjà parti, ou presque. Alors elle demande, même si elle ne connait pas grand monde : « Est-ce que quelqu’un veut longer un bout de rivière avec nous ? »

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Elle soupira en voyant que ce n'était pas son sac, et elle le reposa, ne comptant pas aller le donner à son propriétaire. Il devrait se débrouiller, elle ferait pas dans la générosité. Ce n'était vraiment pas le jour de chance de Hyun Hee, et elle espérait que ce serait vite fini, mais surtout, par pitié, plus de nage. Elle préférerait passer sa journée à chercher son sac, quitte à être la dernière à trouver le sien, que d'avoir à nager de nouveau. En plus elle avait les vêtements trempés, super pratique. Elle regarda Noam, qu'elle connaissait déjà, et Kaede, qui s'apprêtaient à partir et qui demandèrent si quelqu'un voulait les accompagner. Elle aurait bien été tentée d'accepter, vu comment elle pouvait être vulnérable si on venait à l'attaquer, mais elle n'avait pas encore son sac et ne pouvait pas bouger de là, et qui sait combien de temps elle passerait sur cette plage à chercher le sien. D'ailleurs, elle en leva un second, n'ayant pas franchement d'espoir, partant un peu pessimiste.

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Fallait pas s’attendre à ce qu’on ait un festin à l’intérieur de nos sacs à dos mais c’est vrai que j’aurai espéré un peu plus de vivres pour tenir. La nourriture, c’était pas un soucis, on peut survivre plusieurs semaines sans avaler quoi que ce soit mais boire ça, c’était autre chose. Et visiblement, la même pensée venait de traverser l’esprit de Kaede. « Ouais, va falloir qu’on se serre la ceinture ». J’referme mon sac et le balance sur mon épaule avant de venir à côté de Kaede et de réfléchir à un itinéraire assez sûr pour nous deux. La forêt a l’air immense alors s’aventurer dedans tête baissée, c’était pas franchement une super idée. Mais c’était pas ça le pire, c’est que chacun nous avait une destination différente alors même si un chemin semblait convenable, est-ce qu’il le serait pour nous deux ? Mais j’me voyais mal la laisser seule là-dedans. Kaede c’est pas juste une fille que je croise dans les couloirs de la fac. C’est la sœur de Yuta, la meilleure amie d’Ingrid et on se connait depuis qu’on porte des couches, elle fait partie de la famille alors si elle part seule, j’aurai l’impression d’abandonner ma propre sœur. J’sais bien qu’on est pas hyper proches, que y’a eu certains malentendus entre nous mais j’me dois de veiller sur elle. Parce que j’me dis que j’aimerai bien qu’on fasse de même pour ma frangine.

Le truc, c’est que je sais pas si elle veut faire un bout de chemin avec moi mais elle chasse cette pensée en m’indiquant la direction de la forêt. Sans perdre une seconde, j’acquiesce à sa proposition, ajoutant même qu’on serait plus en sécurité en longeant la rivière. Même si on a des boussoles, ça nous évitera de nous enfoncer dans un bordel sans nom. Elle approuve à son tour en me tendant sa main. Ça m’fait sourire, j’ai l’impression de retrouver des mimiques de ma jumelle. Alors dans un air solennel, je lui serre la main pour sceller notre accord. Elle replie la carte et la range avant de proposer à ceux qui sont autour de nous s’ils veulent nous accompagner. On est pas là pour s’entretuer (heureusement) alors si on peut s’aider, pourquoi pas. J’vois Hyun Hee sur ma gauche qui a l’air de pas trop s’en sortir. « Eh, t’as besoin d’aide ? » et à voir la petite mine qu’elle fait, j’me dis que j’peux la laisser galérer toute seule. « Ok on trouve ton sac et après on y va ».

