« AAAAIE MERDEUH ! ». Encore raté … il secoue vigoureusement sa main en pensant que la douleur partira avec les gouttes rouges qui perlent du bout de son doigt mais c’est pire encore. Il compresse la phalange endolorie, se retient d’appeler sa mère à la rescousse ou son père (il est sûr qu’il débarquerait en deux secondes) et maudit celui ou celle qui a eu cette idée stupide. C’est dangereux mine de rien, il a pas prévu de crever en se vidant de son sang à cause d’une saleté de fleur (#dramaqueensince1997). Mais au lieu de le décourager, ça le pousse à chercher encore, à se démener pour ramener une seconde fleur. Il sait déjà à qui il l’offrira et c’est pour ça qu’il doit absolument la trouver. Là, il en fait carrément une affaire personnelle. Il presse son doigt contre le tissu, l’air déterminé et s’empresse dans une autre allée. Il l’aura !

« MAIS NON BORDEL ! ». Et il s’énerve le brun, tape dans le vide en espérant que la douleur s’en ira plus vite de cette façon mais ça le rend juste plus ridicule qu’autre chose. Il lève les yeux au ciel, maudit le Grand Manitou qui semble vraiment lui en vouloir pour une raison qu’il ignore et dans un élan désespéré, joint ses deux mains, les presse l’une contre l’autre et ferme les yeux, oubliant momentanément la sensation désagréable de ses doigts. « Salut Padre, si tu m’entends, tu veux bien m'aider à trouver les deux autres roses sans finir amputé d’un doigt ? Ou d’une main carrément. J’en ai besoin alors si tu pouvais m’épargner ça, ce serait cool. Merci Padre ! ». Après ça, il reprend du poil de la bête, entame quelques petites foulées pour s’encourager et repart à la chasse. « Watch out bitch ! ».

Cette fois-ci, il se retient de hurler, se replie sur lui-même en se disant que fuck le padre, il pouvait bien se foutre son cierge là où il le pense. Ça fait mal en plus ! Ce sont peut-être que des égratignures mais la douleur est vive. Ça le lance dans toute sa main droite et s’imagine déjà avoir chopé le tétanos ou une autre connerie du genre qui attente à sa vie, il en est sûr. « J’suis trop jeune pour mourir ». Et il en a marre, se laisse tomber le cul sur l’herbe en observant sa peau meurtrie. Il essaie de se dire que c’est pour la bonne cause, pour les gens qu’il aime mais qu’au final, il aurait pu leur dire sans avoir besoin de souffrir autant. Puis il se souvient des paroles de son père, que l’amour, ça peut aussi faire mal et ça le rebooste un peu le Yang. Il s’avouera pas vaincu !

Là il en est sûr, il a dû faire quelque chose de mal pour s’en prendre autant dans la gueule. Enfin là, c’est surtout sa main qui prend mais c’est qu’une figure de style. Karma is a bitch comme on dit mais il voit vraiment pas ce qu’il a fait pour mériter. C’est parce qu’il a encore une fois mangé les gâteaux de son frère ? Qu’il a dit à sa grande sœur qu’il était trop occupé pour l’accompagner faire les magasins alors qu’en fait, il a juste passé l’aprèm devant sa télé, la clim à fond ? Il a rien fait de mal non plus, enfin rien qui lui vaut de souffrir autant. Oh et puis c’est pas grave, ça lui donnera l’occasion d’aller chouiner auprès de son copain et lui réclamer de jouer les infirmiers avec lui (pas qu’il ait le kink de la blouse blanche mais pourquoi pas après tout ?). Avant ça, faut qu’il trouve encore deux roses.

« AAAAAAAAAIIIIIIIIIIIEUUUUH ». Là, on a dû l’entendre à l’autre bout de la planète. Probablement même que les petits hommes bleus (pour lui, ils ont jamais été verts) aussi et il espère qu’ils vont entendre son appel au secours. Et aussi que les baleines l’ont entendu, son cri perçant de douleur extrême. Cette fois-ci, il se dit qu’il est bon pour l’amputation. Il regarde sa main qui se teinte de rouge à chaque tentative, aussi rouge que les pétales de la fleur qui le met tant dans le mal. Et un rire jaune lui vient, en se disant qu’au lieu d’acheter une boîte de pansements, c’est carrément la bande qui l’attend. Il s’amuse à compter les petites écorchures puis abandonne. Ce seront probablement pas les dernières, d’autant qu’il est têtu le Yang. Personne n’en vient à bout, personne ! Pas même des stupides fleurs qui lui causent tant de dégâts. « Je vaincrais … ».

Au moins, il est sûr d’une chose : c’est qu’avec la chance qu’il a, il est loin mais alors à des années lumières d’être cocu (cc bora). Il sait pourtant pas s’il doit en être fier ou bien pleurer toutes les larmes de son corps tellement ses mains le démangent. Ca y est, il a chopé un truc, une bactérie qui va bientôt bouffer sa peau de l’intérieur, le nécroser de partout jusqu’à en perdre son nez puis ses oreilles et toutes les autres extrémités de son corps jusqu’à la fin, la déchéance ultime : la mort, la muerte, DEAD. Il pense appeler Issa pour venir l’aider dans cette connerie démentielle, peut-être même lui demander de lui acheter des pansements, avec des fleurs histoire de se remémorer le bon vieux temps de leurs treize ans et demi. Mais non, c’est un truc qu’il doit faire tout seul, like a boss, like a man pour ramener fièrement son trophée.

« I QUIT ». Rageusement, il retire sa veste, plutôt il essaie mais il s’emmêle dedans, n’arrive pas à sortir les bras des manches et comme un bébé lion qui se débat dans le vide, il tourne sur lui-même en tirant désespérément sur le tissu. Ce qui devait arriver, arriva et il finit étalé par terre, empêtré dans sa propre maladresse. La tête dans l’herbe, inerte, il pense à rester là jusqu’à ce que les vers viennent le grignoter jusqu’à la moelle. Ou qu’on remarque son corps échoué dans la verdure (mais avant minuit s’il vous plait) sinon sa mère serait bien capable d’appeler l’armada pour le retrouver. C’est qu’elle l’a déjà fait et il était bien honteux le gamin en voyant sa tante débarquer avec toute sa clique à une fête. Le gars l’a plus jamais invité d’ailleurs mais c’est pas grave, il l’a jamais aimé non plus. C’est le manque d’air qui le fait sortir de son état de têtard et repartir dans cette course folle.