« elle est partie »
sensations étranges résonnant en lui, la respiration affreusement lente, mais le myocarde qui bat si fort. état de transe face à la scène qu'affronte sa vision, sa poitrine est lourde, ses songes s'entremêlent, il n'arrive à savoir comment il se sent en cet instant. abattu, dévasté ou réjoui, soulagé. possiblement tout à la fois, car elle est après tout sa mère, et sa silhouette repose sans vie sur le sol de l'appartement miteux. mais cette femme l'a t'elle même une seule fois aimé, ce fils au portrait craché de cet homme qu'elle déteste, il aimerait avoir des doutes mais ce n'est rien d'autre qu'une question rhétorique: non, elle ne lui a jamais adressé un regard d'amour ni accordé un geste doux, du venin sortant d'entre ses lèvres à son égard, ses prunelles emplies de folie et désespoir le hantant. elle a trouvé sa délivrance dans un sens, il se dit qu'elle ne peut être que mieux où elle est maintenant, échapper à sa vie est probablement la meilleure chose pouvant lui arriver. mais la culpabilité ronge ses entrailles en voyant les larmes sur les joues de sa sœur, pleurant à genoux la mort de leur mère, car il sait que cette femme ne lui manquera pas une seule seconde et que son suicide met un terme à des années de maltraitance.

« c'est de ta faute si elle est morte »
les mains autour du coup de sa sœur asphyxiant contre le mur, ses yeux possédés par la rage et la démence, les mots sont inefficace, les multiples tentatives pour le sortir de sa crise échouent. l’épouvante étouffe son palpitant, respiration frénétique, il ne sait plus quoi faire pour que son père cesse d'étranger sa sœur, il refuse de voir la seule personne l'aimant dans ce monde proche de joindre leur mère. tremblements dans son corps entier, la panique l'emporte sur lui, il ramasse une bouteille en verre au sol et l'explose violemment contre la tête de son géniteur qui tombe dans un bruit sourd inerte sur le carrelage. sa sœur reprend difficilement sa respiration, son regard vide ayant vue sa vie défiler. celle-ci s'empresse toujours sous le choque de trouver les bras de son frère, larmes coulant à nouveau sur son visage. il relâche la bouteille ensanglantée et caresse les cheveux de sa sœur de manière inattentive, fixant le corps de son père qui ne reprendra jamais connaissance. il l'a tué, quand bien même par accident et pour sauver sa sœur, c'est de sa main que son géniteur a perdu la vie. liberté retrouvée mais à quel prix? secret sanglant partagé entre les deux survivants de cette famille. ils sont allés enterrés à la nuit tombée les deux amants maudits ensemble dans une forêt à proximité. ils n'ont rien dit, trop effrayés de raconter à la police, peur de se retrouver séparés. des enfants sauvages à l'angoisse constante que l'on déterre un jour les corps des deux oppresseurs les ayant mis au monde.

« réveille-toi, tu fais un cauchemar »
sueur perlant sur son front, pulsatile ravageant sa poitrine, le soleil aveugle ses prunelles. elle le prend dans ses bras, une de ses filles, le réconforte avec des mots doux et passe soucieusement sa main dans ses cheveux. les événements s'étant déroulés dix ans auparavant continuent de le hanter. même après tout ce temps, la perte de ses deux parents revient occasionnellement le déranger la nuit, dans son sommeil, quand il n'est plus maître de ses songes. les palpitations se calment, il retrouve constance et regarde misérablement celle ayant désiré passer la nuit avec lui. il dépose un tendre baiser sur ses lèvres et la remercie. sincérité rare de sa part, il ne mérite pas les consolations de cette jeune femme qu'il manipule et utilise salement pour ses propres intérêts.