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Nam Il avait finalement réussi à trouver son sac à sa plus grande joie. Non pas qu’il commençait à désespérer mais un peu quand même. S’accroupissant devant celui-ci, il l’ouvrit pour en vérifier le contenu, constant qu’il y avait de quoi boire et manger, sans doute en quantité suffisante pour cette épreuve qui s’annonçait à eux. Gardant au final la carte de la zone, il se releva après avoir passé son sac sur son épaule, prêt à partir à son tour affronter la nature et espérer que sa nature débrouillarde ne lui fasse pas défaut. Sauf que l’une des filles encore présentes qu’il ne connaissait pas venait de proposer gentiment : « Est-ce que quelqu’un veut longer un bout de rivière avec nous ? ». Et l’idée aurait pu être tentante. Vraiment, sauf que Nam Il se voyait plus faire cavalier seul. De un parce qu’il avait des choses à se prouver, surtout concernant son courage et de deux, parce que pour un esprit manichéen tel que celui de l’étudiant, il ne comprenait pas l’association de plusieurs élèves sachant que c’était une épreuve individuelle.

« Je vais essayer seul, mais merci de la proposition. » répondit finalement l’étudiant aux cheveux roses avec un sourire chaleureux. Oui pour cette fois il ferait cavalier seul, et si vraiment tout devenait trop effrayant, il crierait le nom de Ja, vu la promesse de celui-ci, pour qu’il puisse le soutenir moralement et avoir peur avec lui. Mais chaque chose en son temps, il n’était pas encore en détresse, non. Adressant un dernier signe de la main à Bora, et en lui murmurant un « courage » plein de sympathie, il s’élança à son tour en direction du bois, mais plutôt vers le Nord. Il n’était pas sûr que longer le rivage soit la meilleure solution pour arriver là où il devait aller, et s’il faisait confiance à ses talents de lecture de cartes, s’il savait lire les cartes du ciel, il devait savoir lire celle-ci, il devrait plutôt s’éloigner de celui-ci et donc remonter vers le nord c’était une bonne idée. Alors à petite foulée, l’étudiant s’éloigner dans la pleine, le regard braqué sur les arbres qui s’annonçaient bien vite devant lui.

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« Eh, t’as besoin d’aide ? » Kaede suit le regard de Noam et ses yeux se posent sur une jolie brune (Hyun Hee), en difficulté avec son sac. Elle n’a pas le temps d’esquisser un geste que déjà le Yang vole à son secours et à leur plus grand plaisir pour tous les trois, il met la main sur le bon sac. Ils attendent encore quelques secondes, histoire de voir si d’autres vont se manifester, et un élève aux cheveux roses (Nam Il) prend la parole : « Je vais essayer seul, mais merci de la proposition. » Kaede hoche la tête et lui lance : « Ça marche. Bon courage ! » Ils en auront tous besoin, et surtout, ils finiront tous seuls à la fin. « C’est parti, du coup ? » Noam et la petite nouvelle acquiescent et tous les trois se mettent en route, marchant d’un pas plus que décidé vers la forêt. C’est normal, c’est le début de l’aventure — et bien qu’ils soient trempés, tous sont plein d’entrain, à la fois excités et apeurés à l’idée de ce qui les attend.

Dès qu’ils mettent un pied dans le sous-bois, le soleil semble se faire la malle et l’ombre les enveloppe. Rien d’inquiétant, mais quelques degrés se perdent et soudainement, l’eau du lac dont leurs vêtements sont imprégnés semble glaciale. Kaede ne se plaint pas, les autres non plus, et ils longent la rivière tant bien que mal pendant une bonne heure, faisant connaissance au passage. Elle apprend que la fille qui s’est greffée à eux s’appelle Hyun Hee, qu’elle étudie les arts visuels, qu’elle grogne pas mal mais qu’elle n’est pas méchante pour autant, et que c’est une firestone. Et à force de discuter, ils se rendent finalement compte qu’ils se sont un peu paumés. « On doit retrouver la rivière. » Kaede n’est pas encore paniquée mais elle n’est pas totalement rassurée pour autant non plus. Ils doivent garder le plan en tête, ils doivent retrouver l’eau. « Hors de question qu’on se sépare pour retrouver le chemin, on se perdrait les uns les autres. » Ils tentent alors de remonter sur leurs pas, dans l’espoir de retrouver le bon chemin.

