Nos doigts entrelacés et puis nos rires amusés qui se perdent au fond du tunnel par cette vitre entrouverte, au fur et à mesure que la Mercedes noire file le long de ses lignes blanches. Mais plus les néons défilent et plus les commissures de nos lèvres se font moins enjoués, la tension monte et mes mains fuient les tiennes, nos cris bientôt semblent presque résonner au fond du tunnel. Tes cris recouvrent les miens, nos regards tantôt fuyants et amoureux, s’affrontent. Avant même que nous le réalisons, la voiture roulant à contre-sens, nous percute. Nos mains se retrouvent et se serrent, la détresse et l’incompréhension se lisent dans nos regards. Et l’obscurité nous avale.

La lumière grésille et un son sourd m’empêche d’entendre tous ses appels de détresse. J’ai la tête qui tourne, j’ai l’impression de mourir à petit feu. Ma main serre la tienne, désespérément, mais tu ne réponds pas. Soudainement, la douleur se réveille et je regrette cette prise de conscience, d’avoir ouvert les yeux pour réaliser, que tu n’étais plus là. Ta main oui, mais toi, meurtris.
J’avais réussi à m’extirper du véhicule, dieu ne sais comment, mais toi, tu étais là, à l’envers, inerte, à te vider de ton sang. J’hurle. Et l’obscurité m’avale.

Des brides de souvenir me hante.
Les secours, l’ambulance, l’infirmière, des voix, une main tremblante qui agrippe mon visage, des larmes qui ne sont pas les miennes sur mes jours, et puis cette douleur sourde et sans nom qui me serre la poitrine et brouille mon esprit.  

Mais ce n’était que le début d’un cauchemar.
Bientôt, presque deux mois après, je lisais encore sur le titre de certains journaux, mon histoire. Seule rescapée, d’un accident à la chaîne provoquant un incendie dans un tunnel non loin de Séoul. D’un simple suicide, une quinzaine de vie ont suivie, laissant ainsi derrière eux, plus d’une centaine de vivants au cœur brisé.



Deux ans pour encaisser et ne toujours rien comprendre, pourquoi ces larmes, pourquoi cette douleur et pourquoi cette vie. Miraculée mais en même temps condamnée, condamnée à vivre avec sur mes épaules, le poids de tous les disparais ainsi la tristesse de leurs proches. Sans le réaliser, je connais le nom de chacun d’entre eux, leur histoire, leur rêve et leurs proches. Et cela devient mon fardeaux, pesant et étouffant, vivre devient presque un devoir, une responsabilité, trop accablante quand à chaque fois que je vois, au fond du regard d’une mère ou d’un mari, le regret. Le regret de ne pas avoir en face d’eux, celle ou celui qui a disparu. J’aurais dû mourir, ou alors revenir brisée. Mais je suis presque indemne, intacte, comme si la tragédie ne m’avait pas affectée. Si ce n’est mes jambes, brisées.



Tu n’étais pas le plus grand amour, je ne me voyais pas encore imaginer le futur à tes côtés, mais tu étais juste en train de le devenir et maintenant que tu n’es plus que l’écume passagère qui se dépose sur le sable de mon temps, sur les rochers de ma mémoire, que ton rire, que ton parfum et nos souvenirs disparaissent, tu n’es plus rien si ce n’est un fantôme. Un fantôme qui me hante et que je refuse d’oublier, car tu étais à toi seul, un monde dans lequel je me retrouvais, dans lequel je savais que tu m’appartenais.
Si notre rupture faisait suite à une infidélité, je t’aurais pourri la vie pendant deux mois, prétextant qu’il me fallait me venger et t’oublier alors qu’en fait, c’est juste parce que de te voir heureux sans moi à ton bras, me rendait plus malheureuse et mauvaise. Si notre rupture marquait la fin d’un amour, je t’aurais largué la première, en te partir après avoir magistralement claquée la porte derrière toi, me montrant ferme et déterminée, classe et inébranlable, et je t’aurais remplacé, dès le lendemain, et tu auras fait sa connaissance. Et si notre rupture avait été…

