Si même Gloria Gaynor fonctionne pas, alors il sait pas ce qui marchera. Alors il en cherche une autre, une qui fait partie de ses préférées et qu’il adore mettre à fond dans sa chambre ou quand il rentre de la fac en skate. C’est une chanson de son père, il l’a connaît par cœur. « You take me back and show me you're the only one reveal the way you got me, I've got to run You're still alive I'm never gonna take your feeling which is complicated. Umarete michi ari koko made. Ayunda kono michi no saki wa. Dare ni mo fumi komaretaku wa nainda kedo ne. Hanararete shimaeba Break me up. Tomare yo a Wait for a moment Koko made sa Falling out yeah Girigiri de Runs out of time You can feel it !* ».

* https://www.youtube.com/watch?v=mUmBOrCg1Pk

Ho Chull débarqua dans le jardin et fit une grimace en voyant un inconnu chanter une chanson comme si de rien n'était. Y'avait vraiment des gens bizarres dans cette université. Mais vu qu'elle était bizarre aussi, elle lui fit un pouce levé pour lui faire comprendre qu'il chantait bien. Quoi qu'il en soit, elle était venue à la recherche de fleurs, sans trop savoir pourquoi ni comment, mais elle pouvait espérer qu'elle aurait de la chance. Pas comme dans ce labyrinthe de glace où sur une vingtaine de pas elle s'était prise quoi, au moins une quinzaine de vitres en pleine poire ? La malchance ne pouvait pas lui sourire deux fois hein. La roue tourne comme on disait. Quoi qu'il en soit, se prenant dans un film, elle se baissa doucement et vint cueillir une première fleur, espérant ne pas se piquer. Car après avoir pleins de bleus sur le visage, elle espérait ne pas avoir à se taper en plus pleins de bobos aux doigts.

Ouilleuh, c'est bon ça commençait mal. Elle nota dans sa tête qu'elle devait déjà s'acheter un pansement, oui, un. Avec tous les soins qu'elle devrait acheter, elle n'aurait vite plus d'argent, elle qui voulait s'acheter une extension pour les Sims ce mois-ci elle devrait attendre son prochain salaire, car sinon elle devrait finir le mois à manger des pastabox à 2€ seulement pour survivre et pas finir sur la paille. Et c'était pas bon les pastabox, bruh, même si on ne pouvait nier le fait que c'était très pratique de juste avoir à prendre la boîte, mettre ça aux micro-ondes cinq minutes puis ting, le repas est prêt alors qu'on a rien foutu. Mais en tout cas, elle mit son doigt à la bouche pour se sucer le sang et reposa la fleur, venant en cueillir une autre, espérant avoir un peu plus de chance cette fois, même si elle avait la flemme de faire des déclarations en vrai.

Et bah non, même ça, ça l’aide pas. Pourtant, son père c’est un peu comme sa bonne étoile alors il espérait au moins qu’en chantant une de ses chansons, ça lui apporterait un peu de chance. Mais non. Ses parents auraient dû l’appeler le poissard parce que la malchance qu’il a, ça lui irait comme un gant. Mais ils avaient préféré Noam, ce qui est pas si mal quand on y pense, c’est mieux que le poissard mais là vraiment, il trouvait que ça lui allait mieux. Tant pis. Il continue de chanter, de danser même, se foutant bien qu’on le regarde de travers, qu’on le filme même pour le ridiculiser sur internet. Il veut juste ramener cette fleur, l’offrir à son copain en lui faisant une déclaration d’amour dont il a le secret et qu’il lui vaut à chaque fois de se faire traiter d’idiot ou un « tais toi ». Mais il est un peu maso sur les bords alors c’est pas trop grave. Il l’aime pour ça aussi.

