« JE. N'EN. PEUX. PLUUUUUUUUUUUS !!!!! » Cria-t-il à la mort en prenant conscience de sa malchance débordante, sur le point critique de péter un bon gros câble. Ok. Temps mort. Relax, Ja. Tout allait bien se passer. Son sang-froid devait revenir, il allait revenir. Ce n'était pas des fleurs qui allaient le sortir de ses gonds, pas vrai ? Témérité et hardiesse. C'était ce dont il avait besoin, pour la dernière ligne droite de ce « jeu » aussi coupant que des lames de rasoir. Affronter son destin comme Obi Wan s'était contraint à affronter Anakin, son élève. Il en avait la capacité, le courage et le cœur. Alors hop hop hop, pas le temps de niaiser, il se redressa plus vite que la lumière, lightspeed lui et sa force de jedi de l'espace. Soufflant un peu sur ses phalanges recouvertes de coton, sa seule volonté fut de se remettre à la traque de l'ultimate rose rouge, quitte à se faire mal encore et encore.

« AHAHAHAHAHAHA ALORS QUOI ? TU VAS FAIRE QUOI ??? JE SUIS LE KING !!!! C'EST MOI ! J'AI GAGNÉ ! BEST MJA ROI DE LA POP, MJ PEUT ALLER SE RHABILLER ! Où est mon trophée, ma médaille en chocolat, et mon tteokbokki-ni, tteokbokki-ni ? » Roucoula-t-il tout plein sous la merveilleuse surprise d'avoir cueilli sa dernière rose, s'inclinant à la manière d'un prince tout droit revenu d'une conquête, se pavanant comme un paon fier de lui-même, aka mini danse de la célébration, moonwalk du freestyle total et petit V de la victoire au passage, parce que ça faisait toujours plaisir. Victorieux. VICTORIEUX. Il pouvait mourir en paix, désormais. Faire des dons aux associations humanitaires pour faire évoluer ce monde dans la sérénité qui l'habitait, se nourrir de poulet jusqu'à la fin de sa vie et poster son story time sur YouTube, en expliquant son dur combat contre les roses épineuses des jardins de la SNU. Il ferait tout. Tel Naruto, personne ne pourrait l'arrêter. « QUI PEUT ME TESTER ? QUI, ICI, LÈVE LA MAIN, SE MANIFESTE COMME ON SE MANIFESTERAIT DEVANT LA COUPE DE FEU ? SHOW TIME YEAH, COME ON BABY, COME ON, COME ON ! » Anglais très improvisé (et surtout très lyrique, triomphal), jolie danse des épaules pour affirmer qu'il était le winner. He is the champion. He will he will rock you. Grimaçant sous un éclair de douleur provoqué par sa joie et ses paumes en sang, il se calma un instant, rieur de sa propre réaction. Ainsi, le Han se racla la gorge pour faire fi de la souffrance qui le tenaillait, sa dernière mission restant cependant inaccomplie. Jusqu'à maintenant. « Ma déclaration ultime s'adresse à ma fleur préférée. La plus belle des roses, j'ai nommé Sin Ae. Une chance qu'elle ne puisse pas m'entendre, pas vrai ? Ahh, si elle savait. ~ Même quand j'essaie de ne pas penser à elle, elle fait vraiment de moi l'homme le plus faible du monde. Elle me ferait sans doute même basculer du côté obscur, si nous étions réellement dans l'univers de Star Wars, kekeke... Si je l'avais en face de moi, je lui expliquerais à quel point elle me rend dingue. Mais comme ça n'arrivera pas, je peux me permettre de dire des choses que je n'oserai sans doute pas faire dans l'immédiat. Aigooooo... » Soupira-t-il béatement, subitement devenu trop cheesy. Un gloussement stupide le prit de court lorsqu'il réalisa l'ampleur de ses mots, le rouge aux joues, un adorable sourire d'idiot peinturlurant ses lèvres et les yeux rivés à même le sol. Définitivement trop cheesy, oui. « Bon, et maintenant, je vais dormir cent ans ! » Du moins, jusqu'à il y a quelques secondes.

Qu’il se retrouve dans le groupe des romantiques, ça l’étonne un peu. Il s’est jamais qualifié comme tel parce qu’il est pas non plus le genre dîner aux chandelles, pétales de roses étalées sur le lit mais c’est que doit y avoir plusieurs types de romantiques. Il s’y ait jamais intéressé à vrai dire même si par curiosité, ça lui ait déjà arrivé de faire les tests débiles dans les magazines de Mimi du genre « quel genre d’amoureux êtes-vous » ou encore « quelle est votre soirée romantique type ? ». Ça le faisait rire, sans prendre jamais compte des résultats. Alors bon, il hausse simplement les épaules et comme les autres, part à la recherche de cette fameuse rose. Si Mimi serait là, elle lui dirait c’est comme dans la Belle et la Bête, celle qu’elle adore et qui trône sur sa table de chevet. Lui il a l’impression d’avoir été piégé dans un labyrinthe immense.

« FUUUCK ! ». Et hop, mauvaise pioche. Dès la première rose, faut qu’il tombe sur la maudite aux épines. Il regard les petites perles de sang qui apparaissent sur le bout de ses doigts et se dit qu’il a déjà un doigt en moins. Il est pas sûr d’être assuré pour ce genre de dommage et doué comme il est, il sent déjà la multitude d’écorches qui vont venir décorer sa peau. Heureusement qu’il en a vu d’autre Noam ! Il est plus à ça après, lui qui a déjà voulu mettre sa tête dans la gueule d’un crocodile (si vous le croyez pas, y’a des photos à l’appui). Mais il aurait peut-être dû demander à sa mère si tous ses vaccins étaient à jour avant de se lancer là-dedans. Il doit pas être le premier con à se piquer dessus mais on sait jamais qui est passé avant. Alors il essuie discrètement le sang de sa phalange sur un coin de son tshirt (il dira que c’est de la peinture) et reprend sa quête.

« YEEEEEES ! ». Tel Arthur qui sort Excalibur de sa roche, il brandit la rose au ciel, fier d’avoir échappé cette fois-ci à la blessure mortelle. Il entame une petite danse de la victoire, enseigné en détails par le père de famille. Il se trémousse sur un air qui hume, sans vraiment faire attention aux regards qui se posent sur lui. Il est trop content pour s’en préoccuper à vrai et Noam, c’est pas le genre à s’inquiéter de ce genre de chose. Maintenant, le moment délicat, celui de la déclaration. Les mots lui ont jamais fait peur, on a toujours dit qu’il était atteint de diarrhée verbale (ce glamour). Et cette rose, il l’a dédit à celle qui partage sa vie depuis les premières secondes. « J’sais qu’entre frangins, c’est souvent gênant de dire « je t’aime » ou d’avoir des gestes affectifs. Mais à toi ma jumelle, ma complice des pires conneries qui ont fait hurler Maman, ma meilleure amie depuis le stade embryonnaire, mon autre moi, celle que je viens toujours voir quand le sommeil n’est pas là ou simplement pour parler de tout mais surtout de rien, à toi ma frangine, à toi Yang Ingrid Amy, j’te le dis : je t’aime et même quand on sera vieux et qu’on aura plus de dents, qu’on sera obligés de crier pour se comprendre, quoi qu’il arrive, où qu’on soit, tu seras toujours mon autre moi et j'serai toujours là pour toi ». Et il sourit le gamin en gardant la rose précieusement dans la poche arrière de son jean, bien décidé à l’offrir à l’une des femmes de sa vie (désolée la première, c’est sa maman). Et c’est reparti pour la chasse ensanglantée.