J’aurais inventé des histoires, trouver mille et une excuses pour simplement dire que tu as désormais quitté ma vie. Mais tu ne l’as pas quitté, tu m’as été arraché, injustement. Tu n’étais pas le grand amour de ma vie, mais maintenant que tu n’es plus là, que mes derniers mots n’étaient pas les plus beaux et que la manière dont nous nous sommes quittés est injuste, tu l’es devenu.
Et aujourd’hui, t’es une excuse à tout. À mes colères, à mes larmes, à mes caprices, à mes angoisses, à mon ingratitude, à ma paresse, à mon manque de confiance. Tout est devenu si injuste, à tel point que ma vie sans toi est devenue simplement étouffante. J’ai l’impression d’être trahie, d’avoir été privé de quelque chose que je pensais posséder pour la première fois. Et puis, j’ai perdu ce bouton « stop », cette raison qui m’empêchait de craquer, ce recul que je pouvais avoir sur les choses pour éviter l’emportement. Dès que rien ne va, j’explose, sans retardement. Je sais que je ne devrais pas, et pourtant, je ne me contrôle pas. Je reste impuissante, submergée par des émotions que je finis par regretter. Je déteste ce que je suis devenue, par ta faute, par ma faute.
Mais même ainsi, je ne suis toujours pas heureuse. Ma vie est bancale car sans être parfaitement identique les jours se ressemblent et je tombe dans une routine où qu’importe mes blessures, le monde continue de tourner. Le monde semble se moquer de moi, d’une certaine façon. Alors je finis par tomber dans un monotonie où je n’arrive pas à donner de sens à mes gestes. J’ai l’impression de subir, plutôt que de vivre. Tout semble si risible, si pathétique, et moi avec. Je ris des autres, autant que je ris et pleure de mon propre sort.
Je jouais du violon, mais mes cordes sont désaccordées et plus je joue, plus mes doigts s’emballent et la pièce jouée finit en cacophonie.  
Je dessinais mais mon pinceau ne cesse d’étaler sur ma toile des couleurs qui se mélangent, vives, froides, neutres, qu’importe le rendu est toujours le même et dégage un sentiment qui rend mal à l’aise, étranger, et perplexe.
J’ai perdu, et je me suis perdue moi-même.
Depuis quelques mois, mes excès de colère ont cessé, plus espacés mais toujours aussi violent. Il y a quelque chose qui ne tourne toujours pas rond, mais je ne cherche plus à comprendre et je fais avec. Je ris quand j’ai envie de pleurer, et je pleure quand j’ai envie de rire. Demain m’effraie autant qu’hier, mais je commence doucement à oublier mon chagrin, mon amertume et l’enfant chétive que j’ai été.

Depuis son accident, elle est proie à des crises qui la frappent brutalement sans qu’on puisse savoir quel est l’élément déclencheur pour certain ; une chose est sûre, c’est définitivement lié à son accident. Les symptômes sont souvent récurrents : pulsion autodestructrice, difficulté voire une incapacité à pouvoir marcher (utiliser ses jambes), entente de voix, etc. Ϟ Ses crises se font plus espacées, elle arrive même à sentir lorsqu’une arrive et anticiper. Elles se manifestent souvent la nuit, rarement en journée et en une semaine, elle peut avoir une ou deux crises contrairement à sa période d’hospitalisation où en une journée, c’était toute les deux heures et la journée se terminait quand elle s’évanouissait. Ϟ Elle a repris ses études, contre l’avis de ses parents, car elle a besoin de s’occuper l’esprit. Ses camarades de promotion sont deux ans plus jeunes qu’elle, si elle n’arrive pas et ne veut pas se faire apprécier d’eux, elle se fait néanmoins admirer. C’est la folle, qui n’a plus toute sa tête, mais au niveau des connaissances, elle est loin devant. Ϟ Souffrant d’insomnie, il lui arrive de somnoler la journée, n’importe où, à n’importe quel moment, si bien qu’on la croirait presque narcoleptique. Elle occupe ses nuits par le bricolage ou le dessin (webtoons). Ϟ La seule chose qui peut la mettre ou la garder de bonne humeur, c’est la consommation abusive de glace. Qu’importe la saison, elle en mange, encore et encore sans jamais se lasser un instant. Ϟ C’est technologiquement une poisseuse, que ce soit son téléphone portable, son ordinateur portable (ou fixe), les piles de sa télécommande, son casque de musique, rien ne fonctionne bien longtemps entre ses mains. Ϟ Elle a commencé la boxe il y a quelques temps depuis qu’un patient lui a fait la remarque, qu’elle frappait comme une « femmelette » avec des poings pareils. Du coup, tous les vendredi soirs, elle s’entraîne en cachette. Elle s'est remise au volley-ball, activité qu'elle avait arrêté après le lycée. Ϟ Pendant ses deux années d’hospitalisation, Yeong Hui a pu apprendre le piano (sachant déjà jouer du violon), le dessin, et ralentir son rythme cardiaque… depuis, elle s’y rend souvent pour voir les enfants du service pédiatrique, seuls amis qu’elle a eu. Ϟ Elle aime investir par ci et là et bizarrement, elle a toujours de la chance. Par contre, elle se ruine (presque) dans ses activités de fashion terrorist.

je me suis perdue sur le forum par hasard (ou presque), et dans le rpg depuis trois ans. je ne sais pas trop quoi dire, si ce n'est qu'il fait trop chaud pour porter des chaussettes et que j'espère que mon personnage plaira un peu ?