Après tout, est-ce qu’il a vraiment besoin de trouver cette rose pour lui déclarer son amour ? Non il a jamais eu besoin de rien d’autre que de ses mots pour le lui dire. Mais quand il commence quelque chose, difficile pour lui d’arrêter. Et là il en a vraiment mais alors vraiment vraiment vraiment fait une affaire personnelle (non je gratte pas des mots parce que j’en ai marre de taper depuis des heures pour une fleur qui veut pas que je la cueille #thug). Il l’aura et tant pis s’il doit y passer la nuit, il partira pas sans, laissera personne lui prendre avant parce qu’il est là depuis trop longtemps. Ca le fait chier et pas qu’un peu mais même si on lui disait qu’il pouvait arrêter, ça le ferait pas partir. Alors il continue de chercher, en oubliant ses mains écorchées.

Les joues gonflées, il se retient de vociférer une pluie de jurons tous plus acides les uns que les autres. C’est un mauvais perdant le Noam mais là, faut dire qu’on se fout sacrément de sa gueule. Y’a les malchanceux et y’a Noam, il en est persuadé de jouer dans une catégorie différente, bien au-dessus de tout le monde. Parce que quand même, faut vraiment avoir fait un truc de merde pour ne pas trouver une fleur ? Si encore on lui avait dit de trouver un grain de sable, il aurait compris pourquoi il galère autant (mais il se serait pas autant fait chier pour un grain de sable, sachez-le, bien qu’il aime démesurément sa famille, son chéri, son squad, il irait pas chercher un truc minuscule pour leurs beaux yeux). Mais s’il devient fou, on saura au moins pourquoi.

Et fou, il est à deux doigts de le devenir et tout ça, à cause d’une putain de fleur. Au début, il en rigolait parce que ça lui rappelait ses premiers souvenirs avec Issa, celui où il avait foncé tête baissée sur un grand de dernière année pour sauver son pote. Au final, il avait fini par manger le sable tous les deux, obligés de faire un détour par la pharmacie pour ne pas se faire trop engueuler par leurs mamans. Sauf qu’entre Iron Man et Spiderman, ils avaient pas su se décider alors on l’avait fait pour eux et c’est pleins de fleurs qu’ils s’étaient décorés de sparadraps plus que nécessaire. Mais ça les avait fait rire et c’est depuis ce jour qu’ils étaient inséparables. Mais finalement, ça le fait sourire et pense déjà aux pansements qu’il pourra avoir. Aux dernières nouvelles, y’avait que des Hello Kitty. Tant pis !

Le désespoir est réel. La malchance est réelle. La frustration est réelle. Le foutage de gueule est réelle. Tout est réel. Sauf sa victoire. Il lui en manque une, juste une. C’est rien une, c’est même rien du tout alors pourquoi ça fait trois heures qu’il se pique le doigt telle Aurore avec son fuseau (à ce train, cent ans serait devenu un milliard d’années lumières). C’est peut-être ça, il voit pas autre chose : on lui a jeté un mauvais sort à la naissance ! Parce que même Pierre Richard, il a pas autant la poisse. Ou alors on lui a menti. Y’a que deux roses sans épines et comme un con, il cherche un truc qu’existe pas comme les gueux qui pensent encore que les licornes existent vraiment (les licornes c’est trop cool, j’adore les licornes). Mais c’est le genre à croire à ce genre de trucs, aux histoires insolites comme au monstre du Loch Ness. Il y croit dur comme fer mais visiblement, y’a plus personne qui croit en lui. Le grand manitou il est parti se faire un bowling c’est clair sinon il y arriverait ENFIN ! (putain donnez moi cette fleur de malheur).

Il a juste envie de rentrer chez lui ou d’aller pleurer chez son mec, d’avoir des câlins et des bisous jusqu’à ce qu’il s’endorme, s’excusant de pas avoir pu lui ramener la rose mais qu’il lui dira tous les mots d’amour qu’il veut en échange. Parce que là, il est à bout. Il a mal partout, y’a pas que les mains qui le lancent, y’a le bas de son dos, ses pieds et il entend son cœur tambouriner dans sa boite crânienne. A tous les coups, il va choper un rhume, le genre inoffensif mais qui ont le malheur de le mettre chaos, de le clouer au lit comme un malade en phase terminale. C’est pas grave, sa mère a les remèdes qu’il faut (tmtc bb) et Yuta s’occupera de lui. En attendant, il a déjà tous ses doigts à panser.