« Hé mais nan ! »
C'est la seule chose qui sort de la bouche de Sooli quand elle voit Ahreum marquer.
Elle a déjà oublié son cuisant échec, parce que c'était pas un échec du tout, c'était juste de la faute des hérissons. Elle a marché sur une des bestioles, et le truc a couiné, alors elle a été déstabilisée et le ballon en a profité pour s'échapper.
Mais ça ne voulait pas dire que Julian était autorisé à en profiter.
Et surtout pas Ahreum.
C'est quoi, ça ?
4 à 3 ?
Intolérable. Elle a mis beaucoup trop d'efforts (pas vraiment mais bon) et de sérieux (en cherchant bien on devrait trouver) dans sa mission, et son teamplay avec Hanja était tout simplement merveilleux. Ils ne méritent pas ça.
Elle est très énervée, et elle sait bien que, depuis le début du tournoi, une Sooli énervée n'a servi qu'à empirer la situation, mais elle peut pas rester sur un échec. Même si la dernière fois qu'elle a dit ça, elle a continué à échouer et elle a même perdu son pince-nez, putain.
C'était un super joli pince-nez, en plus, hyper cher, avec des fleurs multicolores dessus, et il sentait bon le chocolat chaud.
RIP, pince-nez. Elle va se battre pour venger ta perte.
La voilà qui part à la poursuite du ballon.
Si elle commet un génocide hérissonien sur son passage, elle s'en fout, parce que tout est de leur faute (c'est des hérissons chaotiques mauvais, c'est certain).
Déter. Déter. Déter. On lâche rien.
Si elle commet un génocide humain pour rattraper la balle, elle s'en fout aussi, parce que dans tous les cas, ça marche. Elle imposera une dictature soolienne sur le terrain et exigera qu'on l'appelle princesse si c'est ce qu'il faut pour se faire respecter de nos jours.
Fighting.
Si elle assassine le gardien en tirant la balle de toutes ses forces, elle s'en fout aussi, parce que, de toute manière, il sert à rien et il est nul.

Sooli marque le point qui relance totalement les verts. En même temps, vue la puissance qu'elle avait foutu dans le ballon, le goal a préféré se pousser que d'essayer de défendre les cages.
Tant pis pour lui.
Elle suscite l'admiration de Hanja, parce que c'est vrai qu'elle a une certaine tendance à être fab depuis le début du match (tant qu'elle se tape pas des hérissons dans les baskets). Et dans la foulée, c'est lui qui marque.
Et bah voilà.
Elle lui saute littéralement dessus, parce que grâce à lui, ils sont à deux doigts et très précisément un point d'atteindre le score de l'Allemagne face au Brésil. Et s'octroyer un septième point, ce serait comme sa revanche face à l’Allemagne pour avoir humilié Neymar. Même s'il jouait pas.
Tout ça, c'est dans la tête.
M.
O.
T.
V.
A.
T.
I.
O.
N.

La musique change, et Sooli se met à entendre un des flows les plus stratosphériques qu'elle ait jamais entendu. Et là, c'est comme si vous lui injectiez du Red Bull dans les veines.

Ne la retenez même plus. Le rap et Sooli, c'est pas un super duo. C'est comme hyperactivité et caféine, vodka et tequila, rose et paillettes : quand on mélange les deux, ça fait un truc beaucoup trop too much.

Elle récupère le ballon qu'Ahreum, bercée par un flot de papillons, laisse échapper, traverse le terrain aussi vite que 80 minutes de match dans les jambes le lui permettent, et tire.