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Finalement, on se retrouve Hyun Hee, Kaede et moi à partir à l’exploration de la forêt. On est pas beaucoup mais c’est sûrement suffisant pour affronter cette épreuve. A plusieurs, on aurait fini par se bouffer, s’engueuler et le groupe aurait exploser. Au moins à trois, y’avait moins de risque que ça se produite. Puis Hyun Hee, je la connais, on est dans la même promo, on s’entend même plutôt bien quand l’ennuie s’invite pendant les cours comme en témoigne nos cahiers ponctuellement décorés par nos dessins ou nos discussions écrites. Alors pendant qu’elle et Kaede font les présentations, j’me contente d’écouter en gardant un œil attentif aux alentours. A première vue, longer la rivière semble être un bon plan sauf quand le soleil décide de nous abandonner et de laisser place à l’obscurité. C’est là que j’repense au contenu de mon sac et j’me rappelle pas y avoir vu une lampe torche ou quoi que ce soit que pourrait nous servir pour y voir plus clair. Déjà que c’est compliqué d’avancer dans cette jungle en pleine journée alors si on doit avancer de nuit, ça risque d’être mission impossible.

Et j’suis tellement perdu dans mes pensées que j’en oublie un peu le chemin. Les filles aussi apparemment puisqu’on se stoppe tous net. Kaede nous fait remarquer qu’on est plus vraiment au bord de la rivière, qu’on s’en est même pas mal éloignés et ça, c’était pas du tout le plan prévu. « Merde … ». Autour de nous s’étend la verdure et même si ça a l’air plutôt calme pour l’instant, j’ai l’impression que ça durera pas des lustres non plus. « Non on se sépare pas, ce serait pire ». Kaede ouvre la marche, Hyun Hee la suit et je ferme la marche. On marche peut-être dix minutes (ou plus, j’ai perdu la notion du temps) avant de se rendre compte qu’on a empiré les choses. « Attendez, ce serait peut-être mieux qu’on se serve de la boussole plutôt que de continuer à s’enfoncer dans ce bordel » alors sans plus attendre, je sors tout ça de mon sac, la carte y compris. « La rivière se trouve au nord et … on est complètement à l'opposé ». On aurait dû s’en servir depuis le début mais on voulait tous tellement se sortir de là que l’instinct primitif a pris le dessus. « Ok vous voulez faire une pause avant de repartir ou on enchaine direct ? ». Puis un bruit bizarre qui se fait entendre pas loin de nous. C’est pas qu’je flippe mais si c’est un truc qui fait dix fois ma taille, j’aimerai bien le savoir. Parce que si on doit courir pour nos vies, autant le faire maintenant.

Action réussie : c’est juste un petit écureuil.
Action échouée : c’est pas une petite bête toute mignonne : fuyez !  

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Elle trouve même pas son sac, ça l'énerve, et tout le monde semble s'être déjà éloigné. La brune enrage et parcourt les bords du lac du regard, en quête de son paquetage. C'est fini, ça l'amuse plus du tout, elle est trempée, ruisselante sur les galets, et bonne dernière visiblement. Irritée, elle longe la grève à grand pas, grelottante, avisant plus loin une ombre grise posée sur la berge. Sa cadence s'accélère, elle dérape sur les galets mais ne s'arrête pas, soulevant avec peine ses baskets gorgées d'eau. Son t-shirt lui colle à la peau, et la laisse apparaitre par transparence. Le ciel n'est pas au beau fixe en réalité, et elle commence à douter de pouvoir sécher un jour. C'est crevant, de progresser sur un sol de cailloux. Elle a peur de se tordre la cheville. En même temps, Bora a toujours peur de se faire mal, elle a pas vraiment confiance en ses grandes jambes, ni en la solidité de ses articulations. C'est pas une casse-cou Bora, du moins ça dépend des situations. Elle n'aime pas l'idée de rester seule près du lac, elle veut s'enfoncer dans les bois elle aussi, alors la brune se met à courir lourdement, et s'approche de la forme sombre qu'elle a aperçu.  Rocher ou sac ? Elle prie intérieurement pour que ce soit ce qu'elle cherche, pressée de se mettre en route pour en finir au plus vite.

