[ upset child ] assise au bord du gouffre, elle s'essouffle, partagée entre la haine et sa propre peine. elle écoute à tue-tête cette étrange musique rythmée par les voix de ces enfants acerbes : « lynn la vilaine n’a ni de père, ni de mère. » — lynn a peur, elle ne comprend pas. elle voudrait fuir cette scène angoissante pour retrouver un peu de mer, un peu de ciel. mais, son corps ne bouge pas ; elle reste inerte sur sa chaise de bois, son visage réfugié sur ses genoux douloureux, prisonnière de son propre mutisme à observer ces silhouettes paresseuses qui s'avancent vers elle. ses camarades rient, jubilent, l'entourent dans une ronde inquiétante. puis, disparaissent sans laisser aucune trace, après avoir tant marqué son esprit de funestes maux. qu'on est cruel à sept ans. 

[ jeunesse talking blues ] lèvres carmin écorchées. deuxième gifle, deuxième humiliation, énième affront. son visage décolle, sa tête raisonne, sa peau brûle sous la puissance d'une nouvelle ecchymose naissante. lynn s'écroule. elle a mal. mon dieu qu'elle souffre. elle voudrait hurler, crier, mais ses commissures labiales sont terriblement douloureuses. et puis, à quoi bon ? qui viendrait l'aider. personne.  

[ in the night ] les paupières mi-clauses, elle songe à son existence dans ce monde sans fin ni commencement : une vie uniquement faite de tourments. elle ne devrait pas y penser, non, mais son esprit l'assaille de part et d'autre de souvenirs écoeurants. elle souffre. alors pour soulager cette cruelle douleur, glisse la seringue sur sa veine délicate. bientôt, la peine fera place à l'extase. bientôt, l'ultime repos. mais avant, elle doit s'occuper du prochain lieu de rencontre pour vendre sa marchandise.