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Bon. La jouer solo, comme un grand. Comme un homme digne de ce nom, comme un hobbit audacieux partant pour une aventure pleine de dangers. C'était plus ou moins ce que le Han était contraint de faire, maintenant qu'il s'était décidé à partir le premier, sans forcément qui que ce soit pour lui tenir compagnie. Ainsi, tandis qu'il commençait tout juste à s'enfoncer dans les recoins de cette jungle immense, le Président eut tout juste le temps de voir la petite troupe motivée se diriger vers la rivière, composée de Noam, Kaede et de Hyun Hee, la frimousse capricieuse des Firestone qu'il connaissait bien. Bonne chance à eux tous. Ils allaient en avoir besoin.

En foulant le sol des routes sinueuses, jonchées de terre mouillée et de verdure en tout genre, le jeune homme crut bon d'entreprendre de fouiller un peu le contenu de son sac, curieux d'y jeter un petit coup d'œil. Histoire de mettre la main sur un itinéraire plus précis que celui de sa tête, il y trouva la fameuse carte du terrain, qui lui permit de se faire une meilleure idée de son trajet. Ça faisait quelques bornes, de là où il était, et tout ça ne s'avérait certainement pas être du gâteau, pour un type aussi peu endurant que lui. Son truc à lui, c'était plutôt la vitesse, l'agilité et les petites démonstrations de lutin génie et sournois. Pas des courses de titan dans les lichens dignes d'Usain Bolt, nom de dieu.

Mais force et honneur, comme on disait. Il allait se motiver et se parer de son optimisme sans faille, pour cette épreuve d'ores et déjà rude. Remonté, il décida de faire fi de toute pensée négative, continuant sa route solitaire jusqu'aux hautes herbes. En raison de sa densité trop importante, le Han ne préférait pas emprunter les chemins de la forêt, car s'y rendre tout seul équivalait pour lui à s'y perdre ou à rencontrer trop de désagréments inconnus. Avec un peu de chance, il parviendrait aisément à son point d'arrivée le premier.

Mais, faute de karma, Ja ne savait en aucun cas se servir d'une boussole. Après tout, ce n'était pas comme s'il avait eu recours à s'en servir au moins une fois dans sa vie, si ? Peut-être la boussole de son cœur, pour retrouver sa Sin Ae... Oui, sans doute. Enfin, tant pis pour cette étape. Il lui fallait raisonner intelligemment et rapidement, désormais. « Alors on aura qu'à dire que c'est ce que je désire le plus au monde. Le lieu que je dois atteindre. » Évidemment. Une fatalité sans doute bête et risquée, mais avait-il vraiment le choix ? Ses lèvres se rehaussèrent sur un sourire amusé tandis qu'il se fiait à la direction de sa boussole, sans trop y penser plus que ça. Il savait où il allait. Le plus dur revenait surtout à guetter le moindre danger des environs, en faisant attention à surveiller la tombée de la nuit.

Yeux rivés sur la carte, sourcils haussés de temps à autre, sous l'impulsion de quelques bruits suspects. Tout ça ressemblait bien trop à ce genre de série qu'il passait son temps à visionner, lorsqu'il n'avait rien de mieux à faire. Voilà qu'il en devenait l'acteur principal, aujourd'hui... Et qu'il se faisait expressément draguer le pied par une ronce un peu trop déterminée, aussi. « Bordel ! Yaaah, lâche-moi ! » Une situation on ne peut plus amusante, si l'on faisait bien évidemment abstraction de la mygale qui s'approchait tortueusement de son pauvre talon.

Si action réussie, Ja parvient à tirer sur son pied et s'en sort comme un pro
Si action échouée, la mygale lui grimpe sur le pied

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C'est un putain de caillou. Bora est fâchée, et vexée surtout. Elle repart de plus belle, dérape sur les galets, s'étale royalement quand ses jambes se dérobent sous elle. En proie à une irritation croissante, elle se relève et frotte ses mains éraflé pour se remettre en route, toujours en quête de son sac dans les hautes herbes qui bordent la berge.